Les mineurs bientôt bannis des réseaux sociaux en Europe ?

Alors qu'un rapport parlementaire français dénonce les dérives de TikTok chez les jeunes, l'exécutif bruxellois se penche sur une possible interdiction des mineurs aux réseaux sociaux, en s'inspirant de l'exemple australien. Ursula von der Leyen dénonce notamment l'usage d'algorithmes qui exploiteraient les vulnérabilités des enfants et des adolescents. La France emprunte le même chemin. Faut-il s'attendre à une interdiction totale des réseaux sociaux pour le jeune public ? 

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Les mineurs bientôt bannis des réseaux sociaux en Europe ?

Lors de son discours sur l'état de l'Union, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a mis à l'agenda la question d'un âge minimum obligatoire pour l'accès aux réseaux sociaux. Elle a déclaré vouloir s'inspirer de l'exemple australien, où une loi interdit désormais aux moins de 16 ans de créer un compte sur les plateformes comme TikTok, Instagram, Facebook, Snapchat et X. Cette mesure entrera en application en décembre 2025. 

De futures recommandations

La présidente a indiqué qu'elle suivait de près la mise en oeuvre de ce modèle. Dans ce cadre, elle a annoncé la création d'un panel d'experts chargé de lui remettre, d'ici à la fin de l'année, des recommandations sur la manière dont l'Union européenne pourrait encadrer l'accès des mineurs aux réseaux sociaux. L'objectif, a-t-elle souligné, est de bâtir "une Europe plus sûre pour nos enfants", en impliquant les parents et les acteurs du numérique dans ce débat. 

Lors de son discours, elle a énuméré les conséquences que subissent les jeunes présents sur les réseaux sociaux : cyberharcèlement, incitation à l'autodestruction, contenus violents... Elle a dénoncé, en particulier, l'usage par ces plateformes d'algorithmes "qui profitent des vulnérabilités des enfants dans le but manifeste de créer des addictions". 

Vers un encadrement plus strict

Cette orientation s'inscrit dans un contexte plus large où l'UE cherche à renforcer la protection des mineurs en ligne. Le Digital Services Act (DSA) impose déjà aux grandes plateformes en ligne des obligations en matière de modération et de sécurité.

En cours de négociation, le règlement établissant des règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels sur les enfants, surnommé "Chat Control" par ses opposants, a également pour ambition de protéger le jeune public en imposant aux fournisseurs de messagerie de détecter les contenus pour adulte, quitte à mettre à mal le chiffrement de bout en bout. 

Un véritable tournant

Mais l'idée d'une interdiction pure et simple constituerait un tournant plus radical. Plusieurs Etats membres, comme la France, l'Espagne, la Grèce et le Danemark, se sont déjà prononcés en faveur d'une majorité numérique. Ensemble, ils souhaitent interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.

En mai dernier, Clara Chappaz, la ministre déléguée chargée de l'intelligence artificielle et du numérique, déclarait se donner désormais "trois mois" pour "mobiliser ses partenaires européens" sur "un accord européen" afin d'obliger les réseaux sociaux à vérifier l'âge de leurs utilisateurs. Plus récemment, la commission d'enquête sur "les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs" a rendu son rapport le 11 septembre. Il préconise notamment d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.

La mise en place d'une limite d'âge pour les réseaux sociaux soulève d'importants défis technologiques. En effet, les plateformes devront déployer des systèmes de vérification d'identité suffisamment robustes pour être efficaces mais aussi respectueux des données personnelles. 

Une perte de revenus pour les plateformes

L'instauration d'une limite d'âge aurait aussi des conséquences économiques sur les plateformes. En restreignant l'accès d'une partie de leur audience, elles perdraient non seulement des utilisateurs actifs mais aussi une part des revenus publicitaires. En effet, les adolescents constituent une cible privilégiée pour de nombreux annonceurs. Les coûts opérationnels augmenteraient également, avec la nécessité de déployer des systèmes de vérification fiables. 

Ainsi, il est fort à parier que les grandes plateformes ne se laisseront pas imposer ces contraintes sans réagir. Elles pourraient chercher à peser dans les négociations en adoptant des positions de blocage, à l'image de certains éditeurs de sites pour adultes

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