Bruxelles ouvre une enquête sur le rachat d'Autotalks par Qualcomm
La Commission européenne redoute que cette opération ne réduise la concurrence sur le marché des puces V2X permettant aux véhicules de communiquer entre eux.
Saisie par quinze Etats membres, dont la France, la Commission européenne annonce vendredi 18 août l’ouverture d’une procédure d’examen du rachat d'Autotalks par Qualcomm, une opération annoncée en mai pour un montant estimé entre 350 et 400 millions de dollars.
Fondée en 2009, Autotalks est une entreprise israélienne spécialisée dans les semi-conducteurs dédiés à l’automobile. Elle conçoit notamment des SoC (system-on-chip) pour la sécurité embarquée et des puces V2X permettant aux véhicules de communiquer entre eux et avec leur environnement.
Ce rachat doit permettre à Qualcomm de poursuivre son développement sur ce marché, sur lequel il a réalisé 1,3 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2022. Le géant américain, connu notamment pour ses processeurs pour smartphone Snapdragon, travaille déjà avec Volkswagen, Continental, Stellantis, General Motors, Renault, BMW, Mercedes-Benz ou encore Honda.
Article 22
Compte tenu de son montant, cette acquisition n'était pas soumise à une notification obligatoire des autorités de concurrence en Europe. Mais Bruxelles a décidé d’invoquer l’article 22 du règlement européen sur les concentrations. Celui-ci permet aux autorités nationales de demander un examen européen d’une acquisition qu’elles considèrent comme néfaste pour la concurrence.
L’ouverture de cette procédure a une conséquence importante pour Qualcomm : le géant américain ne va pas pouvoir clore l’acquisition d’Autotalks avant d’avoir obtenu le feu vert de Bruxelles. Pour cela, il devra d’abord répondre aux inquiétudes soulevées par la Commission européenne, en particulier sur le marché des puces V2X, une technologie “essentielle pour améliorer la sécurité routière, la gestion du trafic et réduire les émissions de CO2”.
“Le marché de la vente de puces V2X est extrêmement concentré et les barrières à l’entrée y sont élevées, souligne de son côté l’autorité française de la concurrence. En supprimant la pression concurrentielle importante qui pèse aujourd'hui sur les parties, l’opération accroîtrait sensiblement le pouvoir de marché de Qualcomm et pourrait notamment conduire à une augmentation sensible des prix dans les secteurs en cause, mais également à des conséquences en matière d’innovation”, estime Bruxelles.