"L'IA, ce n'est pas une lubie de l'IT", Olivier Lacroze, Directeur TotalEnergies Global IT Services

"Depuis plusieurs années nous utilisons l'intelligence artificielle. Nous avons été parmi les premiers à utiliser le machine learning pour optimiser nos opérations et renforcer notre performance. L'IA est pleinement intégrée à nos activités. Nous faisons de la maintenance prédictive sur nos équipements industriels, l'analyse de risques HSE sur nos sites, on optimise nos sites renouvelables grâce à l'analyse de l'historique des données de météo par exemple". Au sein de la filiale TotalEnergies Global IT Services (TGITS) que dirige Olivier Lacroze, les bases sont posées.

Cette branche de la multinationale, fournisseur d'énergie, est responsable de l'ensemble du delivery de l'IT. Et pour "amplifier cette innovation", comme le qualifie Olivier Lacroze, elle s'est donc tournée vers l'IA générative, suite logique aux développements passés avec l'intelligence artificielle. Et pour cela, qui de mieux qu'un hyperscaler ? Travaillant avec Microsoft depuis plusieurs années, TGITS a donc décidé de faire appel, une nouvelle fois, au géant pour déployer 30 000 licences Copilot en début d'année 2024.

Une phase de formation clé

"Lorsque nous avons décidé de faire ce déploiement massif, l'aspect accompagnement au changement a été vraiment très réfléchi et nous l'avons fait d'une manière vraiment très structurée, toujours avec l'idée d'avoir une adhésion qui soit là aussi massive", nous explique Olivier Lacroze. Selon lui, "l'IA, ce n'est pas une lubie de l'IT, c'est une décision stratégique de TotalEnergies".

La formation a donc débuté d'en-haut, "par le Comex et l'ensemble des dirigeants avant même de former le top 1000 de ses senior managers, puis ses dizaines de milliers de salariés, touchant au total des employés répartis dans 120 pays". Sessions d'acculturation, ateliers pratiques, mise en place de communautés d'utilisateurs pour avoir un support continu, pour faire des webinaires, pour faire des sessions de Q&A, etc. La période 2024 a été intense.

Une adoption croissante démontrée par une étude

Parallèlement, TGITS monitorait le taux d'usage de Copilot à la semaine et avait ainsi des indicateurs montrant une adoption croissante. Pour aller plus loin dans les retours d'expérience utilisateur, Olivier Lacroze nous explique qu'une enquête web, doublée par des interviews de panels, a ainsi été menée début 2025. L'étude, réalisée par BVA SIH entre fin janvier et début février, avait donc pour but de solliciter l'ensemble des 30 000 licenciés. 6 155 d'entre eux ont accepté de répondre.

Et les chiffres parlent d'eux-mêmes : 97% des répondants trouvent l’utilisation de Copilot facile, tandis que 92% estiment que Copilot peut aider à améliorer ou simplifier les activités de leur équipe. De même, les utilisateurs recommandent à 70% Copilot à leurs collègues.

68% d'utilisateurs hebdomadaires

Pour le directeur de TGITS, ce dernier chiffre illustre parfaitement la vision du groupe quant à l'adoption de l'IA, estimant que c'est ce "bouche à oreille" qui permet de favoriser l'adoption. Les répondants mettent par ailleurs en avant un gain de temps et une créativité décuplée grâce à l'outil de Microsoft. In fine, ils sont plus de 68% à utiliser Copilot chaque semaine, et la moitié d'entre eux s'en servent plus de 5 fois par semaine.

A la question de savoir si les salariés interrogés ont fait part de difficultés, Olivier Lacroze répond seulement que certains ont noté la fiabilité des réponses fournies, indiquant que certaines réponses données étaient inadaptées. Pour lui, cela fait partie de la formation, "ne pas avoir une confiance aveugle en ce que dit Copilot".

TotalEnergies avance doucement sur l'agentique

Du côté des cas d'usages qui découlent de l'utilisation de Copilot Studio, Olivier Lacroze nous donne en exemple deux agents. Le premier, dédié à la maintenance industrielle et baptisé MARGE (machine assisted reliability and grading engine) classe automatiquement les rapports d'intervention de maintenance. Un travail auparavant fait manuellement avec des prestataires est donc réalisé désormais automatiquement avec une fiabilité accrue. Dans l'analyse des pannes, il explique que l'identification des causes a été améliorée de 25 à 45%. Une manière de fiabiliser l'ensemble des opérations, et d'optimiser les coûts de maintenance.

Le deuxième agent, appelé Buyer companion, est destiné à industrialiser le processus d'achat des petits achats de moins 50 000 euros. "Là où on met pas un acheteur en général, et où, avant, c'est l'utilisateur qui allait trouver lui-même un fournisseur et passer commande auprès de ce dernier", précise le directeur de TGITS. Cet agent accompagne donc les salariés de la rédaction du cahier des charges jusqu'à la sélection des fournisseurs. A la clé, 10% d'économie en moyenne sur les achats. L'agent Buyer companion est en cours de déploiement pour la France et devrait toucher potentiellement jusqu'à 15 000 utilisateurs internes.

Au total, ce sont une trentaine d'agents en cours de déploiement ou déployés, confie Olivier Lacroze, avec toujours en tête l'idée de garder une approche pragmatique et progressive. "Aujourd'hui, nous faisons un développement de cette IA agentique d'abord à l'aide de mono-agents. Nous ne sommes pas encore à la promesse de l'IA agentique avec l'orchestration multi-agents, cela viendra mais nous n'y sommes pas encore".

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