"Cap ou pas cap" : Les filières cyber et cloud appellent à un sursaut pour la souveraineté

A l'occasion des Universités d'été de la cyber et du cloud de confiance, Jean-Noël de Galzain, le président d'Hexatrust, a appelé les acteurs français et européens du numérique à passer à l'échelle. Il plaide pour transformer le cercle vicieux de la dépendance aux technologies étrangères en cercle vertueux d'autonomie stratégique. 

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L'Usine Digitale : Quel est votre regard sur cette édition de l’Université d’été de la cyber et du cloud de confiance (UECC) d’Hexatrust, une association qui fédère des entreprises françaises et européennes présentes dans les secteurs de la cybersécurité et du cloud ?

Jean-Noël de Galzain : C’est un véritable événement de rentrée. Ce qui est intéressant, c’est que l’écosystème était présent et mobilisé : beaucoup d’utilisateurs, une forte présence de nos membres, qu’il s’agisse de la cyber, du cloud ou des digital workplaces. Cela montre que l’offre souveraine est désormais en place et qu’elle commence à s’associer.

On voit apparaître des acquisitions, des partenariats entre acteurs du cloud, de la cyber et des workplaces numériques pour constituer des offres complètes, avec l’hébergement en cloud sécurisé ou souverain. Nous sommes entrés dans la phase attendue : le passage à l’échelle.

Un autre point fort est la convergence vers un standard : le standard de résilience NIS 2. Cela donne un cap, permet d’élever le niveau de sécurité et d’aller vers une autonomie stratégique en matière de numérique.

Justement, ce passage à l’échelle suppose aussi de nouvelles obligations, notamment avec la directive européenne NIS 2. Les entreprises se préparent-elles déjà à sa transposition en droit français ?

Le député Philippe Latombe est venu expliquer où en était le processus parlementaire et rassurer sur le maintien du calendrier. Certains RSSI pensent encore avoir du temps, mais l’idée est de promulguer la loi rapidement. L’écosystème est en place : État, industriels et utilisateurs travaillent ensemble.

Le défi ne sera pas seulement de gravir la montagne mais de maintenir l’effort dans la durée. La directive vient rappeler que ceux qui ne se protègent pas, ou dont les fournisseurs ne sont pas sécurisés, sont désormais régulièrement sanctionnés par les cyberattaques. L’enjeu est de passer du cercle vicieux au cercle vertueux.

Ces nouvelles exigences reposent sur la question centrale de la souveraineté. Est-il aujourd’hui réellement possible de proposer des solutions 100% souveraines ?

C’est une question clé. Plusieurs réponses existent selon les domaines. Dans les digital workplaces, par exemple, nous avons déjà un écosystème français solide, pesant 200 millions d’euros et utilisé par des centaines de milliers d’utilisateurs. Ces solutions sont souvent hébergées chez OVHcloud ou Outscale. Dans d’autres domaines, la dépendance aux hyperscalers subsiste. Mais la souveraineté, c’est aussi la liberté de choisir ses dépendances.

En cybersécurité, nous avons aujourd’hui des alternatives souveraines crédibles dans la plupart des domaines : IAM, EDR, gestion du risque, gestion de crise, firewall… La souveraineté numérique dans le cloud, l’IA ou le quantique devient également de plus en plus possible.

On voit d’ailleurs certaines collectivités locales mettre en pratique ces principes, en quittant Microsoft pour des alternatives souveraines. Faut-il y voir une tendance de fond ?

Certaines organisations ont fait des choix historiques avec des fournisseurs non souverains, à une époque où les alternatives françaises n’existaient pas. Il ne faut pas tomber dans l’anti-américanisme : l’enjeu n’est pas d’opposer, mais de sortir de la dépendance pour aller vers l’autonomie.

Pour les collectivités qui basculent vers des solutions libres ou françaises, c’est un mouvement logique. La question se pose : nos enfants ont-ils réellement besoin d’une licence Microsoft à l’école, alors que des solutions comme Open Office existent ? Il n’y a pas de fatalité à rester chez Microsoft. Avec les solutions existantes et la montée de l’intelligence artificielle, il faut avoir le courage de faire des choix. C’est une question de cap ou pas cap.

Vous insistez sur le courage politique. La commande publique peut-elle être un levier pour accélérer cette bascule ?

Absolument. Utiliser la commande publique comme un instrument de souveraineté numérique est essentiel. Si nous passons à l’échelle, l’industrie numérique française et européenne a de beaux jours devant elle.

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