Le CNNum plaide pour la création d'un "service public pour une éducation populaire au numérique"

Le Conseil national du numérique, après une année de débats en région visant à comprendre le rapport à la technologie des citoyens français, appelle le gouvernement a créer un "service public pour une éducation populaire au numérique" qui soutiendrait et coordonnerait les acteurs locaux engagés sur le sujet.

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Le CNNum plaide pour la création d'un
A la Roche-sur-Yon, en Vendée, le CNNum a été invité par la Fédération des centres sociaux et l'association "Le café germaine", qui possède un bus itinérant, pour aller à la rencontre des citoyens sur la place de la commune.

Après une tournée d’un an à la rencontre des citoyens et des acteurs de terrain, le Conseil national du numérique (CNNum) a publié un ouvrage intitulé Itinéraires numériques, le temps du débat, restitution des enseignements qu’il en a tirés ponctuée d’aiguillages et d’orientations à destination du gouvernement et des responsables locaux. En conclusion, la commission consultative indépendante plaide pour la création d’un "service public pour une éducation populaire au numérique". Celui-ci permettrait de coordonner l’ensemble des initiatives locales oeuvrant pour l’appropriation, par les citoyens, des outils et usages du numérique.

Une tournée d’un an organisée avec les acteurs locaux

Pour le mandat actuel démarré en 2021, le CNNum s’est donné pour mission d’interroger la relation de l’humain au numérique sous un prisme social et sociétal. C’était tout l’objet des voyages réalisés depuis un an. L’institution a organisé des débats dans des tiers-lieux, des mairies, des centres sociaux, des établissements scolaires, des places publiques ou encore des cafés associatifs.

"On a choisi les thèmes des interventions avec les acteurs locaux en fonction des besoins qu’ils avaient constatés chez leurs citoyens : démarches administratives dématérialisées, impact du numérique dans les dynamiques familiales, fake-news, violences en ligne, etc.", raconte Jean-Baptiste Manenti, responsable des relations avec les organisations territoriales pour le CNNum, qui a piloté le projet.

Lors d’un débat relatif à l’économie de l’attention et aux rapports que les enfants – et leurs parents – entretiennent avec les écrans, à Mulhouse, l’un des participants a fait part de son impression d’avoir perdu la main face à des outils dont il redoute l’influence sur l’avenir de ses enfants. À La Réole (Gironde), une dame s’interrogeait sur sa capacité à retrouver des documents alors que les guichets ferment : "où est passé mon extrait de naissance ? Où sont passés mes dossiers si tout est numérisé ?", avant d’exprimer ses difficultés à réaliser ses démarches en ligne.

Des enjeux émotionnels

Ce qu’il en ressort selon lui, c’est le caractère sensible du rapport des citoyens au numérique. "Il doit être considéré comme tel", insiste-t-il. "Au-delà de la maîtrise technique des outils et des usages, ce sont les impacts sociétaux (technologiques, économiques, psychosociaux, communicationnels, éducatifs, anthropologiques) du numérique qu’il faut prendre en compte". Il se lance dans une analogie avec la révolution automobile : "savoir conduire, savoir comment fonctionne un moteur, c’est une chose, mais il faut surtout comprendre comment la voiture a changé notre manière d’aller au travail, de se sociabiliser, de consommer."

Selon lui, cet enjeu émotionnel ne peut être traité que par la discussion. "À la Roche-sur-Yon, en Vendée, on a été invités par la fédération des centres sociaux et leur association. On s’est installé sur la place publique et avec des pancartes aux punchlines un peu provocatrices et de la citronnade fraîche, on a interpellé et fait réagir les passants. On a discuté avec une soixantaine de personne dans la journée, de tous âges et de tous milieux, sur leur rapport au numérique", raconte-t-il. "Il n’y a qu’ainsi que l’on peut combattre l’isolement et désamorcer les éventuelles angoisses".

Des initiatives locales à coordonner au niveau départemental

Il l’assure, ces initiatives existent déjà partout en France, à travers les associations, éducateurs, médiateurs numériques, enseignants… Mais ce maillage éparpillé et fragile doit être soutenu et structuré par le gouvernement pour ne pas s’essouffler. "La responsable d’une structure de médiation qui faisait fonctionner un bus itinérant nous disait par exemple avoir beaucoup de mal à obtenir les autorisations de la préfecture pour se garer sur la place du village ou à la sortie des établissements scolaires", explique Jean-Baptiste Manenti.

Par ailleurs, il considère que le fonctionnement par appel à projet aujourd’hui souvent privilégié par l’Etat est à reconsidérer, car il met en compétition les différents projets et ne leur permet pas d’être pérennisés.

Le CNNum plaide ainsi pour la création d’un "service public pour une éducation populaire au numérique", qui permettrait de mobiliser et de rassembler ces initiatives. "Nous devons capitaliser sur ces acteurs de terrain qui existent et savent mettre en œuvre des solutions adaptées aux spécificités et aux besoins des publics qui sont les leurs. Il faut une impulsion nationale au service de l’action locale, une coordination très souple et très décentralisée avec un coordinateur départemental sur chaque territoire, qui aille au contact de ces acteurs, leur apporte un soutien administratif, humain et financier, les alimente (avec des formations par exemple) et renforce par là-même leur légitimité". Reste à savoir comment le gouvernement se saisira de cette proposition.

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