Zoom utilisait le contenu des visioconférences pour entraîner ses modèles d'IA à l'insu de ses clients
La société américaine qui développe l'outil de visioconférence Zoom a discrètement modifié les conditions de son service il y a quelques mois. Elle s'attire les foudres de ses utilisateurs, qui refusent la collecte des données de leurs appels, qui plus est sans leur consentement.
Aurélien Defer
Un tweet viral aura suffi à mettre Zoom dans la tourmente. Dimanche, un internaute a publié une capture d'écran des conditions d'utilisation du logiciel de visioconférence accompagnée d'un commentaire : "Zoom exige désormais que vous autorisiez l'IA à s'entraîner sur toutes vos données – audio, reconnaissance faciale, conversations privées – de manière inconditionnelle, irrévocable et sans possibilité de retrait."
Les utilisateurs du réseau social d'Elon Musk s'emparent alors de l'affaire, le média d'investigation Bellingcat annonce la résiliation de son abonnement Zoom et l'entreprise californienne Zoom Video Communications est forcée de réagir. Dans une note de blog parue hier, elle explique avoir à nouveau mis à jour ses conditions générales et assure qu'il est possible via un système d'opt-in et d'opt-out de refuser cette collecte de données à des fins d'amélioration du produit.
Un revirement tardif
"Nous n'utiliserons pas le contenu audio, vidéo ou de chat pour former nos modèles d'intelligence artificielle sans votre consentement", veut rassurer Smita Hashim, chief operating officer de Zoom. Deux outils d'IA générative, Zoom IQ Meeting et Zoom IQ Team Chat Compose, ont en effet été annoncés par l'entreprise en mai dernier, avec une offre d'essai gratuite. Ces fonctionnalités permettent de créer des résumés de réunion Zoom ou d'écrire dans le chat des messages générés par l'intelligence artificielle.
La COO annonce donc un revirement et assure que "les propriétaires et administrateurs de comptes Zoom décident d'activer ou non ces fonctions d'IA pour leurs comptes" et qu'en cas d'activation, "un processus de consentement transparent [leur] sera également présenté pour l'entraînement de nos modèles d'IA à l'aide de [leurs] contenus". Smita Hashim ajoute que, dans tous les cas, ces données ne sont utilisées qu'aux fins d'entraînement annoncées et en aucun cas vendues à des entreprises tierces.
Reste que la confiance des utilisateurs de Zoom envers leur logiciel semble s'être détériorée. Sur Twitter, certains internautes affirment qu'ils n'utiliseront plus le logiciel. En 2021, Zoom avait versé plus de 85 millions de dollars dans le cadre d'un litige relatif à la protection de la vie privée.
SUR LE MÊME SUJET
1Commentaire
Réagir