Des sénateurs américains suspectent le réseau social TikTok d'être à la solde du gouvernement chinois
Le réseau social chinois TikTok, qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs actifs à travers le monde, a été accusé par deux sénateurs américains d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois. L’entreprise dément, assurant être dans une démarche de transparence à l’international, et se dit prête à travailler avec les parlementaires.
L’un est démocrate, l’autre républicain. Pourtant, ces deux sénateurs américains sont d’accord en tous points : TikTok, très populaire auprès des jeunes, représenterait "une menace pour les Etats-Unis". Chuck Schumer et Tom Cotton ont initié une démarche à l’encontre du réseau social chinois mercredi 23 octobre 2019, à travers une lettre adressée au directeur des services de renseignement.
Les élus réclament à Joseph Maguire une "enquête sur ses pratiques en matière de collecte des données". Leur crainte : que la célèbre application soit tenue par Pékin de se livrer à une censure quasi-systématique de certains sujets… voire de diffuser des contenus favorables au régime chinois auprès de sa communauté d'utilisateurs.
UNE LOI CHINOISE DANS LE VISEUR
Les élus fondent leur argumentaire sur le fait que TikTok, téléchargée quelque 110 millions de fois aux Etats-Unis, serait toujours "contrainte d’adhérer" aux lois chinoises en matière de censure – sa maison-mère, ByteDance, est basée à Pékin. Cela pourrait notamment avoir été le cas en marge des manifestations monstres à Hong-Kong ces dernières semaines, mais aussi du traitement réservé par le régime à la minorité ouïghoure. "Compte tenu de ces inquiétudes, nous demandons à la communauté du renseignement de bien vouloir procéder à une évaluation des risques que TikTok – ainsi que d’autres plates-formes de contenu basées en Chine et opérant aux États-Unis – pose vis-à-vis de la sécurité nationale et d’informer le Congrès de ses résultats", écrivent les sénateurs dans leur lettre.
Les mêmes réserves ont été formulées à l’égard du géant chinois des télécoms Huawei depuis le début de la guerre commerciale entre les deux superpuissances en début d’année. Des spécialistes de la sécurité ont de nombreuses fois attiré l’attention sur le fait que la loi chinoise requiert, en l’état, "une coopération et un soutien" des entreprises nationales avec les institutions. Fin septembre dernier, nos confrères de The Guardian révélaient que TikTok enjoint ses modérateurs à supprimer les contenus "critiques à l’encontre des règles sociales et des actions politiques de tous les pays" et ceux abordant des "sujets sensibles tels que les questions de séparatisme ou les conflits ethniques" – deux éléments dont il est explicitement fait mention dans les conditions générales d’utilisation du réseau social.
DES CONTROVERSES RéGULIèRES
Le réseau social a déjà eu l’occasion de préciser que ces consignes sont "obsolètes". Face à cette nouvelle accusation, TikTok n’a pas tardé à réagir. L’entreprise a indiqué au site The Verge être prête à échanger avec les parlementaires pour prouver sa bonne foi, sans commenter le fond de l’affaire. "Nous ne ferons aucun commentaire à ce sujet pour le moment, si ce n’est pour réaffirmer que nous nous engageons à être une entreprise de confiance et responsable aux États-Unis, ce qui implique de travailler avec le Congrès et tous les organismes de réglementation", a affirmé un porte-parole.
Alors que l’application connaît un succès fulgurant auprès des jeunes, la question de sa régulation se fait de plus en plus urgente. En début de semaine, elle faisait déjà la Une de l’actualité parce qu’elle aurait tardé à retirer des vidéos de propagande de Daech diffusées par une vingtaine d’utilisateurs. Il y a quelques semaines, des experts estimaient qu’elle pourrait également constituer une plate-forme de choix pour les campagnes d’influence étrangère. A un an des élections américaines, le temps presse.
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