Elon Musk fonde Neuralink pour interfacer le cerveau aux ordinateurs
Elon Musk semble pris dans une infernale fuite en avant. Il a bien secoué le secteur automobile avec Tesla mais l'entreprise a du mal à générer des revenus. SpaceX est censé coloniser Mars mais peine à atteindre ses objectifs de lancements annuels. Le projet Hyperloop, laissé à d'autres entreprises par manque de temps, n'en finit plus d'être en cours d'élaboration. Et il y a bien sûr l'intelligence artificielle, qui lui fait si peur (mais pas suffisamment pour réduire ses ambitions dans le véhicule autonome), qu'elle le pousse aujourd'hui à créer Neuralink, une start-up qui veut connecter le cerveau humain directement à un ordinateur. Vrai projet ou science-fiction?
Julien Bergounhoux
Elon Musk a décidément très peur de l'intelligence artificielle, et l'association OpenAI qu'il a cofondée ne suffit vraisemblablement pas à diminuer ses craintes. Le Wall Street Journal a dévoilé le 27 mars 2017 la création par l'entrepreneur d'une nouvelle start-up baptisée Neuralink. Son objectif ? Créer une interface neuronale directe entre le cerveau humain et un ordinateur, sous la forme d'électrodes implantées directement dans la matière grise. Elon Musk a confirmé l'information par un simple tweet, indiquant que plus d'informations seront révélées d'ici une semaine.
Long Neuralink piece coming out on @waitbutwhy in about a week. Difficult to dedicate the time, but existential risk is too high not to.
— Elon Musk (@elonmusk) March 28, 2017
La rhétorique de la peur
La logique du golden boy est dans le même ton que ses précédentes déclarations, c'est-à-dire qu'il existe un danger réel et imminent d'un développement fulgurant d'une intelligence artificielle consciente et dont les objectifs pourraient nuire à l'humanité. Une notion fantaisiste d'après les experts du secteur, et qui n'empêche pas Elon Musk d'investir dans les technologies d'intelligence artificielle (notamment DeepMind, désormais propriété de Google, mais aussi dans le véhicule autonome au sein de son entreprise Tesla). Toujours est-il qu'une interface neuronale permettrait d'après lui à l'être humain de lutter à armes égales avec ce futur adversaire.
Science ou science-fiction ?
Si cela sonne comme de la science-fiction, c'est parce que ça en est, du moins présenté de cette manière. Toujours d'après le WSJ, Neuralink s'intéresserait dans un premier temps à des usages plus réalistes : traiter des maladies neurologiques comme l'épilepsie ou la dépression à l'aide d'électrodes similaires à celles déjà utilisées pour traiter la maladie de Parkinson. La start-up aurait d'ailleurs recruté plusieurs chercheurs éminents du domaine. A noter que d'autres organisations travaillent déjà sur ce type d'usages, comme la Darpa, l'agence militaire américaine dans les projets de recherche très innovants, ou la start-up Kernel, créée par le fondateur de Braintree (société de paiement en ligne). Même Facebook s'y intéresse.
Une stratégie de com' bien rodée
Il y a cependant un gouffre entre ces projets de recherche et l'usage futuriste que met en avant Elon Musk. Le milliardaire reproduit ici une stratégie de communication qui a fonctionné à merveille jusqu'à présent : afficher des objectifs extrêmement ambitieux qui incitent les observateurs à ne pas se poser trop de questions, car au fond ils veulent y croire. Cette méthode atteindra-t-elle un jour ses limites ?
Tesla est en retard pour la construction de son Model 3 et ses finances ne sont pas au beau fixe, ce qui ne l'a pas empêché de construire une "giga-usine" de batteries dont le retour sur investissement n'est pas garanti. Quant à SpaceX, bien qu'elle renchérisse régulièrement de détails sur ses projets de colonisation martienne, sa viabilité en tant que simple prestataire aérospatial n'est pas garantie après l'explosion d'une fusée Falcon 9 le 1er septembre 2016 qui a remis en cause certaines de ses pratiques.
Beaucoup de zones d'ombre
Que penser alors de l'idée qu'Elon Musk pourrait prendre la tête de Neuralink en plus de celle de ses autres entreprises ? En aura-t-il simplement le temps ? Dernière zone d'ombre : le financement. Neuralink a été officiellement créée en juillet 2016 en tant qu'entreprise de recherche médicale. Elon Musk pourrait financer la start-up lui-même, d'après le WSJ, y compris avec des capitaux empruntés à ses autres sociétés. Il pourrait aussi faire appel à son ami Peter Thiel (avec qui il y a cofondé Paypal) et à son fonds d'investissement Founders Fund.
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