Si l'on s'en tient à ses ingénieurs, l'Europe a ses chances dans la bataille de l'IA
Le fonds de capital-risque Sequoia Capital a publié un atlas des ingénieurs en Europe, qui fait ressortir les spécialités des grandes villes européennes en matière de compétences informatiques. Paris est la 2e ville qui regroupe le plus d'ingénieurs après Londres.
Emmanuel Macron, lors de son passage au salon Viva Technologies, a expliqué que pour rester dans la course à l'intelligence artificielle, la France avait besoin "de talents, de calcul et de moyens". À l'échelle européenne, au moins, la bataille des talents est bien engagée, selon une étude du fonds américain de capital-risque Sequoia Capital.
L'Europe, un creuset de talents en IA eu égard à ses effectifs
Par rapport à son nombre total d'ingénieurs, l'Europe dispose de 30% d'ingénieurs en IA de plus que les États-Unis, et trois fois plus qu'en Chine. Qui plus est, ce sont des professionnels très qualifiés : 70% possèdent un PhD ou un MsC, 72% ont plus de 10 ans d'expérience. En tout, on compte quelque 200 000 ingénieurs disposant d'un bagage en IA en Europe, dont 43 000 sont vraiment des spécialistes du domaine.
Paris se défend bien de ce côté-là, même si elle n'arrive pas au niveau de Londres, Dublin (où se trouvent la plupart des sièges européens des Big Tech) et Zurich. La capitale profite notamment du fait que l'IA et la deep tech font partie des secteurs qui ont bénéficié des plus gros montants de levées de fonds au sein de la tech. Paris abrite 8000 start-up et 71 accélérateurs, dont Station F qui se revendique comme le plus gros campus de start-up mondial.
Paris, deuxième ville européenne en nombre total d'ingénieurs tech
L'étude de Sequoia ne porte pas que sur l'IA mais sur l'ensemble des compétences des ingénieurs de la tech en Europe. Sur les 3 millions d'ingénieurs logiciel présents en Europe, les deux villes qui en regroupent le plus sont Londres (269 700) et Paris (74 000). La capitale française est particulièrement riche en ingénieurs spécialisés en intelligence artificielle, data science, développement d'applications, sécurité, systèmes et en finance.
En revanche, avec seulement 15% de femmes dans cette population, la ville est loin de se classer parmi les championnes de la parité. Cela dit Édimbourg, première en la matière, ne compte que 23% de femmes parmi ses ingénieurs.
Chacun son avantage comparatif
Si l'on s'attarde sur les spécialités par pays, en termes de densité d'ingénieurs spécialisés par tête, Dublin s'affirme comme la championne la plus polyvalente avec ses compétences en data science, IA, finance, cybersécurité et cloud.
Lisbonne se distingue dans le développement d'applications (avec ses voisines Porto et Barcelone, très courue pour ses développeurs d'applis mobiles tout comme Berlin) et les bases de données. Les DevOps se recrutent à Amsterdam, les développeurs front end à Vilnius et Talinn, les graphistes et les spécialistes du jeu vidéo à Helsinki. Cambridge s'est fait une spécialité du hardware. Sans surprise, dans l'industrie (automobile, robotique, drones) on retrouve des villes allemandes : Stuttgart (également reconnue pour ses ingénieurs systèmes) et Munich.
Cette dispersion n'est pas un problème pour 59% des start-up européennes qui ont fait du travail hybride leur norme et possèdent des équipes distribuées un peu partout, ce qui leur permet d'accéder aux talents qui ne sont pas sur place. Ceci est particulièrement vrai pour les développeurs front-end et DevOps, que les entreprises n'hésitent pas à aller chercher à l'étranger, faisant par la même occasion converger progressivement les salaires.