L'administration Biden publie une directive sur les commandes de GPU qui fait enrager Nvidia

L'administration Biden a donné le bâton pour se faire battre. A force de multiplier les mesures à l'encontre de la Chine, les entreprises technologiques, à commencer par Nvidia, crient à l'abus de pouvoir. Le géant est le principal impacté par la dernière règle imposée consistant à rationner les commandes de GPU suivant les destinations dans le monde.

Partager
L'administration Biden publie une directive sur les commandes de GPU qui fait enrager Nvidia

Nvidia n'en peut plus et tire la sonnette d'alarme. Trop c'est trop. "Pendant des décennies, le leadership dans les écosystèmes informatiques et logiciels a été la pierre angulaire de la force et de l'influence des États-Unis dans le monde. Le gouvernement fédéral s'est sagement abstenu de dicter la conception, la commercialisation et la vente d'ordinateurs et de logiciels grand public, moteurs essentiels de l'innovation et de la croissance économique", écrit le géant des puces en préambule de sa déclaration.

Aujourd'hui, cette avancée semble en péril, estime l'entreprise. "L'administration Biden cherche maintenant à restreindre l'accès aux applications informatiques courantes avec sa règle sans précédent et malavisée de "diffusion de l'IA", qui menace de faire dérailler l'innovation et la croissance économique dans le monde entier." Pour le concepteur, le gouvernement va trop loin, quitte à "saper le leadership de l'Amérique avec un ensemble de réglementations de plus de 200 pages, rédigées en secret et sans examen législatif approprié".

L'administration Biden donne un coup de massue à l'industrie de l'IA

Rembobinons un instant. Le projet dont parle Nvidia est le suivant : une règle finale provisoire sur la diffusion de l'intelligence artificielle. Bon nombre de rumeurs couraient à son sujet depuis des semaines. Dans un communiqué, la Maison Blanche affirme qu'elle a pour objectif de simplifier "les obstacles liés aux licences pour les commandes de puces" et de renforcer "le leadership américain en matière d'IA" tout en renforçant la sécurité nationale face à la menace émanant de l'empire du Milieu.

Cette règle remet surtout certains Etats en place, remettant les Etats-Unis au centre de l'échiquier mondial. "Aucune restriction ne s'applique aux ventes de puces à 18 alliés et partenaires clés". Selon un haut fonctionnaire de l'administration, ces fameux alliés sont les suivants : l'Allemagne, l'Australie, la Belgique, la Grande-Bretagne, le Canada, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Corée du Sud, la Suède et Taïwan.

Dans le détail, les commandes de puces avec une puissance de calcul collective allant jusqu'à environ 1700 GPU avancés ne nécessitent pas de licence et ne comptent pas dans les plafonds nationaux. Cela concerne la grande majorité des commandes, en particulier celles passées par des universités, des institutions médicales et des organisations de recherche à des fins manifestement inoffensives.

Les Etats-Unis rationnent les commandes de GPU dans le monde

Pour les commandes dépassant les 1700 GPU, les Etats-Unis ont prévu un statut pour le moins spécial : "Les entités qui répondent à des normes élevées de sécurité et de confiance et qui sont basées dans des pays alliés peuvent obtenir le statut "Utilisateur vérifié universel" (UVEU). Ce statut leur permet de placer jusqu'à 7% de leur capacité de calcul mondiale dans des pays du monde entier".

Si ces entités ne font pas partie de la liste des "alliés" mais ne sont pas pour autant "des pays préoccupants", ils pourront également demander un statut spécial intitulé "Utilisateur vérifié national" pour acheter l'équivalent de jusqu'à 320 000 GPU avancés sur deux ans. Concernant les entités non-VEU situées en dehors des alliés proches, les commandes passées pourront aller jusqu'à l'équivalent de 50 000 GPU avancés par pays.

Enfin, l'administration Biden a ajouté une règle permettant aux gouvernements de doubler leurs plafonds de puces (jusqu'à 100 000 GPU) : ils doivent pour cela signer des accords intergouvernementaux qui "cultivent un écosystème international de valeurs partagées concernant le développement et l'utilisation de l'IA". Arrangement que l'on pourrait aisément qualifier d'abus de pouvoir, le pays de l'oncle Sam ayant droit de vie ou de mort sur le sujet.

Une mesure "anti-Chine" qui ne passe pas du tout

Revenons-en à Nvidia. La gueulante poussée par le géant est claire : en imposant une telle règle, les Etats-Unis établissent des barrières fortes qui rendent quasi impossibles les échanges commerciaux avec des pays qui ne sont pas dans ses petits papiers, à commencer par la Chine. Ce contrôle bureaucratique qui s'étend de la conception et de la commercialisation des semi-conducteurs aux ordinateurs, en passant par les logiciels et les systèmes, a l'effet d'un rouleau compresseur sur l'innovation actuelle et à venir.

"En tentant de truquer les résultats du marché et d'étouffer la concurrence - l'élément vital de l'innovation - la nouvelle règle de l'administration Biden menace de dilapider l'avantage technologique durement acquis par l'Amérique", pointe Ned Finkle, vice-président des affaires gouvernementales chez Nvidia. Et saper l'innovation aurait un effet dévastateur sur la compétitivité mondiale du pays, devenu un parasite dans les échanges commerciaux internationaux.

Alors qu'elle touche à sa fin, l'administration Biden vient de se faire (au moins) un nouvel ennemi qui n'a qu'une hâte : être libéré de ses chaînes par la nouvelle administration Trump. La règle n'est pas applicable avant 120 jours, reste à savoir si le prochain gouvernement la laissera ou décidera de retourner à des politiques plus ouvertes sur le monde.

SUR LE MÊME SUJET

Sujets associés

NEWSLETTER L'Usine Digitale

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

CHERCHE TALENTS NUMERIQUE

Les formations USINE DIGITALE

Toutes les formations

ARTICLES LES PLUS LUS