5G : affolement général à Barcelone

Au MWC 2016 de Barcelone, tout le monde parle déjà 5G….

Développement et commercialisation d’équipements, conception de puces, tests de réseaux avec des dizaines d’opérateurs partout dans le monde…

Pourtant, le standard ne sera probablement pas déployé avant 2020. Dans une économie qui les malmène de plus en plus, les acteurs des télécoms ne peuvent se permettre de perdre une miette d’un marché qui connectera des milliards d’humains et surtout des centaines de milliards d’objets.

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5G : affolement général à Barcelone

Cette année, la grand-messe des télécoms de Barcelone, le MWC, se noie sous les annonces 5G. Quelle mouche a donc piqué le secteur des télécoms ? Faut-il lui rappeler que le standard de la prochaine génération de télécoms mobiles ne sera défini qu’en 2018 ? Et qu’il faudra encore quelques années après cela pour qu’il se convertisse en réseau déployé, en matériel compatible, et encore plus en abonnés.

"La 5G doit arriver rapidement car les usages de l’Internet des objets l’exigent, implore pourtant Rajeev Surei, CEO de Nokia, faisant écho à nombre de ses homologues. Sachant que la 5G peut sauver des vies, améliorer notre environnement et rendre nos vies meilleures, il faut aller plus vite, pas plus lentement." SIC ! Alors, question de vie ou de mort, la 5G ?


Rien pour le consommateur dans les 5 ans

Pour les équipementiers réseau et les opérateurs, voire les fabricants de smartphones et d’objets connectés, peut-être. En tous cas bien davantage que pour le commun des usagers de smartphone, de bracelet ou de pèse-personne connecté… Comme le rappelle Thomas Husson, VP, analyste principal marketing et stratégie chez Forrester Research, "du point de vue du consommateur, il ne va rien se passer dans les 5 ans qui viennent. Strictement rien". A Barcelone, la confusion est pourtant bien entretenue…

Tous les chemins technologiques mènent à la 5G

Nokia propose déjà une nouvelle ligne de produits complète pour l’accès radio, Airscale, "5G ready" et va même commercialiser une station de base dans ce cadre. Ericsson annonce le développement d’un nouveau routeur, tout aussi prêt pour la 5G, avec Cisco et Intel.

Huawei, lui, préfère la 4,5G à la 5G. Mais le résultat est à peu près le même. Le chinois a déjà testé plusieurs technologies à Chengdu (Chine) avec le Japonais NTT Docomo. Le couplage du très haut débit et du très bas débit sur une même puce sur toutes bandes de fréquence, la technologie SCMA qui permet de partager le réseau afin de donner à un grand nombre de gens l’accès à des centaines de milliers d’objets, ou le Massive Mimo. Cette dernière, déjà testée par tous les équipementiers et montrée par Ericsson à Barcelone, permet d’exploiter plusieurs antennes dans une même station de base.

Enfin, tous jouent aussi des technologies de virtualisation (SDN et NFV) qui donnent plus de souplesse au réseau fixe en soutien du réseau mobile. Pour cette raison, ZTE et son compatriote China Mobile présentent un équipement de network slicing, qui rentre dans la composition de réseaux plus adaptables. Côté croissance du débit, toutes les technologies sont bonnes pour atteindre voire dépasser les 10 Gbps moyens que les projets de standardisation listent dans leurs objectifs. Les Nokia bell Labs ont déjà réussi des pointes à 30 Gbps. A Barcelone, les équipementiers montrent en réalité toutes les technologies sur lesquelles ils travaillent comme de futures composantes de la 5G. En toute logique.

Opération séduction auprès des opérateurs

Mais ils se battent aussi pour s’afficher auprès des opérateurs du monde entier qui testeraient déjà toutes leurs technologies. Ericsson revendique même 20 accords à ce jour ! A noter qu’aucun opérateur ne met jamais ses œufs dans le panier d’un seul opérateur. Il est impossible, même une fois les infrastructures déployées de savoir qui a le plus d’équipements chez Orange, KT ou NTT Docomo.

Encore moins en phase de test, où les opérateurs invitent tous les grands à jouer avec eux. Le numéro un américain Verizon, un des pionniers de la 4G qui compte bien le rester dans la 5G, a ainsi défini une feuille de route pour des tests avec Nokia (et Alcatel-Lucent avant la fusion), Ericsson et Cisco, mais aussi avec Intel et Qualcomm.


La Corée et le Japon ou les JO de la 5G

Le Coréen SK Telekom et son homologue Japonais NTT Docomo séduisent un peu plus les industriels que les autres. JO d’hiver de 2018 en Corée puis JO d’été au Japon en 2020 obligent, c’est dans les stades et les patinoires que les premiers duels en 5G se joueront. Les industriels, mais aussi les pays, pourront montrer leurs muscles dans ces événements hyper médiatisés. "Il y a de gros enjeux de marketing technologique avec la 5G, confirme Thomas Husson, mais aussi d’attractivité territoriale. La 4G avait été lancée en Suède dès 2009, puis ce sont les USA qui ont déployé le plus rapidement, fin 2010."


Du marketing technologique et une guerre de territoires

Mais les enjeux économiques sont encore plus important avec la 5G qu’avec sa grande sœur la 4G. Aux centaines de millions, voire aux milliards de détenteurs de smartphones viendront s’ajouter des dizaines de milliards d’objets connectés… "De plus, il y a cinq ans, les opérateurs étaient bien plus en position de force, rappelle Thomas Husson. Ils avaient investi des sommes astronomiques dans les licences. Aujourd’hui, en particulier en Europe face à la chine ou aux USA, il y a et il va encore y avoir consolidation." Enjeux technologiques, économiques et territoriaux multiples, pas étonnant que dès 2016, encore dans l'enfance de sa standardisation, la 5G affole à Barcelone.

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