Dix ans de French Tech au CES : Business France fait le bilan et regarde vers l'avenir

Dix ans après la première incursion française au CES de Las Vegas, Business France emmènera plus de 200 start-up de la French Tech à cette grand-messe de l'électronique grand public en janvier. Didier Boulogne, directeur général délégué à l'export au sein de la structure publique, fait le point sur l'état du marché, les succès remportés, et les challenges à venir.

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Dix ans de French Tech au CES : Business France fait le bilan et regarde vers l'avenir

L'Usine Digitale : Quel bilan après dix années à emmener les start-up françaises au CES ?

Didier Boulogne
: En 2013 on était une quinzaine d'entreprises. Aujourd'hui le coq rouge est connu dans la totalité des salons tech à travers le monde. Même les organisateurs nous félicitent. S’il y a bien une marque portée par l’État qui a été fructueuse, c’est la French Tech. Et ça s’explique évidemment par l’écosystème, au-delà de la marque elle-même. Il y a de vrais projets, de vraies start-up qui sont reconnus par des VCs et des grands donneurs d’ordre.

Le CES reste une étape incontournable en 2023 ?

Oui, c'est la bonne vitrine pour montrer un produit, une idée, une innovation. En early stage, cela reste la grande référence. Et c'est utile à la fois pour rencontrer les donneurs d'ordre américains, anglais, allemands et autres, mais aussi pour voir ce que font les autres à travers le monde. Cela permet aux entreprises de s'étalonner, ce qui est très important.

L'impact lié à la pandémie de Covid-19 s'est estompé ?

L'édition 2022 était encore en demi-teinte, même si on a eu 135 entreprises sur Eurekapark et 15 pour la partie Automobile. Mais pour 2023, nous avons plus de 170 start-up françaises au sein de l’Eureka Park, 16 entreprises au Convention Center sur la partie Automobile, et 30 start-up en learning expedition. On est revenu au niveau pré-Covid. Du côté des thématiques, nous sommes sur les tendances du moment, avec beaucoup d'intelligence d'artificielle, des solutions pour la santé et le bien-être, et évidemment pour la transition environnementale.

Le contexte économique s'est néanmoins durçi cette année, comment le ressentez-vous dans l'écosystème français ?

Nous avons eu une excellente année 2021, et sur 2022 nous limitons la casse. L'environnement global est compliqué en effet, et même si la Tech est moins impactée que d’autres secteurs comme l’automobile ou l’aéronautique, nous en subissons le contrecoup. Nous avons donc mis des choses en place pour être résilients. Quoi qu'il en soit, le pari de l’export est gagnant pour nos start-up, le mauvais choix serait de rester replié sur soi et de ne pas s'attaquer rapidement à l’international. Car une start-up brésilienne ou autralienne pourrait croître et prendre la place.

Et du côté de la Chine ?

Cela semble se relâcher un peu, mais nous sommes très handicapés sur la Chine. On n’a rien pu faire là bas cette année. Les pavillons prévus ont été annulés ou ont été opérés a minima. On y vend par ailleurs peu de biens industriels à forte valeur ajoutée, et de moins en moins de choses sur la Tech.

Est-ce qu'en retour, leur renfermement ne représente pas une opportunité pour imposer nos champions au reste du monde ?

Oui, cela peut constituer une opportunité pour la Tech française, notamment pour la constitution de géants européens. On voit les licornes qui deviennent de plus en plus nombreuses, mais sur la capitalisation à 50 milliards d'euros il n'y a toujours personne. La solution est au niveau européen.

Le problème reste de pouvoir grossir tout en conservant une identité européenne...

C'est pour ça que l'échelle européenne, et pas seulement nationale, est indispensable. Du côté des venture capitalists américains, en 2021 et 2022 ils investissaient chez nous sans demander le transfert physique des entreprises vers la Silicon Valley, ce qui était un changement très positif par rapport au passé. C'était notamment en réponse à la problématique du manque de talents. Cependant, cela risque de changer avec l'IRA [Inflation Reduction Act, loi passée en août aux Etats-Unis, ndlr]. Cela nous inquiète au niveau de l'attractivité et du positionnement des unités de production sur les biens stratégiques.

Justement, avez-vous des projets en matière de réindustrialisation ? Les start-up portant des projets "hardware" n'ont historiquement pas été favorisées en France...

Nous travaillons sur le sujet, et nous sommes calqués sur les logiques de France 2030. Même chose pour la projection d’entreprises et de technologies à l’international par le biais de salons ou de programmes boosters. Nous avons des programmes d'accélérations qui seront déployés un peu partout courant 2023. Et nous attendons avec impatience le plan export du gouvernement, que nous avons nourri en amont. Nous sommes combatifs dans un environnement qui bouge très vite. Si on reste agile on arrivera à tirer notre épingle du jeu.

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