Face à "l'insécurité", le gouvernement relance le débat sur la reconnaissance faciale
Gérald Darmanin, ministre de la Justice et ancien ministre de l'Intérieur, voit dans la reconnaissance faciale la solution pour lutter contre la délinquance. Quelques semaines auparavant, c'est son homologue des Transports qui avait soutenu l'utilisation de cette technologie. L'occasion de relancer ce sempiternel débat qui, pour l'instant, n'a pas trouvé d'issue.
"Si vous voulez une société secure, il faut la reconnaissance faciale", a déclaré Gérald Darmanin, ministre de la Justice, interrogé par Guillaume Pley, à la tête du média en ligne Legend, le 4 mai dernier, sur les solutions exploitables face à "l'insécurité" dénoncée par l'ancien locataire de Place Beauvau. Regrettant que cette technologie ne soit pas pleinement déployée sur le territoire, il a dénoncé "la paranoïa sur la technologie, les libertés publiques, la question des fichiers...".
Expérimenter la technologie dans les transports
Quelques semaines auparavant, c'est Philippe Tabarot, le ministre des Transports, qui avait soutenu la demande d'expérimentation de la reconnaissance faciale dans les transports en commun marseillais. Cette proposition avait été formulée par Martine Vassal, la présidente de la métropole d'Aix-Marseille Provence.
Pourtant, la reconnaissance faciale était considérée comme la ligne rouge à ne pas franchir lors de l'expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique, autrement dit le traitement d'images issues de la vidéosurveillance par des algorithmes d'apprentissage automatique. Cette technologie a été déployée durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. "Les traitements mentionnés au I du présent article n'utilisent aucun système d'identification biométrique, ne traitent aucune donnée biométrique et ne mettent en œuvre aucune technique de reconnaissance faciale", est-il écrit dans la loi du 19 mai 2023.
Un risque d'erreurs
Interrogée sur le soutien des deux ministres au déploiement de la reconnaissance faciale, Claire Hédon, la Défenseure des droits, a dénoncé "un risque d'atteinte aux libertés, mais aussi d'erreurs", au micro de Franceinfo. Elle rappelle la distinction entre la surveillance algorithmique et la reconnaissance faciale, mais également entre les différents cas d'usage de cette technologie. "Il y a déjà une forme de reconnaissance faciale quand vous ne passez pas devant la police des frontières mais devant une machine qui vous reconnaît. Là, c'est de fait de la reconnaissance faciale et ça ne pose pas de problème, c'est individuel", a-t-elle déclaré. Puis, elle a ajouté : "nous sommes en train de parler d'une chose banale [reconnaissance faciale dans les aéroports] qu'on voudrait étendre dans la rue mais on ne parle pas de la même chose".
Plusieurs aéroports et compagnies aériennes ont d'ailleurs testé la reconnaissance faciale pour fluidifier l'embarquement. Il s'agissait toujours d'expérimentations strictement encadrées et seulement pour les personnes volontaires. Les industriels planchent également sur cette technologie, comme Thales qui a développé des bornes déployées dans des aéroports à l'international.
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