SoundCloud fait machine arrière sur ses CGU autorisant l'utilisation de l'IA
Pris la main dans le sac sur des changements opérés en douce dans ses conditions d'utilisation afin de pouvoir entraîner des modèles d'IA sur les morceaux de musique ou podcasts hébergés sur sa plateforme, SoundCloud clarifie ses intentions. Son CEO, Eliah Seton, précise dans une lettre ouverte que la plateforme n'a jamais eu l'intention d'utiliser le contenu de ses utilisateurs. La clause a été re-modifiée en conséquence cette semaine.
Branle-bas de combat chez SoundCloud. Connu pour ses services de streaming musical, le Suédois a, il y a quelques jours, discrètement modifié ses conditions d'utilisation pour lui permettre d'entraîner l'IA sur l'audio que les utilisateurs téléchargent sur sa plateforme. "En choisissant d'uploader votre Contenu sur la Plateforme [...] en l'absence d'un accord distinct stipulant le contraire, vous acceptez explicitement que votre contenu puisse être utilisé pour enrichir, entraîner, développer ou alimenter des technologies ou des services d'intelligence artificielle dans le cadre de la fourniture des services".
En se servant du service wayback-machine, il apparaît que ces changements ont eu lieu le 12 février 2024. Oups. SoundCloud a toutefois ajouté une ligne pour se parer de toute attaque : "Afin d'éviter toute ambiguïté, ni SoundCloud ni aucun tiers n'est autorisé à utiliser, copier ou reproduire le contenu proposé sur la plateforme dans le cadre d'accords distincts qui est détenu ou contrôlé par des tiers titulaires de droits (y compris des œuvres d'art, images, logos, enregistrements audio et audiovisuels (et toute partie de ceux-ci), musiques, paroles et métadonnées) dans le but d'enrichir, d'entraîner ou de développer (ou d'alimenter) des technologies d'IA sans l'autorisation des titulaires de ces droits".
Pris la main dans le sac, la plateforme rétropédale
Conscient des potentiels problèmes auxquels la plateforme s'expose, son CEO Eliah Seton a pris la parole dans une lettre ouverte pour clarifier la façon dont le contenu peut ou non être utilisé à des fins d'entraînement de systèmes d'IA. "Il y a eu beaucoup de discussions autour de la mise à jour de nos Conditions d’utilisation 2024, qui visait à clarifier comment le contenu peut interagir avec les technologies d’IA sur la plateforme SoundCloud", commence-t-il, poursuivant par certaines clarifications.
"SoundCloud n’a jamais utilisé le contenu des artistes pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle. Ni pour la création musicale. Ni pour les grands modèles de langage. Ni pour quoi que ce soit qui chercherait à imiter ou remplacer votre travail. Point final. Nous ne développons pas d’outils d’IA générative, et nous n’autorisons pas non plus des tiers à collecter ou utiliser le contenu des artistes sur SoundCloud pour entraîner de tels modèles".
L'IA, une source de revenus non négligeable
Eliah Seton précise que la mise à jour des CGU de février 2024 visait à clarifier la manière dont SoundCloud peut utiliser l'IA en interne pour améliorer la plateforme, incluant des recommandations plus intelligentes, une recherche améliorée, des playlists personnalisées, le taggage de contenu et des outils anti-fraude. Selon lui, la confusion provient d'un "langage utilisé trop vague et pas assez clair".
Pourtant, le CEO de SoundCloud l'admet lui-même : il y a trois ans, la plateforme a fait l'acquisition de Musiio afin de renforcer ses capacités en IA et en ML. Elle a par la suite développé un algorithme de recommandation destiné aux abonnés Artist Pro, nous avons généré plus de 7 millions de recommandations de titres à de nouveaux auditeurs potentiels, générant ainsi un revenu supplémentaire.
Alors, certes, SoundCloud planche également sur l'aspect sécurité, notamment par la mise en place des protections, comme un tag "no AI" (pas d’IA), qui indique clairement que le contenu concerné ne peut pas être utilisé pour l’entraînement de modèles. Mais le fait est que durant la période allant du 12 février 2024 au 14 mai 2025, SoundCloud a pu utiliser le contenu téléchargé sur sa plateforme comme bon lui semble.
La révision de ses conditions d'utilisation faite cette semaine serait-elle un semblant de remord de la part de l'entreprise ? Ou est-ce la peur d'être attaqué en justice à l'instar de certaines start-up qui se sont spécialisées dans la production de musique par IA générative ? Le fait est que le patron de SoundCloud a tenu à rappeler sa position à plusieurs reprises dans cette lettre ouverte, affirmant que "l'IA doit soutenir les artistes, pas les remplacer". Les changements apportés aux conditions d’utilisation doivent apparaître dans les prochaines semaines. En attendant, ils sont disponibles à cette adresse.
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