Comment Boston Dynamics veut passer d'un laboratoire de R&D à une entreprise rentable
Retour sur le parcours de Boston Dynamics, spin-off du MIT mondialement célèbre pour ses robots quadrupèdes. Les ambitions de la société américaine, qui fut pendant un temps la propriété de Google, sont désormais commerciales.
Il y a quelques jours, Boston Dynamics annonçait le lancement commercial de son robot Spot en Europe. Une étape importante pour la société, spin-off du célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui a parfois eu, au-delà de la viralité de ses vidéos, du mal à démontrer l’intérêt concret de sa technologie pourtant prometteuse.
Le site américain VentureBeats consacre un long article, publié le 14 septembre, à ce changement de perception de la part des industriels, de plus en plus nombreux à expérimenter le robot quadrupède. Mais il adresse surtout le changement d’échelle qui attend l'entreprise : comment la jeune pousse, fondée il y 18 ans par Marc Raibert, va-t-elle passer d’un laboratoire de recherche à une entreprise dont la technologie est non seulement opérationnelle, mais aussi rentable ?
250 robots Spot loués ou vendus
Nos confrères ont longuement interrogé Robert Playter, qui a intégré la société en 1994 et en a pris les rênes en novembre 2019. Selon lui, Boston Dynamics doit désormais concilier son expertise en robotique avec des objectifs de vente à long terme. Pour ce faire, l’entreprise a étoffé ses équipes – commerciales bien sûr mais aussi marketing, ressources humaines et financières – afin de "développer les processus et la discipline nécessaires pour construire une entreprise rentable", explique-t-il.
Car si la société se réjouit d’avoir vendu ou loué 250 robots en l’espace de quelques mois, avec des ventes multipliées par deux aux Etats-Unis, ce chiffre reste modeste, même à 74 500 dollars l’unité. Mais, assure son dirigeant, l’entreprise a pour le moment dépassé ses propres objectifs internes, et cette tendance devrait se poursuivre aux troisième et quatrième trimestres 2020.
Pick et Handle, les autres projets les plus aboutis
Les espoirs de Boston Dynamics ne reposent pas seulement sur Spot. La société américaine planche en parallèle sur des solutions logistiques pour le traitement de commandes, de la production au stockage en passant par l’emballage et le transport. La société compte particulièrement sur le bras robotisé Handle – elle s’est alliée à Otto Motors pour tester une solution mixte d’automatisation des flux de marchandises en entrepôt – dont une nouvelle version doit être présentée en 2021.
Elle planche également sur Pick, un logiciel qui repose sur des briques de vision par ordinateur et d’apprentissage automatique et qui s’implémente sur différents types de robots stationnaires servant à "dépalettiser" les marchandises. Un premier pas dans le software dédié à la logistique, qui rencontre un certain succès auprès des clients selon l’entreprise et qui lui permet de "gagner en crédibilité", relève le site spécialisé.
La rentabilité visée à l’horizon 2023-2024
Habituée aux buzz des vidéos de ses robots quadripèdes, Boston Dynamics a réitéré l’exploit avec un autre projet, baptisé Atlas. Ce robot humanoïde est utilisé pour tester et créer l’ensemble des solutions commercialisées aujourd’hui. "Les techniques permettant à Handle de bouger et d'équilibrer le haut de son corps ont d'abord été développées au sein d'Atlas", précise VentureBeats.
Ce laboratoire mobile, véritable terrain de jeux de la société américaine, n’a pas vocation à être commercialisé. Mais Boston Dynamics l’a montré avec Spot : l’atout de la start-up, longtemps perçue comme un désavantage, est d’avoir créé un robot sans vrai cas d’usage, avec des industriels qui ont créé la valeur de Spot et qui ont validé sa mise sur le marché. Atlas pourrait-il suivre le même chemin ?
Pour le moment, Boston Dynamics, qui a un temps appartenu à Google avant de séduire SoftBank, veut garder les pieds sur terre. Son objectif à court terme est d'augmenter les ventes de Spot et Pick avant de commercialiser Handle. Une fois leur succès commercial assuré, la société veut lancer de nouveaux projets "pour la construction ou l’exploitation forestière", explique Robert Playter, qui mentionne également des solutions domotiques pour les particuliers. Un marché qui impliquerait une véritable industrialisation afin de baisser drastiquement les coûts de fabrication des robots. Robert Playter prévoit d'atteindre la rentabilité à l’horizon 2023-2024.
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