Google annonce Axion, un processeur Arm conçu en interne pour ses data centers
Après Amazon et Microsoft, c'est au tour de Google de sortir son propre CPU pour serveurs. Attendu de longue date, Google Axion sera disponible d'ici la fin de l'année et permettra des instances cloud 30% plus performantes que ce que propose la concurrence aujourd'hui.
Julien Bergounhoux
Google a levé le voile sur Axion, un CPU sur base Arm conçu en interne et destiné à ses data centers, le 9 avril à l'occasion de sa conférence Google Cloud Next 2024. L'existence du projet n'était pas vraiment un secret, mais il n'avait jamais été officiellement annoncé.
Google n'en est pas à son premier rodéo en matière de processeur fait maison. Il a sorti son premier TPU, un accélérateur pour les calculs liés à l'intelligence artificielle, en 2015. Il en est désormais au 5e modèle. S'en sont suivis un VCU pour le transcodage vidéo et des SoC pour ses smartphones. Néanmoins, la conception d'un CPU est autrement plus complexe que celle d'une puce spécialisée (ASIC), ce qui explique peut-être le temps qu'il aura fallu pour le créer.
Pourquoi s'être donné ce mal ? Deux raisons très simples : le coût et les performances. A l'échelle à laquelle opère Google Cloud, un composant moins cher représente vite des millions de dollars d'économies. Tout comme les TPU rendent la Google Cloud Platform moins dépendante de Nvidia, Axion la rendra moins dépendante d'Intel et de ses Xeon. Amazon Web Services a lancé son propre CPU Arm (Graviton) en 2018, et les analystes estiment qu'il équipe aujourd'hui plus d'un quart de ses serveurs. Microsoft n'est pas en reste avec Cobalt, dévoilé il y a six mois.
30% plus rapide que le meilleur CPU Arm du marché
Google Axion est basé sur les coeurs Arm Neoverse V2, conçus spécifiquement pour le cloud. Le Graviton4 d'Amazon et le CPU Grace de Nvidia le sont aussi. Axion sera utilisé à la fois pour les services internes de Google (BigTable, Spanner, BigQuery, Blobstore, Pub/Sub, Google Earth et la plateforme YouTube Ads s'en servent déjà) et pour ses clients cloud. La disponibilité dans les instances GCP est prévue "dès cette année", sans plus de précisions.
Google n'en a pas beaucoup dit sur son processeur de manière générale, si ce n'est qu'une instance cloud l'utilisant aurait des performances 30% supérieures à celles du "meilleur CPU Arm disponible dans une instance cloud à date". Elles seraient aussi 50% meilleures que celles d'une instance utilisant un CPU x86 dernière génération, tout en affichant un gain de 60% en efficacité énergétique.
Pas de détails sur les processeurs exacts utilisés pour les comparaisons, ni les conditions dans lesquelles ils l'ont été. Il faut dire que l'entreprise n'a pas vraiment de raison de s'épancher sur sa microarchitecture du moment que ses clients s'y retrouvent sur le plan du rapport coût/performances.
Reste à voir les types de tâches compatibles, mais Google évoque aussi bien les serveurs web et bases de données que les microservices, avec une compatibilité annoncée au lancement de Google Compute Engine, Google Kubernetes Engine, Dataproc, Dataflow et Cloud Batch, entre autres. L'objectif est clairement de couvrir le maximum de cas d'usage. Et les clients sont déjà au rendez-vous, avec des témoignages de CrowdStrike, Datadog, Elastic, Snap et WP Engine.
Ampere, grand perdant dans l'affaire ?
Si cette annonce est une bonne nouvelle pour les clients GCP, elle l'est moins pour Intel et AMD, pour qui les géants du cloud sont des clients à choyer. L'autre déconvenue est pour Ampere, qui avait signé fin 2022 un accord avec Google pour lui fournir ses CPU Arm. Il lui reste bien Oracle (qui a investi dans la start-up et devrait donc lui rester fidèle), mais les trois leaders mondiaux ont désormais tous une solution interne.
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