Les américains Macy's et Target, le français Carrefour... De nombreux distributeurs se sont laissés tenter par la technologie beacon et l'ont testée dans certains de leurs magasins. Ces balises sont capables d'interagir avec les téléphones compatibles, de les géolocaliser et de leur envoyer des informations contextuelles, comme un plan du supermarché par exemple ou encore des promotions sur le rayon surgelé dans lequel un mobinaute vient de pénétrer...
Mais jusqu'à présent, ces tests ne sont pas concluants, car rares sont les clients qui reçoivent les messages envoyés par ces petits appareils. Pour communiquer avec un téléphone, le beacon a besoin de deux choses. Première contrainte, le smartphone doit tout d'abord être connecté au Bluetooth. Ce standard de communication permet à deux appareils d'échanger des données à faible distance. Mais il est énergivore et n'a que peu d'utilité aujourd'hui dans la vie quotidienne des utilisateurs. Pour que leur téléphone garde au maximum sa batterie, de très nombreux mobinautes le coupent. Autant de personnes qui n'interagissent pas avec les beacons en magasin.
un commerce = une appli = trop d'applis !
Seconde contrainte, le client doit avoir téléchargé l'application de la marque chez laquelle il va faire ses emplettes et l'avoir autorisé à lui envoyer des notifications push (des messages qui arrivent sur son téléphone sans qu'il ne l'ait demandé). Rares sont les mobinautes à avoir sur leur smartphone l'application de chacune des boutiques dont ils franchissent le seuil.
"Ces deux freins majeurs à l'adoption généralisée du beacon par les distributeurs pourraient être partiellement levés dans le futur", affirme Emmanuel Vivier, rencontré par L'Usine Digitale au Big Retail Show, le grand rendez-vous new-yorkais des distributeurs organisé mi-janvier. Il est spécialisé dans le marketing et a cofondé le Hub Institute, un think tank digital qui accompagne les grandes entreprises dans l'accélération de leur transformation numérique.
la fin de la prise jack ?
Tous les smartphones sont aujourd'hui équipés d'une prise jack, qui permet notamment de brancher des écouteurs. Mais avec ses 3,5 millimètres de diamètre, elle empêche les fabricants de produire des téléphones plus fins.
Apple pourrait donc faire le choix, selon des rumeurs persistantes, de supprimer ce plug audio de son prochain appareil, l'iPhone 7.
"Les mobinautes qui veulent écouter de la musique devront alors s'équiper de casques Bluetooth... Cet outil se communication sera donc activé quand ils sont en déplacement et quand ils font leurs courses". Si l'ensemble des fabricants de smartphones ne feront pas forcément ce choix (et que tous les utilisateurs de smartphones ne se promènent pas dans les boutiques avec des écouteurs vissés sur les oreilles), il pourrait tout de même constituer une avancée pour les distributeurs qui veulent utiliser le beacon, en leur donnant accès à plus de téléphones.
passer par des applications tierces pour communiquer
En parallèle, les distributeurs pourraient communiquer avec leurs clients via des applications qui ne sont pas les leurs. "Ils pourraient louer à un tiers, qui dispose d'une application porteuse, avec des millions d'utilisateurs, un droit de passage. Les beacons de leurs magasins enverraient ainsi des notifications via ces applications tierces, aux smartphones des clients sur lesquels elles sont installées", explique Emmanuel Vivier.
"Les médias, qui peinent à monétiser leur audience, pourraient par exemple offrir aux marques un droit de passage sur leur appli (installée sur de nombreux téléphones), moyennant finance, poursuit-il. Apple et Google, qui pré-installent de nombreuses applications sur leurs OS mobiles pourraient également louer aux distributeurs un accès aux smartphones de leurs clients." Bientôt, la revanche des beacons ?