Le CEO de Mistral AI s'oppose à la régulation des modèles fondamentaux d'IA
Le secteur de l'intelligence artificielle est toujours en ébullition en attendant que l'Europe se décide quant à sa régulation. Alors qu'au delà de l'usage de l'IA, le Parlement envisage de réglementer ses modèles fondamentaux, le CEO de Mistral AI, Arthur Mensch, se positionne contre cette approche, qu’il juge inutile et insensée.
La réglementation sur l’intelligence artificielle continue de faire débat, en particulier depuis que l’on a appris que l’Europe envisageait d’ajouter à la régulation sur l’usage de l’intelligence artificielle (les applications), une réglementation sur la technologie en elle-même, soit sur les modèles fondamentaux.
Il y avait fort à parier que Mistral AI, la jeune pousse de l’IA qui a levé 105 millions d’euros cet été pour son alternative française et européenne à l’offre d’OpenAI n’y soit pas favorable, son CEO, Arthur Mensch, l’a clairement confirmé.
Inutile de mettre une pression sur les créateurs de modèles d’IA
Accusé de faire du lobbying pour influencer la proposition du Parlement européen et lassé d’entendre ces "extrapolations", il a décidé de clarifier sa position dans un post publié sur X (ex-Twitter) le 16 novembre 2023. Si le texte européen établit initialement une régulation de l’IA sur l’usage, il est désormais proposé un deuxième niveau de réglementation portant sur les modèles fondamentaux, c’est-à-dire les moteurs qui sous-tendent les applications d’IA.
Ce contre quoi Arthur Mensch se positionne, affirmant qu’il est inutile de mettre une pression directe sur les créateurs de modèles d’IA, et estimant que "le respect de la sécurité des produits d’IA affectera naturellement la façon dont sont développés les modèles fondamentaux".
Irréalisable et insensée
De plus, selon lui, couvrir toutes les utilisations qui pourraient découler de ces modèles fondamentaux est irréalisable, et n’aurait, quand bien même, pas beaucoup de sens car "la réglementation doit être proportionnelle au niveau de risque du cas d’utilisation". Ainsi, les logiciels de divertissement ne peuvent pas être réglementés de la même manière que les applications de santé, qui pourraient présenter des risques pour les patients.
Une approche qui admet des différences entre acteurs historiques et émergents
Par ailleurs, il affirme que si cette régulation à plusieurs niveaux part certainement d’une bonne intention, elle aura en réalité "un effet catastrophique". Selon lui, si l’introduction d’un seuil créé un espace d’innovation gratuit pour les petites start-up, cela admet aussi l'existence de deux catégories d'entreprises : "celles qui ont le droit d'évoluer, c'est-à-dire l'opérateur historique qui peut se permettre de faire face à de lourdes exigences de conformité, et celles qui ne le peuvent pas parce qu'elles ne disposent pas d'une armée d'avocats, c’est-à-dire les nouveaux arrivants". C'est le grand défi que pose ce texte depuis le départ...
"Nous voulons simplement des règles qui ne donnent pas un avantage injuste aux opérateurs historiques (qui se trouvent tous être non-Européen)", plaide-t-il. L’association France Digitale, le lobby des start-up françaises, qui dit participer de près à ces débats "pour représenter toutes les start up françaises qui n’ont pas les moyens de se payer un responsable des affaires publiques" semble du même avis. "Il faut réguler l’IA sur l’usage, c’est trop compliqué de réguler sur la technologie", a déclaré sa directrice Maya Noël à l’Usine Digitale.
Pas de critères établis ?
Arthur Mensch regrette par ailleurs qu’il n’y ait pas de règles établies (au-delà du terme "hautement capable") pour déterminer si un modèle comporte un risque systémique et doit être soumis à une réglementation lourde ou limitée.
"Dans sa forme actuelle, la loi européenne sur l’IA n’établit aucun critère de décision", affirme-t-il, taclant : "malgré tous ses pièges, le décret américain a au moins le mérite d’être clair en s’appuyant sur un seuil de calcul". L’idée est qu’un consensus final puisse être atteint d’ici la fin de l’année. Rien n’est moins sûr…
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