Snips lève 6,3 millions de dollars pour intégrer l'intelligence artificielle à notre quotidien
La start-up française Snips, spécialisée dans l'analyse prédictive des données, a levé 6,3 millions de dollars auprès d'investisseurs américains, britanniques et français.
Son objectif ? Utiliser l'intelligence artificielle pour rendre la technologie si naturelle au quotidien qu'elle en deviendra invisible.
Julien Bergounhoux
La start-up française Snips, basée à Paris, est née en 2013 de la volonté de résoudre les problèmes du quotidien grâce à l'intelligence artificielle. Elle est à l'origine de plusieurs produits, comme Tranquilien, une application de prédiction des flux de passagers dans les transports en commun (réalisée en partenariat avec la SNCF), Parkr, pour prévoir la disponibilité des places de parking à New York ou Paris, ou encore RiskContext (réalisée avec la ville de San Francisco), pour prévoir les risques d'accidents de voiture et de vélo en fonction du trafic, de la météo, des lieux à proximité, etc.
Il y a un an, Snips a décidé de pivoter vers l'intelligence contextuelle. "Il nous est apparu qu'il existe une friction dans la manière dont la technologie s'intègre à notre quotidien, explique Rand Hindi, docteur en bio-informatique et fondateur de Snips. Par exemple lorsqu'on reçoit trois notifications en même temps sur trois appareils différents pour une même information." Pour atteindre cet objectif, l'entreprise a réalisé une levée de fonds de 6,3 millions de dollars (soit environ 5,62 millions d'euros).
Les fonds proviennent majoritairement d'investisseurs anglo-saxons : The Hive (Silicon Valley) en premier lieu, puis Eniac (New York), 500 startups (Silicon Valley) et Brent Hoberman (Londres). Seul Xavier Niel est présent côté français, en plus des subventions de BPIfrance. "Je suis très heureux car cela montre aux autres start-up que c'est possible, qu'on peut lever des fonds à l'étranger tout en restant français, s'exclame Rand Hindi. Et les américains aussi étaient agréablement surpris ! C'était loin du cauchemar administratif auquel ils s'attendaient."
À la conquête du monde au travers des smartphones
Snips va commencer par sortir une application pour smartphones (iOS et Android) au cours de l'été (d'abord une version beta en juillet, puis la version finale en septembre). Elle affichera le contenu pertinent des applications directement sur l'écran d'accueil du téléphone, pour éviter à l'utilisateur d'avoir à entrer dans chaque app chercher ce qu'il lui faut.
A terme, Snips veut étendre (via les smartphones) ce concept aux objets connectés, un marché en plein essor. "Notre but est d'intégrer ces technologies dans tous les objets pour qu'ils anticipent nos intentions, qu'ils deviennent transparents, détaille Rand Hindi. La technologie ne sera plus explicite. Elle sera ubiquitaire, mais on n'y pensera plus car il n'y aura plus de friction dans les interfaces homme-machine."
Une ambition que porte une croissance rapide. Snips emploie plus de quinze personnes, et compte passer à une quarantaine de salariés d'ici un an, en recrutant principalement des chercheurs et des data scientists. "Nous allons devenir la plus grosse start-up de notre secteur au niveau mondial," se félicite Rand Hindi.
Et si les géants américains comme Google et Apple s'attaquent aussi à ces technologies (avec Google Now et Proactive), la concurrence ne lui fait pas peur : "Le fait qu'Apple et Google s'y soient mis, c'est juste la preuve que nous sommes sur la bonne voie."
David contre Goliath
Il compte sur l'agilité de Snips en tant que start-up et sur son indépendance en matière de plates-formes pour prévaloir sur ces mastodontes. "Ce n'est pas juste de l'ingénierie, il y a de la science derrière. Il ne suffit pas de mettre des milliards dedans, il faut trouver la bonne idée. Par exemple, pour ce qui est de la vie privée, nous sommes la première équipe à faire tourner tous les algorithmes directement sur le téléphone, sans serveurs distants. Les grandes entreprises qui ont de lourdes infrastructures cloud déjà en place ne peuvent pas repartir à zéro pour implémenter ce type de 'privacy by design'."
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