Antitrust : Le lobbying européen du cloud s'attaque à l'acquisition de VMware par Broadcom
L'association professionnelle européenne de fournisseurs de cloud a déposé un recours devant la justice pour obtenir l'annulation de la décision de la Commission européenne ayant autorisé le rachat de VMware par Broadcom. Ils dénoncent des effets anticoncurrentiels pour les clients et les prestataires.
Le rachat de VMware par Broadcom n'a pas fini de faire des vagues. Le 24 juillet 2025, le Cloud Infrastructure Service Providers in Europe (CISPE) - l'association européenne de fournisseurs d'infrastructures cloud - a déposé un recours devant le Tribunal de l'Union européenne. L'objectif est d'obtenir l'annulation de la décision de la Commission européenne ayant autorisé cette opération.
Pour rappel, Broadcom est une entreprise américaine spécialisée dans les semi-conducteurs. Elle a finalisé en novembre 2023 le rachat de VMware, une société californienne incontournable dans le domaine de la virtualisation, dont les technologies sont utilisées dans la majorité des data centers pour faire fonctionner les environnements cloud. Ses produits sont omniprésents, ce qui rend difficile pour de nombreux clients de migrer vers des solutions alternatives sans coûts ni risques techniques importants.
Une sous-estimation des effets anticoncurrentiels
Le CISPE, composé de NumSpot, OVHcloud, Outscale mais également AWS et Microsoft, juge que la Commission européenne a commis une erreur manifeste de droit et une sous-estimation des effets anticoncurrentiels en donnant son feu vert à l'acquisition sans exiger de mesures correctives. Bruxelles aurait ainsi failli dans son rôle d'arbitre.
Depuis la finalisation de son acquisition, Broadcom a revu en profondeur les conditions d'accès aux logiciels de VMware. Plusieurs fournisseurs ont ainsi vu leurs contrats résiliés avec seulement quelques semaines de préavis. Les nouvelles offres imposent des hausses de prix drastiques, jusqu'à 10 fois plus élevées, et des engagements pluriannuels contraignants.
De nouvelles restrictions
En juillet dernier, le géant américain a introduit de nouvelles restrictions, interdisant à certains prestataires, notamment de petite taille, de revendre des services basés sur VMware.
Si le CISPE s'attaque à cette situation, c'est qu'il la subit. En effet, ses membres prennent de plein fouet les conséquences économiques de cette opération. Ils sont confrontés à des hausses et une perte de flexibilité dans leur infrastructure informatique. Tandis que les hyperscalers américains peuvent suivre, les fournisseurs plus petits se retrouvent étouffés par des conditions contractuelles et tarifaires intenables.
Des conséquences au-delà des fournisseurs de cloud
"La domination des logiciels VMware sur le marché de la virtualisation signifie que les nouvelles conditions de licence abusives imposées par Broadcom affectent la quasi-totalité des organisations européennes utilisant le cloud", a déclaré Francisco Mingorance, secrétaire général du CISPE. Il ajoute qu'au-delà des fournisseurs de services cloud, les nouvelles conditions imposées par Broadcom pèsent aussi sur les clients finaux : collectivités territoriales, établissements de santé, universités ou encore PME, qui voient leurs coûts d’infrastructure exploser sans possibilité immédiate d’en changer.
L'association affirme avoir multiplié les alertes auprès de la Commission européenne, en particulier auprès de la Direction générale de la concurrence, tout au long du processus. Elle dénonce aujourd'hui un manque d'écoute et d'action ainsi que l'impossibilité de négocier avec Broadcom.
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