Kolet lève 5 millions d’euros pour permettre aux voyageurs internationaux d’être connectés à moindre coût
La start-up Kolet, fondée il y a quelques mois par quatre entrepreneurs de la French Tech, propose une offre de cartes eSIM pour faire face au coût parfois exorbitant des données mobile à l’étranger. Après le lancement de son application en version bêta, elle souhaite nouer davantage de partenariats avec les professionnels du voyage, développer son service client et agrandir ses équipes.
1,3 milliard : c’est le nombre d’arrivées de touristes internationaux enregistrées dans le monde en 2023, d’après le dernier décompte de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Un chiffre proche du record de 2019, avec 1,46 milliard d’arrivées. Fort de ce constat, Eduardo Ronzano, Anne-Carole Coën, Jérémy Gotteland et Mehdi Chraibi, tous entrepreneurs de la French Tech, ont décidé de créer Kolet. Une application proposant des cartes eSIM à petit prix, pour éviter le hors-forfait des voyageurs internationaux.
Après avoir été fondée l’été dernier et avoir lancé une version bêta test de son application en décembre, la start-up a annoncé, le 12 mars, une levée de fonds en seed de 5 millions d’euros. Le tour de table a été mené par la société française de capital-risque Daphni et le fonds d’investissement britannique 9900 Capital.
Une carte dématérialisée qui fonctionne de pair avec la carte physique
Dans le monde, 70% des voyageurs internationaux n’ont pas accès à la data. Pour d’autres, activer les données mobiles à l’étranger peut s’avérer très coûteux, rien que pour recevoir des notifications. “Le marché des télécoms manque de transparence, et n’a pas été animé par la volonté de montrer une bonne expérience client, relève Anne-Carole Coën, CMO chez Kolet et ancienne CMO chez Swile. Cela nous a montré le champ des possibles, et nous a donné envie de créer Kolet.”
Concrètement, la start-up propose aux voyageurs internationaux d’installer une eSIM, soit une carte SIM dématérialisée, en quelques minutes avec le scan d’un QR Code. Une fois à l’étranger, les données mobiles sont routées vers cette eSIM, qui fonctionne en parallèle avec la carte SIM physique. Il est alors possible de conserver son numéro. Kolet propose minimum 1 Go de données, dont le prix varie selon les pays (4 € en Europe, aux États-Unis et au Canada). Ce prix au Go est dégressif à mesure que la quantité de données achetées augmente.
Nouer des partenariats avec les acteurs du monde du voyage
“Nous tissons des partenariats avec des sociétés du monde des télécoms qui nous donnent accès aux meilleurs réseaux, partout dans le monde, explique Eduardo Ronzano, CEO de Kolet et cofondateur de la plateforme de réservation KelDoc. Les touristes internationaux voyageant en France ont accès au meilleur des réseaux entre Bouygues, SFR et Orange.”
La jeune pousse génère une marge entre le prix auquel elle vend les données et son coût réel, en partageant une partie de cette marge avec ses partenaires. Kolet estime à 1,6 milliard le nombre d’appareils compatibles eSIM dans le monde, qui pourrait grimper à 3,6 milliards d’ici à la fin de l’année. Elle revendique être déjà présente dans plus de 130 pays.
Pour se démarquer de ses concurrents, comme la société basée à Singapour Airalo, qui propose essentiellement une offre B2C, Kolet fonctionne davantage sur une stratégie B2B2C, en nouant des partenariats avec les acteurs du monde du voyage. Ce peut être le cas d’agences de voyages en ligne, de compagnies aériennes, d’acteurs de l’hébergement ou de médias spécialisés dans le voyage. La start-up a d’ores et déjà conclu des accords avec Resaneo, centrale de réservation de billets à destination des agences de voyage, et Ulysse, plateforme de réservation de billets d’avion pour les particuliers. “Nous nous insérons dans le flux d’achat de ces acteurs pour offrir 1 Go, complète le CEO de Kolet. Le partenaire peut ainsi l’offrir à tous ses clients.”
Passer le cap du million d’utilisateurs d’ici à la fin de l’année
Avec cette levée de fonds, la start-up compte démocratiser l’accès à ses eSIM aux voyageurs internationaux. Elle vise le million d’utilisateurs d’ici à la fin de l’année. Pour l’heure, sa version bêta test a réuni quelques centaines d’utilisateurs, dans une soixantaine de pays. La jeune pousse souhaite également multiplier ces partenariats avec les acteurs du monde du voyage. Elle affirme avoir déjà conclu des accords avec des compagnies aériennes.
“Nous allons mettre l’accent sur le service client, ajoute Eduardo Ronzano. Nous proposons à la fois un chat, où nous pouvons donner des guides d’utilisation de l’application. Pour la personne qui n’est pas technophile, un agent peut demander l’accès pour voir l’écran, et la guider ensuite.” La start-up réfléchit également à ouvrir automatiquement des chats, en cas d’abandon d’un utilisateur sur une fonctionnalité de l’application.
Kolet planche enfin sur un projet d’une “bourse de data” : “Souvent, lorsque vous achetez des packages, vous ne consommez pas toute la data, note le CEO de Kolet. Nous souhaiterions créer une bourse de data, où le montant de data non utilisé serait reversé dans cette bourse. Derrière, nous pourrions donner accès au tiers de la population mondiale qui n’en dispose pas.” Pour ce faire, la start-up compte passer par des associations ou ONG.
