Meta en proie au chaos après la réorganisation de ses équipes IA

Après une vague de recrutements, Meta a la tête qui tourne : sa dernière réorganisation a libéré la parole de certains chercheurs qui pointent du doigt une mauvaise gestion des équipes et des ressources. Certains ont même décidé de claquer la porte alors qu'ils n'étaient là que depuis deux mois seulement. Pis, son accord avec Scale AI, dont le fondateur dirige désormais ses équipes, ne porterait pas ses fruits. Retour sur le feuilleton de l'été qui ne semble pas vouloir s'arrêter.

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Meta en proie au chaos après la réorganisation de ses équipes IA

Les gossips ne prennent pas de vacances dans la Silicon Valley. Preuve en est avec Meta qui, une fois encore, semble avoir bien du mal à se dépêtrer de la drôle de situation dans laquelle il s'est mis. Sa nouvelle division dédiée à l'intelligence artificielle, baptisée Meta Superintelligence Labs, est en effet en proie à plusieurs crises internes.

Un ancien VP de Scale AI se fait la malle

Ruben Mayer, ancien SVP chargé des produits d'IA générative et des opérations de Scale AI, embarqué par Alexandr Wang, fondateur de la start-up, pour diriger MSL avec lui, aurait déjà quitté Meta après seulement deux moins au sein de l'entreprise. Nos confrères de TechCrunch rapportent que Ruben Mayer supervisait les équipes chargées des opérations de données pour l’IA, mais ne faisait pas partie du TBD Labs, l’unité centrale de Meta chargée de développer une "superintelligence artificielle", où ont notamment atterri certains des meilleurs chercheurs d’OpenAI.

Toutefois, ce dernier a démenti certains détails concernant son rôle, affirman que sa mission initiale était "d’aider à mettre en place le laboratoire, en fonction des besoins" plutôt que de se concentrer sur les données, et qu'il "a fait partie de TBD Labs dès le premier jour". Il a également précisé qu’il "ne rendait pas directement compte à [Wang]" et qu’il était "très satisfait" de son expérience chez Meta, précisant qu'il a quitté l’entreprise pour une "raison personnelle".

Un management qui froisse certains cerveaux

Par ailleurs, l’unité IA de Meta est devenue de plus en plus chaotique depuis l’arrivée d'Alexandr Wang et des nouvelles recrues débauchées à prix d'or. Certains d'entre eux expriment une certaine frustration face à la bureaucratie d’une grande entreprise. La semaine dernière, le Financial Times relatait de plus que le style de leadership d’Alexandr Wang a froissé certaines personnes. Elles soulignent qu’il n’a pas d’expérience préalable dans la gestion d’équipes au sein d’une très grande entreprise.

En outre, cette restructuration a partiellement mis à l’écart d’autres dirigeants de Meta, l'équipe historique d'IA générative de Meta ayant vu son champ d'action réduit. Yann LeCun, scientifique en chef de l’IA chez Meta, conserve ainsi son poste au sein de FAIR mais relève désormais d'Alexandr Wang plutôt que directement de Mark Zuckerberg.

Ahmad Al-Dahle, qui dirigeait les efforts de Meta sur Llama et l’IA générative plus tôt dans l’année, n’a pas été nommé à la tête d’une équipe. Chris Cox reste directeur des produits, mais plus de l'IA. Alexandr Wang rend directement compte à Zuckerberg, ce qui exclut le directeur produits de la supervision de l’IA générative, un domaine qui relevait auparavant de sa responsabilité. Meta a précisé que ce dernier "reste fortement impliqué" dans les efforts plus larges de l’entreprise en matière d’IA, y compris la supervision des systèmes de recommandation.

D'autres départs annoncés au compte-goutte

Rishabh Agarwal, chercheur en IA chez MSL, fait partie des derniers en date à annoncer son départ, publiant sur X le 25 août dernier qu’il quittait l’entreprise. "La proposition de Mark et d'Alexandr Wang de construire [l’IA] au sein de l’équipe Superintelligence était incroyablement convaincante, a-t-il écrit. Mais j’ai finalement choisi de suivre le conseil de Mark lui-même : "Dans un monde qui change si vite, le plus grand risque que vous puissiez prendre est de ne prendre aucun risque"."

D'autres chercheurs ont suivi le mouvement, à l'exemple d'Ethan Knight, un scientifique spécialisé en apprentissage automatique qui avait rejoint l’entreprise il y a quelques semaines à peine. Un autre, Avi Verma, ancien chercheur chez OpenAI, aurait suivi le processus d’intégration de Meta mais ne se serait jamais présenté à son premier jour de travail, relève le FT. Enfin, Chaya Nayak, directrice de la gestion des produits pour l’IA générative, et Rohan Varma, ingénieur de recherche, ont également annoncé leur départ de Meta ces dernières semaines.

Scale AI n'est plus l'unique fournisseur de données

Au-delà des changements de personnel, la relation entre Meta et Scale AI semble évoluer. La division TBD Labs de Meta travaille désormais avec d’autres fournisseurs tiers d’étiquetage de données, en plus de la start-up, pour entraîner ses futurs modèles d’IA. Parmi eux figurent Mercor et Surge, deux des principaux concurrents de Scale AI. S'il n'est pas si étrange que de multiplier les fournisseurs, il est rare qu’un laboratoire d’IA investisse autant dans un seul fournisseur.

La situation est d'autant plus complexe : Meta, même après avoir investi 14,3 milliards de dollars dans l'entreprise, soit 49% des parts, ne semble pas considérer les données de Scale AI comme étant de meilleure qualité et préfèrent travailler avec Surge et Mercor. Seul hic : Scale AI n'a pas autant de marge de manoeuvre que le géant des réseaux sociaux et ne peut se permettre de perdre un tel client. Ce même client qui, rappelons le, a fait fuir d'autres entreprises comme Google et OpenAI.

Mi-juillet, la start-up a même du procéder à un dégraissage de ses équipes, invoquant une tendance passée à la "bureaucratie excessive". Elle s'est ainsi séparée de 14% de ses effectifs, en licenciant 200 personnes dans son activité d'étiquetage de données et en cessant de travailler avec 500 sous-traitants. Elle affirme toutefois qu'elle embauchera de nouvelles personnes avant la fin de l'année.

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