MirSense lève 7 millions d'euros pour ses lasers infrarouge et capteurs de gaz miniatures
Issue du III-V Lab, le laboratoire commun au CEA, à Thales et à Nokia, MirSense met au point des lasers semi-conducteurs à infrarouge lointain, capables de leurrer des missiles et de détecter des gaz nocifs dans l'industrie. La start-up compte sur ce tour de table pour accélérer l'industrialisation de ses capteurs, développer une puce Asic et ouvrir un centre de production près de Grenoble.
MirSense, start-up française spécialisée dans la conception de lasers à cascade quantique (QCL) pour les secteurs de la défense et de l'industrie, annonce ce 23 avril une levée de fonds en série A de 7 millions d'euros. Le tour de table a été mené par la filiale d'investissement de Safran (sans intégration industrielle liée), avec le soutien de Supernova, de Polytechnique Ventures et du Crédit Agricole. La deeptech avait levé 2,2 millions d'euros en 2018.
Un matériau composé d'un millier de couches de quelques atomes d'épaisseur
Créée en 2015 au sein du III-V Lab, un groupement d'intérêt économique rassemblant alors Thales, Alcatel (désormais Nokia) et le CEA, MirSense met au point des lasers semi-conducteurs capables d'émettre dans l'infrarouge lointain. Une gamme de longueur d'ondes très utilisée dans le secteur de la défense, pour l'imagerie nocturne notamment. “Cette longueur d'ondes est également très utile dans la détection sensible de gaz, explique Mathieu Carras, CEO et cofondateur de MirSense. Le gaz très connu à ce sujet est le gaz à effet de serre, où son absorption dans l'infrarouge lointain crée l'effet de serre.”
Pour parvenir à un tel résultat, la deeptech a créé un matériau artificiel composé d'un millier de couches de quelques atomes d'épaisseur chacune, créant des effets de confinement quantique. Elle développe actuellement deux modules, à commencer par PowerMir, une gamme de lasers permettant de brouiller des autodirecteurs de missiles. “Avec une petite puce de plusieurs millimètres, nous pouvons éblouir sur plusieurs kilomètres, poursuit Mathieu Carras. Avoir des technologies semi-conductrices nous permet de miniaturiser et d'avoir des solutions autrefois réservées à de très gros porteurs.”
Un programme de détection du benzène dans le secteur industriel
En parallèle, MirSense met au point des capteurs de détection de gaz toxiques, en ajoutant au laser un récepteur et en ayant recours à des technologies de spectroscopie photoacoustique. “En modulant notre laser à une fréquence acoustique, nous allons faire chanter les molécules avant d'utiliser un microphone de téléphone portable pour écouter le son du gaz”, précise le CEO de la start-up. Cette dernière vise par exemple des cas d'usage dans la protection des salariés, notamment sur le benzène, qui accroît le risque de leucémie. “Avec ce type de laser, nous pouvons avoir des détecteurs de benzène ultracompacts, pouvant être portés directement par le travailleur.”
La start-up collabore avec une trentaine de clients, parmi lesquels des laboratoires “prescripteurs”, comme le MIT, qui vont chercher à comprendre la technologie, et des sociétés intégrant directement ses systèmes. Elle réalise 80% de son chiffre d'affaires à l'international sur ses systèmes de protection, fabriqués depuis le plateau de Saclay.
Ouverture d'un centre de production près de Grenoble
Avec cette levée de fonds, MirSense mettre ses capteurs de gaz sur le marché, avec un capteur industriel arrivant dès cette année et un capteur miniature l'année prochaine. “Pour être capable de faire la version miniature, qui fait 2 centimètres de diamètre, nous voulons développer une puce Asic”, poursuit le CEO de MirSense. Ce circuit intégré devrait être en mesure de réunir à la fois les fonctions de pilotage, d'intelligence et de contrôle sur les capteurs.
La start-up mise aussi sur ce tour de table pour ouvrir dans les prochaines semaines un site de production de capteurs de 600 m², près de Grenoble, moderniser ses locaux à Orsay et renforcer son site de R&D de 5 personnes situé à Montpellier. “C'est une spin-off de l'Université de Montpellier, dans laquelle on développe des longueurs d'onde plus exotiques, plus grandes, et où nous allons travailler sur le benzène”, ajoute Mathieu Carras. Plusieurs recrutements sont prévus, pour passer de 35 à 50 salariés d'ici à la fin de l'année.
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