Le Canada va investir 2,45 milliards de dollars canadiens dans l'IA

Afin de "garantir l'avantage mondial du Canada en matière d'IA, aujourd'hui et pour les générations à venir", son gouvernement prévoit d'allouer une part de son budget annuel dans cette technologie. Au programme : accélérer la croissance de l'emploi dans le secteur canadien de l'IA et stimuler la productivité en aidant les chercheurs et les entreprises à développer et à adopter l'IA.

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Le Canada va investir 2,45 milliards de dollars canadiens dans l'IA
Ce 8 avril, Justin Trudeau a dévoilé un ensemble de mesures destinées à prendre l'avantage dans le domaine de l'intelligence artificielle. "Nous investissons pour préserver cet avantage – et l’immense potentiel économique que l’IA recèle – pour les générations de demain", a déclaré le premier ministre du Canada.

"L'IA a le potentiel de transformer l'économie". Partant de constat, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau a annoncé une série de mesures du budget 2024 dédiées à l'exploitation du potentiel de cette technologie. Objectif affiché : "créer des emplois bien rémunérés pour chaque génération tout en augmentant la productivité et en faisant croître notre économie".

Au cours de l'année écoulée, la croissance de l'emploi dans le domaine de l'IA a augmenté de près d'un tiers au Canada, soit l'une des plus fortes croissances de tous les secteurs, affirme le cabinet du Premier ministre du pays. De plus, la plupart des emplois dans le domaine de l'IA offrent une rémunération bien supérieure au revenu moyen.

En ce sens, Justin Trudeau a annoncé aujourd'hui un ensemble de mesures pour une enveloppe de 2,45 milliards de dollars canadiens – soit environ 1,6 milliard d'euros – dans le cadre du prochain budget annuel déposé le 16 avril. Pour rappel, le budget principal des dépenses pour l’exercice 2024-2025 présente des dépenses budgétaires totalisant 449,2 milliards de dollars canadiens ainsi que des dépenses non budgétaires totalisant 1,2 milliard de dollars canadiens.

2 milliards allouées aux infrastructures de calcul liées à l'IA

Si le budget consacré au développement de l'IA et à son intégration dans le quotidien des canadiens est conséquent, la part consacrée aux capacités de calcul et aux infrastructures est pour le moins impressionnante. Ainsi, le gouvernement prévoit d'investir 2 milliards de dollars à ce sujet et d'y offrir un accès aux chercheurs, aux start-up et aux entreprises à grande échelle du Canada. La création d'un fond dédié – AI Compute Access Fund – est par ailleurs prévue "afin de fournir un soutien à court terme aux chercheurs et à l'industrie". Pour mémoire, le Canada compte 10% des chercheurs en IA de haut niveau et se situe dans le top 5 en matière de publications scientifiques dédiées.

Une stratégie portant le nom de "Canadian AI Sovereign Compute" doit également catalyser le développement d'une infrastructure d'IA appartenant à des Canadiens et située au Canada. Par ces investissements, le pays compte attirer à la fois les investissements et les profils les plus qualifiés sur son territoire.

Positionner les start-up au premier rang

Le Canada prévoit en parallèle de pousser les start-up et PME sur le devant de la scène. 200 millions de dollars canadiens provenant des agences de développement régional du Canada seront donc alloués à "stimuler les jeunes entreprises d'IA afin de commercialiser de nouvelles technologies et accélérer l'adoption de l'IA dans des secteurs cruciaux tels que l'agriculture, les cleantech, les soins de santé et l'industrie".

Par le passé, le gouvernement canadien a déjà investi dans des start-up évoluant dans les secteurs technologiques, à l'instar de Ranovus qui développe et fabrique des solutions d'interconnexion photonique avancées pour soutenir la prochaine génération de charges de travail IA/ML dans les centres de données et les réseaux de communication et Sanctuary AI, start-up spécialisée dans le développement de robots humanoïdes alimentés par une plateforme d'IA.

En 2022, le secteur canadien de l'IA a attiré plus de 8,6 milliards de dollars en capital-risque, ce qui représente près de 30 % de toute l'activité de capital-risque au Canada. Par ailleurs, le pays se classe au troisième rang du G7 pour le financement total par habitant mobilisé pour les entreprises d'IA, avec environ 670 start-ups canadiennes d'IA et 30 entreprises canadiennes évoluant dans l'IA générative et recevant au moins un accord d'investissement d'une valeur supérieure à 1 million de dollars américains depuis 2019.

Les PME ne sont pas en reste

De même, pour aider les entreprises plus matures (notamment les PME) à s'approprier l'IA, une aide de 100 millions de dollars canadiens est prévue. Ces fonds seront injectés dans le Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (PARI-CNRC). "Ce programme aidera les entreprises à intégrer l'IA dans leurs activités et à prendre en charge la recherche, le développement de produits, les essais et la validation de nouvelles solutions basées sur l'IA".

Le gouvernement canadien prend également en compte l'impact de l'IA sur certains secteurs comme les industries créatives et prévoit de consacrer 50 millions de dollars pour un programme de formations aux métiers les plus affectés par ce changement. Rien que sur l'année 2022-2023, le Canada comptait plus de 140 000 professionnels de l'IA activement engagés, soit une augmentation de 29 % par rapport à l'année précédente.

La France, les Etats-Unis ou encore l'Arabie Saoudite investissent dans cette technologie

Par comparaison avec d'autres pays engagés sur la voie de l'intelligence artificielle, le Canada n'a pas à rougir. La France a ainsi annoncé en mars dernier le lancement d'un programme de recherche en IA doté de 73 millions d'euros. Pour assurer le développement des recherches dans le cadre du PEPR IA, le supercalculateur Jean Zay est mis à disposition, précise le gouvernement. L'annonce fait suite à celle faite par Emmanuel Macron à Toulouse en décembre dernier portant sur l'enveloppe de près de 1,5 milliard d’euros allouée à l'IA sur la période 2018-2022 et constituant la première phase de la stratégie nationale pour l’IA (dans le cadre du plan France 2030).

A une autre échelle, les Etats-Unis et le Japon ont prévu de resserrer les liens qui les unissent en matière de développement technologique, et tout particulièrement autour de l'IA. Plus tôt cette année, l'Arabie Saoudite et Singapour ont également fait état d'investissements majeurs, le premier prévoyant de créer un fonds de 40 milliards de dollars tandis que le second se dit prêt à investir plus d'un milliard de dollars singapouriens (environ 688 millions d'euros) dans des capacités d'IA au cours des cinq prochaines années.

Développer une IA sûre et maîtriser les risques

Enfin, est également prévue à l'ordre du jour la création d'un institut canadien pour la sécurité de l'IA, doté de 50 millions de dollars canadiens, pour favoriser le développement et le déploiement sûrs de l'IA. L'Institut, qui s'appuiera sur les contributions des parties prenantes et travaillera en coordination avec des partenaires internationaux, aidera le Canada à mieux comprendre les risques liés aux systèmes d'IA avancés ou malveillants, y compris pour des communautés spécifiques, et à mieux s'en protéger.

De même, le gouvernement prévoit de renforcer l'application de la loi sur l'intelligence artificielle et les données (Artificial Intelligence and Data Act ou AIDA introduite au Parlement dans le cadre du projet de loi C-27 en juin 2022) avec une aide de 5,1 millions de dollars canadiens pour le Bureau du commissaire à l'IA et aux données. "La loi proposée vise à orienter l'innovation en matière d'IA dans une direction positive afin de protéger les Canadiens contre les risques potentiels en assurant l'adoption responsable de l'IA par les entreprises canadiennes", assure le gouvernement.

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