La CGT des cadres ouvre le chantier de la transformation numérique du travail

L'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict CGT) réfléchit à la transformation numérique du travail : impact de l’utilisation des outils, droit à la déconnexion, nouveau contrats de travail, dialogue social… Elle en profite pour s’appliquer à elle-même la transformation en tentant de nouvelles formes d’organisation et d’interaction.

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La CGT des cadres ouvre le chantier de la transformation numérique du travail

La CGT cadres se lance. Le 28 janvier elle a organisé une rencontre sur le thème "le numérique, les entreprises et le travail". Pour en débattre, Ugict-CGT (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT) avait convié d’autres syndicats, des représentants de DRH de grands groupes comme Orange ou la SNCF, le Conseil national du numérique, la Fing (Fondation Internet Nouvelle Génération), etc.

Une journée qui a reflété la réflexion collaborative du syndicat sur les modes de travail, de réflexion, d’intervention, d’action autour de la transformation numérique du travail et sur les nouvelles formes de dialogue social à inventer à l’heure du digital. L’organisation travaille sur la façon dont le numérique transforme le travail avec ses outils comme le mail mais aussi à l’évolution du contrat de travail ou de l’organisation des entreprises à l’heure où des modèles de travailleurs non salariés se multiplient (Uber, Youtube, Amazon Mechanical Turk…)

Le droit à la déconnexion

La plongée dans cette transformation à grande vitesse reste difficile à appréhender. Le syndicat dit pour l’instant avancer à petits pas. Interrogée sur la protection sociale des nouveaux travailleurs que sont les chauffeurs Uber, ou les Mechanical turk d’Amazon, Marie-José Kotlicki, secrétaire générale, explique notamment : "pour commencer, nous travaillons sur le portage salarial. Il faut reconstruire une protection sociale avec une protection individuelle à responsabilité collective." Une approche pragmatique des impacts du numérique sur le travail.

Depuis septembre 2014 et durant un an, le Syndicat vont aussi mener une campagne pour le droit à la déconnexion numérique. Il associe la connexion hors des heures légales, à domicile ou durant les temps de transport, par exemple, à du travail dissimulé. L’organisation a d’ailleurs relancé Michel Sapin, ministre des Finances et des comptes publics, qu’elle avait saisi dès septembre pour mesurer l’ampleur de ce dernier.

"Toute connexion mérite salaire"

Parmi les outils utilisés pour la campagne, le slogan "toute connexion mérite salaire", mais aussi une démarche très numérique : l’envoi de mails entre 21 heures et 5 heures du matin sur la boîte professionnelle des travailleurs indiquant que s’ils ouvrent le message ils s’exposent à un burn out… Le syndicat étudie les méthodes de ses confrères étrangers comme l’allemand IG Metall. Celui-ci observe de près les mesures drastiques comme la coupure des serveurs en dehors des heures de travail, pratiquée sur un des sites de Vokswagen ou le marquage couleur des smartphones professionnels qui sont interdits de sortie de l’entreprise.

Transformer le dialogue social

L’organisation procède aussi à sa propre transformation, employant le numérique pour travailler et réfléchissant à de nouveaux modes de fonctionnement mieux adaptés aux nouvelles formes de travail, indépendantes par exemple. Outre l’envoi de mails aux salariés, il pratique parfois l’atteinte à la e-réputation d’entreprises, qui tentent de contourner les bonnes pratiques de dialogue social numérique. La campagne pour le droit à la déconnexion a été financée - non sans provoquer quelques critiques en interne - par une campagne de crowdfunding à hauteur de 15 000 euros. Mais l’Ugict CGT compte aller plus loin encore avec une plate-forme construite en partenariat avec d’autres syndicats français - et sans doute aussi européens - pour partager des idées sur des nouveaux droits d’utilisation libre et responsable des nouvelles technologies.

Emmanuelle Delsol

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