Le CEO de Cruise quitte le navire en plein naufrage
Alors que la filiale de GM dédiée à la conduite autonome enchaîne les coups durs depuis l’accident survenu début octobre, son CEO et fondateur Kyle Vogt démissionne.
"J'ai démissionné de mon poste", écrit Kyle Vogt, l'ex CEO de Cruise, dans un email adressé au personnel, envoyé le 19 novembre 2023, qu'il a aussi relayé sur les réseaux sociaux.
Il présente ensuite ses vœux de succès pour l'entreprise qu'il a créé dix ans plus tôt : "Cruise n’en est qu’à ses débuts et je pense qu’elle a un bel avenir devant elle. (…) Je suis profondément triste de ne plus travailler à vos côtés. Cependant, je sais que vous exécutez une feuille de route technologique pluriannuelle très solide et une vision produit passionnante, et j'ai hâte de voir ce que Cruise nous réserve dans son prochain chapitre". Il précise qu'il a l'intention de passer du temps avec sa famille et d'explorer de nouvelles idées.
Démission en pleine tempête
S’il n’a pas donné le motif de son départ (dont on ne sait pas s'il est volontaire ou non), on imagine sans peine qu'il est lié à la déchéance de Cruise. La start-up spécialisée dans la conduite autonome, rachetée par General Motors (GM) en 2016, est effectivement en très mauvaise posture depuis l'accident grave survenu début octobre impliquant un piéton.
S’en est suivie la suspension de toutes ses opérations aux Etats-Unis, des révélations alarmantes sur sa technologie et ses coûts de fonctionnement et l’arrêt de la production de sa future navette par GM. Une série de mésaventures qui s'était conclue, le 10 novembre, par des licenciements. Les employés qui nettoyaient, rechargeaient et entretenaient les véhicules autonomes ainsi que les employés du service client ont été congédiés.
Redoubler d'efforts en matière de sécurité
Selon une source proche citée par le média américain, Kyle Vogt avait présenté ses excuses au personnel pour les problèmes traversés par l'entreprise dans un courrier électronique envoyé la veille : "En tant que CEO, j'assume la responsabilité de la situation dans laquelle se trouve Cruise aujourd'hui. Il n'y a aucune excuse et ce qui s'est passé n'est pas édulcoré. Nous devons redoubler d'efforts en matière de sécurité, de transparence et d'engagement communautaire", avait-il expliqué. Le conseil d'administration a ainsi assuré qu'il ferait appel à un expert externe en la matière.
Deux nouveaux présidents
La directrice générale de GM, Mary Barra, a annoncé dans un autre email aux employés la nomination de Craig Glidden au poste de directeur administratif de Cruise, et de Mo Elshenawy à celui de directeur de la technologie. Ils co-présideront l'entreprise. "Nous continuons à croire fermement en la mission de Cruise et au potentiel de sa technologie alors que nous cherchons à rendre les transports plus sûrs, plus propres et plus accessibles", a-t-elle ajouté.
Les problèmes de Cruise risquent de déteindre sur le secteur
Ce qui est certain, c'est que la mauvaise situation de Cruise, très médiatisée, ne fait qu’empirer la réputation du secteur de la mobilité autonome, qui dépend pourtant de la confiance du public et des régulateurs. Elle pourrait ainsi avoir des répercussions sur les autres acteurs, notamment sur Waymo (division de Google), son principal concurrent.
Le 20 novembre soit le lendemain de l’annonce de la démission, le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg, a déclaré que le gouvernement fédéral ferait "tout ce qui est en son pouvoir" en utilisant les outils réglementaires existants, pour garantir que le robot-taxi de Cruise et les autres véhicules autonomes soient déployés en toute sécurité.
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