HTC annule le casque VR qu'il devait sortir pour Google afin de se concentrer sur sa propre plate-forme

HTC vient d'annoncer qu'il ne sortira finalement pas le casque de réalité virtuelle tout-en-un sur lequel il travaillait avec Google. Une version réalisée entièrement par HTC, baptisée Vive Focus, sortira néanmoins sur le marché chinois. L'appareil servira de cheval de troie pour la plate-forme ouverte Vive Wave, dont le constructeur espère faire une référence en Chine. Ce changement de stratégie témoigne des difficultés financières du constructeur, conséquence de sa dégringolade dans le marché des smartphones, et de sa transition vers un nouveau business model.

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HTC annule le casque VR qu'il devait sortir pour Google afin de se concentrer sur sa propre plate-forme
Le casque HTC Vive Focus ne sortira qu'en Chine.

Google avait annoncé un passage à la vitesse supérieure en matière de réalité virtuelle en mai dernier avec l'annonce de deux casques tout-en-un pour son écosystème Daydream. L'un devait être fabriqué par Lenovo, l'autre par HTC. HTC, qui s'était s'imposé comme un acteur majeur de la VR sur PC en 2016 grâce à son partenariat avec Valve, s'appuyait ce faisant sur une autre plate-forme pour le marché mobile.

Google et HTC avaient affiché l'objectif ambitieux de sortir ce casque sur le marché fin 2017. On sait désormais qu'il n'en sera rien. Les deux entreprises ont confirmé publiquement (après l'avoir annoncé à TechCrunch) que le casque ne verra pas le jour. HTC sortira néanmoins sa propre version du casque, baptisé HTC Vive Focus, sur le marché chinois. Cette dernière utilisera sa propre plate-forme et boutique d'applications, Viveport.

Un partenariat peu avantageux pour HTC

Aucune explication n'a été donnée par les deux parties, mais il n'est pas difficile d'imaginer le pourquoi de cette décision. La situation financière de HTC est en effet assez sombre. Le constructeur a récemment vendu 70% de sa R&D à Google pour 1,1 milliard de dollars, une opération sonnant comme une pré-sortie du marché des smartphones, même si quelques appareils verront le jour en 2018. Le problème, c'est que le marché de la réalité virtuelle ne génère aujourd'hui pas suffisamment de revenus pour assurer la pérennité d'une entreprise de la taille de HTC. Ce n'est pas un secret : l'électronique grand public est de manière générale un marché très difficile car les marges y sont extrêmement faibles. Le marché des smartphones en est l'exemple type, seules quelques rares entreprises y générant des profits.

La stratégie suivie par HTC pendant longtemps – construire du matériel en s'appuyant sur la plate-forme d'un autre acteur (SteamVR sur PC, Android sur smartphones, Daydream pour le casque VR autonome) – n'est donc tout simplement plus viable. Elle doit se concentrer sur ses profits, et cela passe nécessairement par l'utilisation de sa propre plate-forme (car c'est bien là que se trouvent les bénéfices, via la boutique d'applications).

Le casque Daydream de Lenovo est toujours prévu

On peut supposer que le partenariat offert par Google à HTC n'était pas suffisamment intéressant pour justifier une sortie sur les marchés occidentaux, d'autant qu'on sait d'avance que la concurrence y sera rude. Lenovo va proposer un produit similaire, basé sur la même technologie, et dispose d'une stabilité financière conséquente qui lui permettra de proposer son produit moins cher si besoin, et d'en assurer une meilleure distribution et promotion commerciale. Google n'a donc pas d'intérêt à financer outre mesure le casque HTC, tandis qu'HTC risquerait très gros en finançant tout elle-même.

Oculus met la pression sur les prix

A cela vient s'ajouter Oculus Go, un casque technologiquement moins avancé sur certains aspects mais qui sera commercialisé au prix imbattable de 199 dollars. Cette approche de démocratisation risque de faire beaucoup d'ombre aux casques de Google car ils pourraient être jusqu'à deux fois plus chers sans pour autant présenter tant d'avantages que ça (ils auront notamment le même genre de contrôleur limité à un tracking sur trois axes).

Oculus, start-up pionnière de la réalité virtuelle grand public, a l'avantage de bénéficier du portefeuille sans fond de Facebook, qui l'a racheté en 2014. Sa "vision sur dix ans" lui permet de faire fi de la profitabilité de son matériel à court terme, d'autant qu'elle tire des bénéfices des vente de jeux sur sa plate-forme propriétaire. Après avoir pris un peu de retard face à HTC sur le marché PC en 2016, Oculus l'a facilement rattrapé (voire dépassé) à l'aide de baisses de prix importantes sur son casque Rift, mettant une pression financière considérable sur HTC. En parallèle, l'arrivée des nombreux casques de l'écosystème Microsoft et d'acteurs haut de gamme spécialisés comme StarVR rendent la situation encore plus difficile pour le constructeur taïwanais.

HTC se concentre sur sa propre plate-forme

HTC développe sa propre boutique, Viveport, depuis un moment déjà. Mais elle ne pèse rien face à Steam en Occident. La seule solution pour l'entreprise est donc un repli sur le marché chinois dans l'immédiat. Elle y a déjà rencontré un beau succès grâce à la diversification de ses activités VR (marché du smartphone, de la salle d'arcade, de l'éducation, de l'entreprise). En conséquence, parallèlement à l'annonce du Vive Focus, le constructeur a dévoilé Vive Wave, qu'il décrit comme une plate-forme ouverte pour la réalité virtuelle mobile.

HTC aurait déjà séduit douze partenaires constructeurs avec Vive Wave, qui combine spécifications matérielles et optimisations logicielles : Quanta, Pico, Pimax, Thundercomm, 360 QiKU, Baofeng Mojing, Coocaa, EmdoorVR, Idealens, iQIYI, Juhaokan et Nubia. Evidemment, utiliser Vive Wave signifie aussi qu'ils intégreront la boutique Viveport dans leurs produits. L'objectif affiché du Taïwanais est d'unifier sous sa bannière l'écosystème très fragmenté de la réalité virtuelle en Chine. Vive Wave et Viveport fonctionnent avec une multitude d'appareils qui vont d'accessoires dans lesquels on glisse un smartphone à des casques qu'il faut relier au smartphone par câble et jusqu'aux casques tout-en-un. Et pour les développeurs, HTC veut simplifier le portage d'applications SteamVR, GearVR ou Daydream vers Vive Wave.

La nouvelle stratégie de HTC est ambitieuse mais aussi très sensée. L'entreprise dispose déjà d'un leadership en Chine et n'y subit pas la pression des acteurs occidentaux. Si elle réussit à y devenir la plate-forme VR de référence, on pourrait assister à un véritable renouveau. Pour autant, le succès n'est pas garanti. HTC devra à terme faire face à d'autres grands acteurs sur ce marché, qu'il s'agisse de Huawei, Alibaba, Tencent ou même Xiaomi, qui serait le partenaire constructeur d'Oculus pour le casque Go, et prévoirait d'en sortir sa propre version en Chine.

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