L'omniprésence des Big Tech dans le secteur financier inquiète
Comment efficacement réglementer les grandes entreprises technologiques qui prennent une place de plus en plus importante dans le secteur financier ? C'est à cette question qu'a tenté de répondre la Banque des règlements internationaux. Elle propose une nouvelle classification des acteurs du marché et une meilleure coopération entre les banques centrales, les autorités de la concurrence et celles responsables de la protection des données.
La Banque des règlements internationaux (BRI), une institution financière internationale basée en Suisse qui promeut la stabilité financière et internationale, s'inquiète de la place prise par les grandes entreprises technologiques dans le secteur financier. Elle appelle à revoir la réglementation à ce sujet.
La tendance du DNA loop
Dans son bulletin publié ce lundi 2 août, elle explique que les entreprises technologiques – les Gafam du côté des Etats-Unis et les BATX en Asie – ont pu rapidement intégrer le marché des services financiers grâce à la quantité de données astronomiques qu'elles possèdent de part leurs activités traditionnelles (réseaux sociaux, e-commerce...). C'est ce que la BRI appelle la tendance du DNA loop pour "data-network-activities".
Les recherches de la BRI montrent que plus la base utilisateurs est solide plus les entreprises peuvent rapidement lancer des services financiers, en particulier dans le secteur du paiement de détail (moyens de paiement utilisés par les agents non financiers, entreprises ou particuliers, pour régler leurs dépenses courantes).
La croissance du nombre d'utilisateurs peut également être renforcée par la multiplication des fusions-acquisitions par lesquelles les grandes sociétés rachètent des plus petites structures concurrentes.
Une augmentation des coûts
Même les pays où les grandes entreprises ne sont pas encore en situation d'abus de position dominante, leur potentiel croissance rapide mérite une attention particulière de la part des banques, note la BRI. En outre, l'enracinement du pouvoir de marché - l'aptitude d'une entreprise à dominer un marché par des avantages acquis sur la concurrence - peut également provoquer une augmentation des coûts en particulier du côté des professionnels qui ne sont pas autorisés la plupart du temps à répercuter ces coûts sur les consommateurs.
Par conséquent, la BRI demande aux banques centrales nationales – bien que n'ayant pas de compétence en matière concurrentielle – de coopérer étroitement avec les autorités de la concurrence.
Surveiller la gouvernance des données
De plus, l'institution internationale note que la position des Big Tech dans le secteur financier soulève des inquiétudes en matière de gouvernance des données. Car, au-delà des conséquences économiques de leur domination sur le marché, il y a "un impératif d'assurer la confidentialité contre les intrusions injustifiées d'acteurs commerciaux", peut-on lire dans le bulletin. Il est donc indispensable que les banques centrales travaillent main dans la main avec les autorités nationales de protection des données.
La BRI appelle donc à l'adoption d'une "nouvelle approche de la réglementation" plus adaptée à ces nouveaux défis. A ce titre, elle félicite la proposition de règlement de la Commission européenne présentée en décembre 2020. En effet, le Digital Markets Act (DMA) prévoit une série d'obligations plus contraignantes pour les "gatekeepers", soit les grandes entreprises qui contrôlent l'accès à un marché. La BRI plaide pour que ces gatekeepers puissent également être qualifiés de “systemically important financial institution" (SIFI). Cette qualification permet de renforcer le contrôle de ces entités.
"Les banques centrales et les régulateurs financiers devraient investir de toute urgence dans le suivi et la compréhension de ces évolutions", concluent les auteurs.
SUR LE MÊME SUJET
L'omniprésence des Big Tech dans le secteur financier inquiète
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir