[MWC 2019] Avec HoloLens 2, Microsoft se place à nouveau en leader incontestable de la réalité augmentée
Microsoft a dévoilé HoloLens 2, son nouveau casque de réalité augmentée, en amont de l'ouverture du Mobile World Congress 2019. Quatre ans après la présentation du premier modèle, l'entreprise réitère l'exploit de se placer loin devant la concurrence aussi bien par les capacités techniques de l'appareil que par les applications qu'il rend possible.
Julien Bergounhoux
Mis à jour
26 février 2019
Microsoft a tenu une petite conférence dimanche 24 février à la veille de l'ouverture du Mobile World Congress 2019. Un évènement d'autant plus rare que l'entreprise est complètement sortie du marché des smartphones. Elle y a présenté devant une petite centaine de journalistes son nouveau casque de réalité augmentée : HoloLens 2.
La présentation surprise du prototype d'HoloLens en janvier 2015 avait sonné comme un coup de tonnerre dans le petit monde de la réalité augmentée. L'appareil était très en avance sur son temps, à tel point qu'il est tout sauf obsolète 4 ans plus tard. HoloLens 2 renouvèle ce tour de force. Microsoft s'est attaché à résoudre la majorité des reproches adressés à la première version de son casque, et ce sans introduire de compromis.
Une surface d'affichage deux fois plus grande
Le premier sujet a été le champ de vision. HoloLens 2 possède un champ de vision diagonal de 52° pour un format 3:2, contre 34° pour un format 16:9 sur le premier HoloLens (souvent critiqué à cet égard). Cela représente une surface d'affichage deux fois plus grande d'après Microsoft. Plus impressionnant, elle a été agrandie tout en conversant la même densité de pixels élevée de 47 pixels par degré. Il faut comprendre par là que l'affichage reste garde la même netteté. Cela correspond à une résolution d'environ 2K par oeil (sur une surface d'affichage qui reste relativement petite comparée à un casque VR).
Pour arriver à ce résultat, Microsoft a remplacé la technologie LCD qui fournissait les images du premier HoloLens par un microsystème électromécanique (MEMS) composé d'un laser et d'un petit miroir qui redirige le rayon en oscillant très rapidement. L'image est ensuite formée par un même système de guide d'ondes que pour la première version du casque. L'autre avantage de ce système est une luminosité accrue, qui serait d'environ 500 nits d'après une prise en main de The Verge.
"Trois fois plus confortable à porter"
Le second point d'amélioration est l'ergonomie. Le premier HoloLens n'était pas très intuitif à porter, mais cette nouvelle version s'enfile comme une casquette, et il suffit de légèrement resserrer une molette à l'arrière pour qu'il tienne en place. Le processeur et la batterie ont par ailleurs été placés dans un gros bloc à l'arrière, ce qui équilibre le centre de gravité et rend le casque beaucoup plus confortable à porter (Microsoft l'annonce 3 fois plus confortable), même s'il n'est pas beaucoup plus léger que l'ancien.
HoloLens 2 a aussi été conçu pour mieux convenir à toutes les morphologies que le premier modèle, et la mousse en contact avec le front et l'arrière de la tête peut être retirée pour être nettoyée. Il est possible d'ajouter un strap sur le haut du casque pour un meilleur maintien. Bonus non négligeable : l'utilisateur peut désormais peut relever la visière sans ôter le casque s'il veut regarder quelque chose (ou quelqu'un) à l'oeil nu. Enfin, Microsoft a fait en sorte de laisser plus de place pour les lunettes de vue.
De petites caméras sur la partie basse du casque (qui protège le nez) servent à authentifier l'utilisateur via Windows Hello, et règlent la distance interpupillaire automatiquement pour plus de confort visuel. Côté son, il y a toujours deux haut-parleurs intégrés sur les côtés du casque.
Hand-tracking, eye-tracking et contrôle vocal naturel
Troisième sujet : l'interface utilisateur. HoloLens 1 disposait d'une reconnaissance des gestes assez limitée. HoloLens 2 permet un suivi des mains complet en temps réel qui semble à première vue très précis. Il est possible d'appuyer sur des boutons, de redimensionner des objets en les saisissants, de déplacer un curseur sur une règle graduée... ou de jouer virtuellement du piano.
Même chose pour la reconnaissance vocale. Très rudimentaire auparavant, elle est passée à un tout autre niveau. Lors d'une démonstration en temps réel lors de l'évènement, une ingénieure de Microsoft a par exemple ordonné à une fenêtre de la suivre, et celle-ci s'est exécutée. Enfin, les caméras placée sur le repose nez permettent de faire du suivi des yeux.
