Cloud : Microsoft dénonce les "campagnes secrètes" de Google pour influencer les régulateurs
Le géant de Redmond explique que son rival va lancer une nouvelle organisation sur le cloud en Europe, conçue pour le "discréditer auprès des autorités de la concurrence, des décideurs politiques et pour tromper le public".
Jérôme Marin
Mis à jour
29 octobre 2024
Microsoft contre-attaque. Accusé par Google de pratiques anticoncurrentielles sur le marché du cloud computing, et ciblé par une plainte déposée devant la Commission européenne, le géant de Redmond a dénoncé lundi 28 octobre le jeu d’influence de son grand rival.
“Cette semaine, un groupe d'astroturfing (pratique déloyale de propagande et de manipulation, ndlr) organisé par Google va être lancé. Il est conçu pour discréditer Microsoft auprès des autorités de la concurrence, des décideurs politiques et pour tromper le public”, indique Rima Alaily, la directrice juridique adjointe de l’entreprise, qui explique avoir été prévenue par un fournisseur européen qui a refusé de rejoindre ce nouveau lobby.
“Tentative ratée" d'instrumentalisation
“Google a déployé de grands efforts pour dissimuler son implication, son financement et son contrôle, notamment en recrutant une poignée de fournisseurs de cloud européens pour servir de visage public à la nouvelle organisation”, poursuit Rima Alaily. Elle y voit un moyen de détourner l'attention sur les propres difficultés antitrust de Google. Et aussi "de faire pencher le paysage réglementaire en faveur de ses services cloud plutôt que de rivaliser sur le fond."
Microsoft rappelle aussi la “tentative ratée d'instrumentaliser” le CISPE, un lobby regroupant plus d'acteurs européens du cloud (et aussi Amazon Web Services). Cet été, Google avait demandé à ses membres de rejeter une proposition d’accord à l’amiable avec Microsoft, pour mettre un terme à une procédure lancée à Bruxelles. Selon Bloomberg, le moteur de recherche leur avait promis 470 millions d’euros pour qu’ils refusent l’offre de leur rival.
Plainte à Bruxelles
Dans la foulée, Google a décidé de s’engager plus directement dans le combat. En septembre, le groupe de Mountain View s’est plaint officiellement auprès de la Commission européenne. Il reproche à son compétiteur des pratiques anticoncurrentielles, visant à pousser les clients d’Office et Windows Server à utiliser son offre de cloud Azure. Cela passerait par une politique tarifaire double et par des restrictions technologiques.
Microsoft reproche aussi à Google d’être “l'un des principaux bailleurs de fonds de la Coalition for Fair Software Licensing”, une association américaine qui a lancé des attaques contre Azure. “Cette organisation est dirigée par un lobbyiste bien connu de Google à Washington, mais l'affiliation de Google n'est pas divulguée publiquement par l'organisation", assure Rima Alaily.
La responsable souligne aussi que Google “finance, directement et indirectement, divers commentateurs de l'industrie et universitaires pour attaquer Microsoft et rédiger des études pouvant être citées afin de nous discréditer”.
L'Usine Digitale a été contacté par Google pour réagir à cette information. "Nous avons fait part très publiquement de nos préoccupations concernant les licences logicielles cloud de Microsoft. Nous, tout comme de nombreux autres acteurs, pensons que les pratiques anticoncurrentielles de Microsoft enferment les clients et créent des effets négatifs en aval qui ont un impact sur la cybersécurité, l’innovation et le libre choix (...)", a déclaré un porte-parole de Google Cloud.
SUR LE MÊME SUJET
Cloud : Microsoft dénonce les "campagnes secrètes" de Google pour influencer les régulateurs
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir