Bruxelles accuse Microsoft d’abus de position dominante avec Teams
La Commission européenne a adressé au géant américain une “communication des griefs” faisant état d’une position dominante sur le marché mondial des applications SaaS. Elle reproche à Microsoft d’avoir lié de manière abusive son application Teams à sa suite Office, ne laissant aucune alternative à l’utilisateur.
La Commission européenne a envoyé ce 25 juin une “communication des griefs” à Microsoft, détaillant les pratiques du géant de l’informatique qu’elle juge anticoncurrentielles. Elle l’accuse d’occuper une position dominante au niveau mondial sur le marché des applications de productivité SaaS à usage professionnel, en raison de ventes liées abusives de son application Teams avec ses suites logicielles Office 365 et Microsoft 365.
“Un avantage indu par rapport à ses concurrents”
Depuis avril 2019, Microsoft lie Teams à ses principales suites logicielles. Pour la Commission européenne, cette stratégie restreint la concurrence sur le marché du SaaS. En outre, elle protège sa position sur le marché des logiciels de productivité et son modèle basé sur des suites logicielles, au détriment des éditeurs de logiciels indépendants. “Nous craignons que Microsoft puisse conférer à son propre application Teams un avantage indu par rapport à ses concurrents, en le liant à ses suites populaires pour les entreprises”, a déclaré dans un communiqué Margrethe Vestager, vice-présidente en charge de la concurrence.
La Commission estime que cet avantage de distribution accordé à Microsoft Teams a empêché les utilisateurs souscrivant à la suite logicielle Office 365 ou Microsoft 365 de choisir une autre alternative que Microsoft Teams. L’organe européen considère que cet avantage a pu “être davantage aggravé par les limitations d’interopérabilité” auxquelles sont confrontés les concurrents de Teams avec les logiciels Microsoft.
Microsoft a commencé à dissocier Teams d’Office
La “communication des griefs” est une étape formelle, qui ne préjuge pas de l’issue de l’enquête. Cette procédure avait été ouverte en juillet 2023, à la suite d’une plainte déposée par la plateforme Slack. Une seconde plainte avait été déposée quelques jours plus tard par l’éditeur allemand Alfaview, qui remettait aussi en cause cette pratique de vente liée.
L’organe européen souhaite désormais que le géant de l’informatique propose sa suite Office sans Teams à un prix inférieur à celui qu’elle avait proposé. Les concurrents de Teams insistent quant à eux sur davantage de transparence sur les conditions d’interopérabilité et une adoption plus facile. Microsoft avait commencé à dissocier Teams d’Office l’année dernière en Europe, puis au niveau mondial en avril. “Nous apprécions la clarté supplémentaire apportée aujourd'hui et nous nous efforcerons de trouver des solutions pour répondre aux préoccupations restantes de la Commission”, a déclaré Brad Smith, président de la firme.
Une amende pouvant théoriquement grimper à 21 milliards de dollars
Microsoft doit maintenant répondre aux points soulevés par la Commission européenne et peut demander à être entendu pour faire part de ses observations. Si, après cette étape, Bruxelles considère que l’infraction est caractérisée, le groupe américain s’expose à une obligation de revoir ses pratiques commerciales et à une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d’affaires annuel mondial. En 2023, Microsoft a généré un chiffre d’affaires global de 211,9 milliards de dollars.
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