Bruxelles dit non à l'acquisition d'eTraveli par Booking
La Commission européenne s'oppose au rachat d'eTraveli, un site de réservation de voyage aérien, par Booking. Elle juge que cette acquisition engendrerait des coûts plus élevés pour les consommateurs, une pratique contraire aux lois européennes sur la concurrence.
Les rumeurs étaient vraies. La Commission européenne a annoncé ce lundi 25 juin l'interdiction de l'acquisition par Booking de l'entreprise suédoise eTraveli, qui propose un site de réservation de billets d'avion, par un montant de 1,65 milliard d'euros. En effet, elle la juge contraire au règlement européen sur les concentrations car elle aurait permis à Booking de "renforcer sa position dominante sur le marché des agences de voyage en ligne dans le domaine hôtelier" engendrant "des coûts plus élevés pour les hôtels et, éventuellement, pour les consommateurs".
Booking et eTraveli sont deux prestataires de services d'agence de voyages en ligne ; le premier spécialisé dans l'hébergement et le second dans les voyages aériens. Le géant néerlandais exerce également ses activités sur le marché "des services de métarecherche" au moyen de sa plateforme de comparaison de prix Kayak.
Booking possède 60% des parts de marché
Dans sa décision, la Commission a constaté que Booking est l'agence de voyage en ligne dominante dans l'Espace économique européen avec une part de marché supérieure à 60%. Ainsi, les entreprises concurrentes ne sont pas en mesure d'exercer "une pression concurrentielle suffisante sur les prix", ce qui permet à Booking de facturer librement des commissions plus élevées aux hôtels. De plus, ce rachat lui aurait permis d'acquérir "un canal principal d'acquisition de clients" car les services d'agences de voyage en ligne dans le domaine aérien constituent le deuxième plus grand marché. En outre, en augmentant le trafic vers les plateformes de Booking et les ventes sur celles-ci, l'opération aurait renforcé "les effets de réseau" et accru "les barrières à l'entrée et à l'expansion", rendant plus difficile encore la naissance d'entreprises concurrentes.
A la suite de l'ouverture d'une enquête approfondie en novembre 2022, Bruxelles avait proposé à Booking d'apporter des mesures correctives pour valider le projet de rachat. Ces dernières n'ont pas répondu à ses attentes, a-t-elle fait savoir. La plateforme avait ainsi proposé de montrer aux consommateurs achetant des billets d'avion "un écran de choix" sur le page de règlement des vols affichant plusieurs offres d'hôtels issues de sites concurrents. En pratique, c'est Kayak qui aurait proposé quatre options hôtelières dans un menu déroulant. Pour être sélectionnées, les offres concurrentes devaient respecter plusieurs critères : respect des normes techniques et de qualité de Kayak et générer au moins 60% de leurs recettes totales en matière d'hébergement à partir de la vente de chambres d'hôtel.
La mesure correctrice ne convainc pas
Bruxelles a testé l'efficacité de cette option auprès des acteurs du marché concernés. Résultat : la mesure n'éliminait pas complètement les problèmes de concurrence car Kayak contrôlait la sélection et le classement des offres, les offres concurrentes n'étaient affichés que sur un écran et les engagements étaient difficiles à contrôler à cause du fonctionnement de l'algorithme de Kayak en tant que "boîte noire".
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