Seclab veut bâtir un champion européen de la cybersécurité industrielle
Né du nucléaire et racheté par Michel Van Den Berghe, ancien président du Campus Cyber, Seclab veut devenir le champion européen de la cybersécurité industrielle. A l'origine d'un boîtier qui coupe physiquement les réseaux industriels pour les protéger des attaques, sa technologie s'adresse aux entités opérant dans des secteurs critiques. L'entreprise souhaite désormais s'imposer face aux géants du secteur.
Seclab est né du besoin de sécuriser les systèmes de commande des centrales nucléaires françaises. Pour ce faire, elle a développé un dispositif matériel qui isole les réseaux industriels tout en permettant la circulation des flux indispensables. Créé en 2011 et rachetée en 2024 par Michel Van Den Berghe, ancien président du Campus Cyber, l'entreprise entend conjuguer innovation technologique et souveraineté pour s'imposer face aux mastodontes du secteur.
La solution de Seclab repose sur le principe suivant : "aucun code n'est embarqué", indique le CEO de Seclab, interrogé par L'Usine Digitale. "Beaucoup d'attaques exploitent des vulnérabilités logicielles. Nous, nous avons conçu une technologique qui coupe physiquement le réseau, tout en autorisant uniquement les flux strictement nécessaires", détaille-t-il. Il décrit le boîtier comme "une porte d'hôtel qu'on ne peut ouvrir que si les deux clés sont tournées simultanément".
Elargir le portefeuille client
Historiquement présent dans les infrastructures critiques, telles que le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), Naval Group et la SNCF, Seclab élargit son portefeuille. "Tout ce qui a été conçu pour préserver les actifs de la nation, je veux désormais le mettre à disposition de l'industrie", souligne l'homme d'affaires. La société compte aujourd'hui parmi ses clients TotalEnergies, Sanofi ou BNP Paribas, mais aussi des groupes à l'international, de Dubaï au Vietnam.
Seclab ne se limite pas à l'isolation des flux. Avec le rachat de Seckiot en septembre 2025, sa plateforme propose aussi une cartographie complète des actifs industriels et une détection des intrusions via sa technologie Citadel. "Dans certaines usines, même le directeur ne sait pas exactement ce qui a été installé ni comment les flux circulent", raconte Michel Van Den Berghe. "Avec Seckiot, nous avons acquis la capacité de donner aux industriels une vision claire de leurs usines", ajoute-t-il.
La souveraineté ne doit pas être l'argument principal de vente
Avec un capital à 100% européen composé de Definvest, le fonds d'investissement dédié aux PME stratégiques de la défense, et 115K, le fonds de VC de La Banque Postale, l'entreprise revendique sa dimension souveraine. Mais son CEO refuse d'en faire un argument principal. "La première chose qui intéresse les clients, ce sont les fonctionnalités et le retour sur investissement, indique-t-il. Si en plus c'est souverain, c'est mieux. Mais imposer une technologie uniquement parce qu'elle est française, cela ne fonctionne pas."
Selon lui, le discours doit d'abord porter sur la performance d'une technologie. "Prenons une grande banque. Elle ne sélectionnera pas une solution uniquement parce qu'elle est française. Elle la choisira si elle est la meilleure sur le marché, si elle apporte du ROI...", poursuit-il.
S'imposer face aux mastodontes
La compétition reste rude face aux acteurs américains et israéliens, qui n'hésitent pas à casser les prix pour conquérir des parts de marché. "Aux Etats-Unis, ils privilégient la vitesse. En Europe, nous avons tendance à attendre qu'une technologie soit parfaitement finalisée avant de la sortir. Je veux combiner la qualité européenne et l'agressivité commerciale américaine", indique Michel Van Den Berghe.
Aujourd'hui, la société réalise 30% de son chiffre d'affaires à l'international et compte une centaine de collaborateurs. La conviction du fondateur d’Atheos et d'Orange Cyberdefense est claire : "je veux démontrer qu'il est encore possible de créer un acteur européen capable de jouer dans la cour des grands en cybersécurité industrielle".
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