Comment Welcome to the jungle est passé à la semaine de 4 jours
La jeune pousse Welcome to the jungle est passée à la semaine de 4 jours en 2019. Mais pour réussir à ce que cette décision en faveur d'un rééquilibrage entre la vie personnelle et la vie privée soit un succès, il a fallu accompagner le changement, investir dans des outils et organiser la transition.
Pour beaucoup, travailler dans une start-up, c'est être disponible 24 heures sur 24 tous les jours de la semaine, accepter des journées à rallonges.. En langage RH, c'est être engagé à 1000%. Chez Welcome to the jungle (WTTJ), une jeune pousse qui travaille justement sur les questions d'emploi, la direction a décidé de passer à la semaine de 4 jours il y a un peu plus d'un an. Si l'essai est une réussite, c'est aussi parce que le travail a été repensé de fond en comble et que l'entreprise a consenti à des investissements.
Plus loin que les RTT
Camille Fauran, la directrice générale, se souvient du commencement de ce projet. Alors que l'entreprise réfléchit sur le temps de travail, les RTT, elle décide d'être plus radicale. Car la question posée était celle de l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Et c'est le CEO qui le premier propose de passer à la semaine de 4 jours avec le même salaire, à même de concilier la réduction du temps de travail et un véritable rééquilibrage entre vie privée et vie professionnelle.
Aujourd'hui, après un mois de présence dans l'entreprise, les salariés passent à la semaine de 4 jours avec certaines contraintes. Ainsi, le jour off est soit le mercredi soit le vendredi et une fois qu'il est choisi, il faut s'y tenir. Régulièrement, la journée d'absence peut être changée, en respectant certaines règles. Toute une équipe ne peut pas être absente le même jour. Et pour un métier donné, on demande à la moitié de l'équipe d'être là le mercredi ou le vendredi. En cas de demande trop importante pour un de ces deux jours, un tirage au sort est effectué pour décider du jour accordé.
Dans cette start-up où l'âge moyen est de 30 ans, il y a de nombreux célibataires et de nombreux jeunes parents auxquels on propose la semaine de quatre jours. Mais pas à n'importe quelles conditions ni sans mettre en place des garde-fous. "Nous avions deux contraintes : la réduction du temps de travail ne devait pas réduire pas la performance globale de l'entreprise, ni faire du mal aux gens", explique la directrice générale Camille Fauran.
90% des salariés favorables
Pour cela, une période de test de quatre mois est organisée pendant laquelle WTTJ est accompagnée par un cabinet de conseil qui observe la performance et un cabinet spécialisé dans le bien être au travail. Un des principaux résultats de cette semaine de test est qu'une baisse de 20% du temps de travail ne se traduit pas par une baisse aussi importante de la production. C'est une bonne nouvelle.
Sauf que la direction s'est donné une contrainte supplémentaire : que les salariés ne fassent pas en 4 jours quoi qu'il en coûte ce qu'ils faisaient en cinq jours. L'autre bonne nouvelle à l'issue de cette période d'essai est que, lors d'un référendum maison, 90% des salariés ont approuvé la semaine de 4 jours. Pourtant, se souvient Diva Fumery, la sales operation manager "jusque-là tout se passait très bien, on n'envisageait pas de travaille sur un autre rythme". Pour le dire autrement, ce n'était pas une demande des salariés, mais ces derniers y ont très vite adhéré.
Des adaptations ont été trouvées. Au service commercial, par exemple, les commerciaux n'ont pas pu continuer à prendre autant de rendez-vous, s'y rendre et signer des contrats. De même, pour l'activité "information", si les rédacteurs maison pouvaient continuer à produire autant d'articles, c'était vraisemblablement du temps pris sur leur activité de veille. L'entreprise s'est donc adaptée.
"Sur quatre jours, le temps est précieux et il faut, autant que possible l'utiliser pour les tâches les plus créatrices de valeur ajoutée", explique Camille Fauran pour synthétiser ce qui a guidé sa pensée et ses actions. Ainsi, poursuit-elle, on a réservé les commerciaux pour les rendez-vous, et créer une équipe avec des profils "plus juniors" pour s'occuper de la prise de contacts.
Des réunions plus rares et plus efficaces
Autre moyen de rendre le temps de travail plus utile, les fameuses réunions à la française ! "Les réunions hebdomadaires ont désormais lieu toutes les deux semaines et nous avons communiqué et formé pour qu'elles soient plus efficaces et mieux préparées", indique Camille Fauran. Ce que confirme la responsable commerciale : "nous avons fait un gros travail sur les réunions. Avant d'en organiser, on se demande si elle est vraiment indispensable", assure Diva Fumery.
Mais l'effort de structuration du travail est allé plus loin. Au service commercial, Diva Fumery témoigne de l'importance de "l'accompagnement opérationnel nécessaire, que ce soit via des outils ou par l'optimisation des processus". Une des clés du succès selon elle vient de l'utilisation d'outils informatiques (le CRM Zapier, l'intégration du CRM dans Slack, l'utilisation couplée de Slack et de Notion, un "couplé magnifique" pour la directrice commerciale) grâce auquel l'information est complètement partagée. Un jour d'absence supplémentaire par semaine ne doit pas signifier que toutes les affaires sont en stand-by.
Le salut par les outils ? "Oui, si on embarque les gens en leur démontrant la valeur ajoutée du logiciel. Quand l'utilité est montrée, rares sont les salariés qui résistent" assure la directrice commerciale. Car, si malgré la conjoncture très spéciale de 2020, l'expérience est concluante, Diva Fumery en est convaincu : "tout doit être fait pour que les clients ne subissent pas notre organisation différente". Car pour l'heure, la semaine de 4 jours n'est pas encore la norme.
En bons communicants, les équipes de WTTJ ont réalisé un documentaire sur le passage à la semaine de 4 jours disponible sur leur site Internet.
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