Les réactions s'enchaînent autour de la règle américaine sur l’exportation de GPU
De Nvidia à Oracle, en passant par la Commission européenne, la colère monte. Partout, l'incompréhension après la publication d'une telle règle sur l'exportation de technologies américaines, et plus précisément des GPU, précieux pour le développement de l'IA.
La colère gronde. Venue de Santa Clara par la voix de Nvidia ce 13 janvier, elle s'est progressivement étendue à l'ensemble du pays, réveillant les entreprises technologiques américaines et les différents consortiums auxquelles certaines d'entre elles sont rattachées. Ken Glueck, vice-président exécutif d'Oracle, s'est largement moqué des acronymes et statuts que l'administration Biden a inventé spécifiquement pour sa règle provisoire sur les exportations de GPU.
"Il existe un vieil adage à Washington selon lequel la nocivité d’une réglementation est directement proportionnelle au nombre de nouveaux acronymes créés". Ken Glueck fait ici référence au terme "utilisateur final validé" (validated End User ou VEU), lui-même comprenant deux sous-qualifications : Universal VEU (UVEU) et National VEU (NVEU) qui permettent chacune d'accéder à un nombre restreint de GPU. Il va même jusqu'à qualifier la décision prise l'administration sortante de "l'une des plus destructrices à avoir jamais frappé l’industrie technologique américaine".
Une seule règle qui ruine tout le travail établi grâce au CHIPS Act
La firme va même plus loin expliquant que ce cadre de diffusion pour l'IA vient saper tout le travail accompli avec le CHIPS Act et "a réussi à réduire de 80% le marché mondial des puces pour les entreprises américaines et à le céder aux Chinois" On l'aura compris, Oracle, tout comme Nvidia par la voix de Ned Finkle, son vice-président responsable des affaires gouvernementales, sont plus qu'agacés de cette mesure qu'ils jugent anti-concurrentielles et parasitaires dans les échanges commerciaux sur la scène internationale.
OpenAI, plus modéré, a rappelé que le pays avait besoin d'investissements extérieurs, tout en apportant des propositions de contrôle des exportations de modèles d’IA. Les voix de Google et Microsoft ne se sont pour l'heure, pas fait entendre. Elles font toutefois parler de l’association mondiale du commerce technologique ITI qui, elle, s'est exprimée.
Les regroupements d'entreprises se font entendre
L'ITI, consortium regroupant des pontes de la tech tels qu'Amazon, Apple, Cisco, Dell, Google, Meta, Microsoft ou encore TSMC, a donc appelé au réveil face à une règle "qui menace de fragmenter les chaînes d’approvisionnement mondiales et de décourager l’utilisation de la technologie américaine" et exhorte "l’administration Trump-Vance entrante à retirer la règle". Le président de l'ITI, Jason Oxman, a appuyé ses propos par une lettre adressée à la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo,?pour exposer les préoccupations de l'industrie et a ensuite adressé une lettre aux dirigeants du Congrès américain ce 12 janvier.
De son côté, la Semiconductor Industry Association (SIA) a exprimé son mécontentement : "Nous sommes profondément déçus qu’un changement de politique d’une telle ampleur et d’un tel impact soit précipité quelques jours avant une transition présidentielle et sans aucune contribution significative de l’industrie", déplore John Neuffer, président de l'association. "La nouvelle règle risque de causer des dommages involontaires et durables à l’économie américaine et à la compétitivité mondiale dans les semi-conducteurs et l’IA en cédant des marchés stratégiques à nos concurrents".
L'Europe se réveille
La colère s'est également étendue de l'autre côté de l'Atlantique, portée par deux européens : Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la souveraineté technologique, de la sécurité et de la démocratie depuis 2024, et Maroš Šef?ovi?, actuel commissaire européen au Commerce, à la Sécurité économique, aux Relations interinstitutionnelles et à la Transparence. "Nous sommes préoccupés par les mesures adoptées aujourd'hui par les États-Unis qui restreignent l'accès aux exportations de puces d'IA avancées pour certains États membres de l'UE et leurs entreprises", s'inquiètent-ils.
Rappelant la relation établie entre le vieux Continent et le pays de l'oncle Sam, ils enjoignent l'administration Biden à prendre du recul et à revenir sur sa règle : "Nous coopérons étroitement, en particulier dans le domaine de la sécurité, et nous représentons une opportunité économique pour les États-Unis, et non un risque pour la sécurité".
La vice-présidente exécutive et le commissaire européen ajoutent qu'ils sont "impatients de nous engager de manière constructive avec la prochaine administration américaine". L'arrivée de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis serait-elle finalement une bonne chose pour apaiser les tensions existantes sur la scène internationale ?
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