En Allemagne, Microsoft placé sous la surveillance renforcée de l'autorité de la concurrence

Relativement épargné par le Digital Markets Act européen, Microsoft n'échappera pas à une supervision renforcée en Allemagne. Lundi 30 septembre, le Bundeskartellamt, l’office fédéral de lutte contre les cartels, a en effet désigné le géant de Redmond comme “une entreprise d’importance majeure sur le marché, affectant la concurrence de manière significative”.

Cette désignation a été introduite par une loi votée en 2021, donnant davantage de pouvoir aux autorités de la concurrence allemandes. Celles-ci peuvent notamment intervenir plus tôt en cas de craintes de pratiques anticoncurrentielles, même si une position dominante n’est pas encore avérée. Apple, Amazon, Alphabet et Meta sont déjà concernés par cette surveillance.

Plus large que le DMA

“Les nombreux produits de Microsoft sont omniprésents dans les entreprises, les administrations et les foyers privés, justifie Andreas Mundt, le président du Bundeskartellamt. L'écosystème de Microsoft est aujourd'hui plus fort et plus étroitement interconnecté que jamais. L'ensemble de ses activités est désormais dominé par l'utilisation croissante du cloud et de l'intelligence artificielle, des technologies clés dans lesquelles il a consolidé sa position de force en développant ses propres produits et en nouant des partenariats”.

Cette désignation s’applique à l’ensemble des activités de Microsoft. Une différence majeure avec le DMA européen, qui vise à renforcer la concurrence dans le numérique. Celui-ci ne concerne en effet que les “services essentiels” des géants du secteur. Pour le groupe dirigé par Satya Nadella, seulement deux activités sont donc soumises à la législation: Windows et LinkedIn. “Sur la base de notre décision, nous pouvons mettre un terme aux pratiques anticoncurrentielles qui ne sont pas couvertes par le DMA”, souligne Andreas Mundt.

Intelligence artificielle et cloud

La Bundeskartellamt pourrait notamment se pencher sur le marché de l’intelligence artificielle, sur lequel Microsoft joue un rôle central en raison de son partenariat avec OpenAI, dont il est devenu le premier actionnaire. Sa plateforme de cloud Azure est en effet le distributeur exclusif des modèles du concepteur de ChatGPT, lui offrant un avantage concurrentiel crucial face à Amazon Web Services et Google Cloud.

Cette situation pourrait être d’autant plus problématique que Microsoft est aussi accusé par ses rivaux d’abus de position dominante dans le cloud. Ils lui reprochent notamment d’imposer des politiques tarifaires différentes et des restrictions techniques aux entreprises qui ne déploient pas sa suite Office ou son système Windows Server sur Azure. Google vient d’ailleurs de déposer une plainte devant Bruxelles.

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