Un casque dopé au cloud
La partie cartographie, grande force du premier HoloLens, a elle aussi été renforcée. HoloLens 2 voit l'environnement qui l'entoure avec plus de précision, ce qui lui permet d'aller au-delà de la simple cartographie 3D. Grâce à sa connectivité au cloud, il peut faire de l'analyse sémantique pour comprendre ce qu'il voit (quels objets ou personnes l'entourent).
Les services cloud sont d'ailleurs partie intégrante de la stratégie de Microsoft dans la réalité augmentée. L'entreprise a annoncé "Spatial Anchors" lors de l'évènement, un système qui permet de placer des expériences "permanentes" à un endroit spécifique dans le monde réel. Cela permet à d'autres appareils de les voir et d'interagir avec. Il s'agit d'une variante du concept de "cloud AR" sur lequel travaille Google ainsi que plusieurs start-ups comme 6d.ai. Pour augmenter ses chances de s'imposer globalement, Microsoft a ouvert ce service aux smartphones et tablettes sous iOS et Android.
Le cloud est aussi la solution de Microsoft à l'un des autres reproches souvent fait à HoloLens : sa faible puissance de calcul pour l'affichage d'objets complexes. La première version pouvait afficher jusqu'à 100 000 polygones en faisant un gros effort. Grâce au cloud, HoloLens 2 affiche des modèles de 100 millions de polygones. Microsoft appelle cette fonctionnalité le "remote rendering" (à voir si elle est aussi possible via un serveur local).
Une nouvelle application pour les instructions : Dynamics 365 Guides
Deux entreprises partenaires ont présenté des cas d'usage sur scène : PTC avec Vuforia sur une application en milieu industriel pour Howden avec remontée de données et temps réel, et la start-up Spatial pour son client Mattel sur la création collaborative immersive. Microsoft a par ailleurs dévoilé une nouvelle application maison : Dynamic 365 Guides. Elle est dédiée à la création et la visualisation d'instructions étape-par-étape en réalité augmentée. Il s'agit de l'un des cas d'usage les plus courants pour HoloLens.
Un programme de customisation du hardware...
HoloLens 2 se destine exclusivement aux entreprises, et cela se ressent dans les trois clients présentés : Philips Healthcare, Bosch et Bentley Systems. Pour simplifier son adoption par les clients, Microsoft a été plus loin que le simple ajout d'un casque de chantier sur l'HoloLens, comme Trimble l'avait fait il y a deux ans. Il existe désormais un programme partenaire de customisation complète de l'appareil pour l'adapter à divers usages et environnements. Sans surprise, le premier partenaire est Trimble, avec un casque de chantier baptisé XR10.
...et un écosystème ouvert qui attire Firefox et l'Unreal Engine
Microsoft reste par ailleurs fidèle à sa philosophie d'ouverture et annonce qu'HoloLens 2 permettra l'utilisation d'autres boutiques d'applications que celle de Microsoft (qui restera évidemment présente par défaut). Cela vaut aussi pour le web, et Mozilla a d'ailleurs annoncé l'arrivée de son navigateur Firefox Reality sur HoloLens. Rust et Servo arriveront sur HoloLens 1 d'ici cet été et sur le 2 dès qu'il sera disponible. Cette stratégie d'ouverture a permi à Microsoft d'appâter un gros poisson : Tim Sweeney, fondateur d'Epic Games. Il a annoncé la compatibilité de l'Unreal Engine avec HoloLens 2, et a laissé entendre que d'autres contributions d'Epic viendraient par la suite.
HoloLens 2 coûte 3500 dollars, mais n'a pas de date de sortie
Les caractéristiques détaillées (taille de la batterie, espace de stockage, capacité de rendu en local...) ne sont pas connues, mais on sait que le processeur utilisé par HoloLens 2 est bien un Qualcomm Snapdragon 850. Il remplace le processeur Intel Atom du premier modèle... qu'Intel a arrêté de fabriquer. Le SD850 est complémenté par un HPU (Holographic Processing Unit) de deuxième génération. Ce co-processeur conçu par Microsoft est dédié aux calculs des données des capteurs. Le casque est équipé d'une caméra frontale de 8 mégapixels pour la vidéo, possède entre 2 et 3 heures d'autonomie de batterie suivant les usages, et se recharge par un port USB type-C.
HoloLens 2 n'a pas encore de date de disponibilité (on sait juste qu'il sortira en 2019), mais il a un prix : 3500 dollars, ou 125 dollars par mois. Cela reste cher, mais c'est toujours beaucoup moins que les 5 489 euros que coûtait la version commerciale du premier modèle. On est plus proche des 3299 euros auxquels était vendu le kit de développement.
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