A la suite d'une fuite de données, Crédit Suisse est accusé d'héberger des fonds d'origine criminelle
Le groupe bancaire Crédit Suisse est accusé par une enquête internationale d'héberger des fonds d'origine criminelle. Cette enquête s'appuie sur une fuite de données concernant plus de 18 000 comptes bancaires. Exposés à des peines de prison en cas de violation du secret bancaire, les journalistes n'ont pas publié la liste des personnes concernées. Crédit Suisse "rejette fermement" ces accusations.
Crédit Suisse, un groupe bancaire dont le siège est à Zurich et qui compte 1,6 million de clients, aurait hébergé pendant plusieurs décennies des dizaines de milliards d'euros de fonds d'origine criminelle, révèle l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) dans son rapport publié le 20 février. 152 journalistes provenant de 39 pays ont participé à cette enquête.
DES DONNÉES REMISES ANONYMEMENT
Elle s'appuie sur la fuite de données personnelles concernant plus de 18 000 comptes bancaires administrés par l'établissement helvétique, d'après Le Monde, l'un des médias participant au projet. Ces informations confidentielles ont été remises anonymement il y a un peu plus d'un an au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. La personne à l'origine de cette fuite dit être motivée par la volonté de dénoncer les effets du secret bancaire sur la communauté internationale.
Les comptes bancaires les plus anciens ont été ouverts dans les années 1940. Les deux tiers étaient encore actifs dans les années 2000 et "plusieurs indices suggèrent que beaucoup le sont encore à ce jour", précise Le Monde. Dans certains cas, l'existence de ces comptes a été confirmée par les titulaires eux-mêmes. Au total, ce sont près de 37 000 personnes ou entreprises pour un montant total de "100 milliards de dollars" dont "au moins 8 milliards liés à des clients identifiés comme problématiques".
Les données bancaires concernent principalement des clients situés en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique du Sud. Les clients domiciliés en Europe occidentale ne représentent qu'un pourcent du total. Un millier de Français apparaissent dans les données, même si la quasi-totalité d'entre eux ne réside pas en France. Le Monde dit n'avoir pas identifié de personnalité politique ou économique de premier plan.
Le secret bancaire versus la liberté de la presse
L'identité de la plupart des personnes concernées par cette enquête est restée secrète. Depuis 2014, une loi suisse expose les journalistes à une peine de prison de trois ans s'ils écrivent sur des données bancaires volées. Seuls ont été publiés les noms de personnalités publiques majeures liées à des affaires judiciaires ou soupçonnées de malversations. Sont par exemple cités le roi Abdallah II de Jordanie, le président de la République du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev ainsi que plusieurs fonctionnaires de pays arabes qui "ont sorti de grosses sommes d'argent de leurs pays au moment des printemps arabes".
Crédit Suisse rejette "fermement les allégations et les insinuations concernant les prétendues pratiques commerciales de la banque". Elle affirme que les "questions présentées" appartiennent "pour l'essentiel au passé" et reposent sur "des informations partielles, inexactes ou sélectives sorties de leur contexte". De plus, près de 90% des comptes examinés par l'enquête journalistique sont aujourd'hui "fermés ou étaient en cours de fermeture avant la réception des demandes de la presse". "Plus de 60% des comptes concernées ont été fermés en 2015", affirme l'établissement.
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