Tests ADN : Regeneron rachète 23andMe et les données génétiques de ses clients

L'entreprise pharmaceutique a remporté une vente aux enchères à 256 millions de dollars pour reprendre la quasi-totalité des actifs de 23andMe, le spécialiste des tests ADN récréatifs en faillite. Il assure qu'il “maintiendra des protections essentielles” sur la confidentialité et le consentement des clients pour leurs données génétiques.

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Tests ADN : Regeneron rachète 23andMe et les données génétiques de ses clients

Regeneron Pharmaceuticals, entreprise américaine de développement de médicaments, a annoncé le 19 mai avoir remporté la vente aux enchères portant sur l'acquisition de la quasi-totalité des actifs du spécialiste des tests récréatifs 23andMe. L'opération, qui devrait être finalisée au troisième trimestre sous réserve de l'approbation des autorités réglementaires et du tribunal des faillites, se chiffre à 256 millions de dollars (227 millions d'euros).

Toutes les activités reprises à l'exception du service de téléconsultation

“23andMe sera exploitée à 100% comme une filiale directe ou indirecte de Regeneron Pharmaceuticals et poursuivra ses activités en tant que service de génomique personnelle”, précise la biotech dans un communiqué. Dans le détail, l'entreprise reprendra toutes les entités de 23andMe à l'exception de Lemonaid Health, son service de téléconsultation acquis en 2021 pour 400 millions de dollars. Cette filiale sera fermée mais les salariés conserveront un poste au sein de Regeneron.

Fondée en 2006, 23andMe est l'une des premières sociétés à avoir proposé des tests ADN récréatifs, en envoyant par courrier des kits de prélèvements. L'analyse des échantillons permettait ensuite d'obtenir des informations sur son ascendance génétique ou sa prédisposition à développer des maladies. Malgré la constitution d'une base de données de 15 millions de clients, la société n'a pas réussi à faire valoir la pérennité de son modèle, l'engagement des clients restant limité et non renouvelé. Depuis son entrée en Bourse en 2021, la capitalisation boursière de 23andMe a chuté de plus de 99%.

La situation de l'entreprise s'est à nouveau dégradée fin 2023, lorsqu'elle a annoncé être victime d'une fuite de données touchant 6,9 millions de clients. 5,5 millions d'entre eux s'étaient fait dérober les données relatives à ces liens et leur pourcentage d'ADN en commun, leur analyse généalogique et leur localisation géographique. La société a récemment déboursé 30 millions de dollars pour régler le procès engagé dans cette affaire. Le 23 mars dernier, 23andMe a déposé le bilan.

Le procureur de la Californie et la FTC inquiets de l'avenir des données

La mise en faillite a inquiété certains régulateurs américains quant à l'avenir des données génétiques des 15 millions de clients de 23andMe, étant donné que les entreprises de tests ADN aux États-Unis ne sont soumises à aucune législation particulière sur la gestion des données. Le procureur de Californie avait alors émis une alerte, demandant aux habitants de l'État américain “d'invoquer leurs droits et d'ordonner à 23andMe de supprimer leurs données et de détruire tout échantillon de matériel génétique détenu par l'entreprise”.

Pour les Français ayant eu recours à ces tests, qui restent pourtant illégaux sur le territoire et passibles de 3750 euros d'amende, la Cnil a indiqué la marche à suivre. La FTC, le gendarme américain de la concurrence, a exhorté 23andMe à ce que les données ne soient pas vendues sauf sérieuses garanties. “Tout acheteur doit expressément accepter d’être lié par les termes des politiques de confidentialité de 23andMe et de la loi applicable, y compris en ce qui concerne toute modification ultérieure apportée à ces politiques”, écrivait le 31 mars Andrew Ferguson, patron de la FTC.

Regeneron tente de rassurer les régulateurs

Face à ces questionnements, Regeneron a indiqué qu'il s'engageait à protéger les données génétiques des personnes du monde entier” et qu'il avait “une solide expérience en la matière”, ajoutant qu'il allait “garantir le respect de ses politiques de confidentialité et des lois applicables en matière de traitement des données clients”. En revanche, si le client donne son consentement, la société de biotechnologies ne s'interdit pas “d'utiliser [les données] pour réaliser des découvertes bénéfiques pour la science et la société”. Un médiateur a été nommé par le tribunal pour évaluer le respect par Regeneron de ces mesures de confidentialité des données. Il doit rendre son rapport le 10 juin.

Regeneron développe et commercialise plusieurs traitements utilisés contre des maladies génétiques, des maladies auto-inflammatoires, mais aussi contre le cancer et certaines pathologies cardiaques. En 2020, la société a obtenu un contrat de 450 millions de dollars avec le gouvernement américain pour concevoir et fournir un traitement expérimental contre le Covid-19, administré avant la fin des essais cliniques à Donald Trump. Regeneron a généré l'année dernière un chiffre d'affaires de 14,2 milliards de dollars (12,6 milliards d'euros).

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