Après deux années fastes, le financement des start-up de la healthtech "retombe au niveau pré-Covid"

Le bilan 2022 établi par France Biotech note le dynamisme des start-up françaises de la healthtech, mais souligne leurs difficultés de recrutement et de financement. Le rapport recommande de poursuivre le soutien à l’innovation en santé, notamment via le plan d’investissements gouvernemental France 2030.

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Après deux années fastes, le financement des start-up de la healthtech
Alors que le financement des entreprises de la healthtech a chuté au niveau mondial (30 milliards en 2022 contre 55 milliards en 2021), la France devient le premier pays européen en montants levés et le deuxième en nombre d’opérations.

Une forte dynamique entrepreneuriale dans un contexte macro-économique incertain, avec de forts enjeux en termes de recrutement et de financements. Voici les enseignements tirés pour les start-up et PME françaises des technologies innovantes en santé par le "Panorama France healthtech 2022" après le bilan record établi en 2021.

Cette année là, elles avaient levé 2,3 milliards d'euros, soit une croissance de 50% par rapport à 2020. "Après deux années exceptionnelles (2020 et 2021) pour les sociétés healthtech malgré la crise sanitaire, le financement de ces entreprises retombe au niveau pré-Covid", décrit le rapport.

Les contraintes réglementaires préoccupent

L’étude est présentée par France Biotech, l’Association des entrepreneurs de l’innovation en santé, avec la participation de Bpifrance, Citeline, Euronext et EY.

454 sociétés dans la healthtech, dont le chiffre d’affaires s’élevait à 1,3 milliard d’euros en 2021 et qui représentent 14 500 emplois directs, ont participé à ce bilan 2022. Les sociétés de biotechnologies recensées en France sont au nombre de 800, et disposent de près de 2300 produits en cours de développement. On compte 1440 entreprises du dispositif médical et de diagnostic, dont 56% sont à présent au stade de commercialisation, soit 6 points de plus qu’en 2021.

50% d’entre elles sont néanmoins préoccupées par les contraintes réglementaires, leur deuxième sujet d’inquiétude après le financement. Pour les sociétés en santé numérique, leur domaine d’affaires privilégié reste l’achat hospitalier, puis le remboursement de solutions ou dispositifs médicaux digitaux par l’Assurance Maladie. 75% d’entre elles sont en phase de commercialisation.

Un financement par capital risque en déclin sur un an mais privilégié par les start-up

Le rapport "Panorama France healthtech" met en avant la dichotomie entre les besoins des start-up dans l’e-santé et le marché de l’emploi. 86% des entreprises du secteur comptent recruter en 2023, soit 2 200 recrutements rien que pour cette année, mais "53% des entreprises anticipent des difficultés pour recruter et pour trouver des profils adaptés, en particulier pour les activités d’informatique et bio-informatique, de bioproduction, d’assurance qualité ainsi que pour les affaires réglementaires", explique Chloé Evans, adjointe au directeur général, en charge des études sectorielles et des relations internationales.

Alors que le financement des entreprises de la healthtech a chuté au niveau mondial (30 milliards en 2022 contre 55 milliards en 2021), la France devient le premier pays européen en montants levés et le deuxième en nombre d’opérations. En 2022, 2,6 milliards d’euros ont été levés en capital (une augmentation de 14% par rapport à 2021) dont 1,8 milliards levés en capital risque (contre 1,6 milliards en 2021) mais avec des opérations plus concentrées (108 contre 125 l’année précédente). "Bien qu’en déclin par rapport à 2021 en nombre d’opérations, le financement par le capital risque a été le mode de financement privilégié par les sociétés en 2022", et représentait 68% des sources de financement de la healthcare française cette année-là.

Quant aux opérations de refinancement sur les marchés Euronext, 1,6 milliards ont été levés en 2022, dont 695 millions à Paris, en légère baisse par rapport à 2021 (1,8 milliards). Là aussi, les opérations sont plus concentrées qu’il y a deux ans (39 contre 47). "A fin 2022, 129 entreprises healthtech (dont 77 françaises) sont cotées sur les marchés d’Euronext, et représentent une capitalisation boursière de 45 milliards d’euros (contre 53,3 milliards en 2021). En un an, la capitalisation boursière des healthtech françaises est passée de 10,9 milliards à 6,1 milliards", précise le rapport.

La healthtech, enjeu prioritaire pour l’Etat à travers France 2030

Entre 2018 et 2022, la France est le quatrième pays en Europe pour les partenariats biopharmaceutiques, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse. "Les accords partenariaux ont atteint des niveaux record en 2021 et 2022 avec 162 transactions signées", souligne Daniel Chancellor, du fournisseur de solutions de business intelligence Citeline. Un tiers de ces partenariats portait sur la recherche et le développement en oncologie et sur les nouvelles solutions, comme les biomédicaments. Ces partenariats se nouent de plus en plus tôt, puisque "plus de la moitié des se situent aux stades précliniques, et cette proportion a augmenté pour atteindre 71% en 2022", complète Daniel Chancellor.

Le soutien de l’Etat aux pépites du secteur est allé croissant en 2022. Bpifrance a soutenu les acteurs de la healthtech à hauteur de 535 millions, contre 300 millions en 2021, hors dépenses liées au Covid-19. Et c’est sans compter le programme d'investissements du gouvernement France 2030, qui a vu 40 millions d’euros être attribués à douze projets dans les biothérapies et la bioproduction, 92 millions à 31 projets pour la stratégie d’accélération en santé numérique, 55 millions à treize projets pour les maladies infectieuses émergentes et risques NRBC, et 28 millions dans le cadre du plan Dispositif médical.

Dans un environnement économique marqué par l’inflation, le bilan préconise de "réintroduire de la politique industrielle dans l’innovation en santé" et de miser sur l’innovation. "Le volet santé de France 2030 prévoit 7,5 milliards d’euros pour faire de la France un pays leader en innovation de santé", rappelle dans le rapport Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Une mission interministérielle a par ailleurs été lancée le 25 janvier dernier pour proposer au gouvernement des améliorations des mécanismes de régulation et de financement des produits de santé. L’exécutif doit également dévoiler une nouvelle stratégie en matière de prévention et de gestion des approvisionnements d’ici le mois de juin.

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