Mistral AI se rêve en champion de la souveraineté européenne... avec Nvidia
A la Une
Mistral AI a profité de Vivatech pour lancer sa propre infrastructure d'IA en France. Le fleuron français de l'IA a encore une fois réussi à braquer les projecteurs sur lui. Main dans la main avec Nvidia, il se rêve en champion européen de l'IA souveraine grâce à une infrastructure dédiée, composée de 18 000 puces GB200 (représentant une enveloppe d'un milliard d'euros). Notre chouchou national vient ainsi "couvrir un maillon stratégique de la chaîne de valeur", comme le note son dirigeant, Arthur Mensch. La start-up a par ailleurs dévoilé Magistral, un modèle d'IA dit "de raisonnement", maîtrisant plusieurs langues et existant en deux versions, l'une open source et l'autre à destination des entreprises.
Notre pépite nationale a enfin profité de ce moment d'attention pour mettre en avant son portefeuille clients : BNP Paribas, France Travail, la SNCF ou encore TotalEnergies. Ce dernier se tourne vers la référence française de l'IA pour l'aider à innover avec un premier projet commun : un laboratoire d'IA dédié au secteur de l'énergie. Les sujets de la production d’énergies renouvelables, la réduction des émissions de CO2 ainsi que le développement de services à destination de ses clients afin de mieux maîtriser et optimiser leur consommation énergétique sont au cœur du partenariat.
Dans l'actu
Après l'accord passé avec Meta, Scale AI pourrait bien voir ses clients lui tourner le dos. Il arrive que sceller des accords avec certains amène d'autres relations à se finir brutalement. Scale AI pourrait bientôt découvrir cela, son statut de fournisseur tiers "neutre" étant quelque peu entaché par les 49% de participation détenus par Meta. La réaction de ses grands comptes – Google en tête – sera déterminante pour son revenu 2025-2026, ce dernier menaçant de couper les ponts. D'autres entreprises pourraient lui emboîter le pas, à l'instar d'Amazon et Nvidia, à la fois investisseurs et clients de la start-up. Meta a ouvert la porte à un conflit d'intérêt direct mais reste serein.
Nvidia mise sur l’IA souveraine pour conquérir l’Europe. Jensen Huang ne se satisfait pas d’être le fournisseur de systèmes d’IA de rigueur des géants du cloud. Il pousse la vision de centres de calcul dans chaque pays et chaque entreprise, de quoi amadouer l'Europe qui désespère de trouver sa voie face à la révolution de l’IA générative, dominée par les Etats-Unis. Le géant des puces a multiplié les partenariats à l'occasion de sa conférence GTC à Paris. Parmi eux, Hugging Face, avec qui il compte démocratiser l'accès aux clusters GPU. En intégrant sa plateforme DGX Cloud Lepton au Training Cluster as a Service de Hugging Face, Nvidia promet d'offrir un accès simplifié à la marketplace GPU : réserver, utiliser et gérer les ressources dans des régions proches des données d’entraînement devient instantané.
AMD prône un écosystème IA ouvert et un meilleur rapport coût/performance que la concurrence. Il se targue de couvrir l'ensemble du spectre de l'IA, en réunissant des GPU, des CPU et des logiciels libres de premier plan pour narguer son plus proche concurrent Nvidia. Lors de sa grand-messe annuelle, la firme a déroulé sa vision et présenté en conséquence ses derniers semi-conducteurs, logiciels et systèmes. Ses plus proches partenaires tech, incluant Cohere, Meta, Microsoft, OpenAI, Oracle et xAI afin qu'ils témoignent de leurs usages des GPU du géant de Santa Clara.
Databricks fait de l'IA générative sa priorité pour assurer l'avenir de sa plateforme. Virage à 180 degrés pour le spécialiste du data lake : en faisant passer le "lakehouse" à l’ère générative, il lance une série d'innovations, incluant Agent Bricks pour industrialiser les agents LLM, GPU Serverless Compute et MLflow 3.0 taillés pour le multimodal. En parallèle, il renforce ses partenariats avec Microsoft et Google Cloud pour intégrer Azure AI Foundry et Gemini, confirmant que l’avenir de la plateforme se joue sur une IA prête à la production, multi-cloud et hautement gouvernée.
L'image de la semaine
"Enfin un sommet G7 sans bug diplomatique : juste une mise à jour des circuits." (Généré par GPT-4o d'OpenAI).
[Focus] La France, vivier de discours souverainistes, dans une Europe qui se cherche
L'édition VivaTech 2025 était placée sous le signe de la souveraineté. Start-up et grandes entreprises ont mis en avant des initiatives pour renforcer le contrôle européen sur les données, les technologies et les infrastructures. Dans le même temps, la présence remarquée de Nvidia a rappelé la persistance de fortes dépendances aux acteurs étrangers. Derrière l'invocation de la souveraineté, c'est une forme d'autonomie stratégique et pragmatique qui semble se dessiner.
Pourtant, les entreprises donnent de leur personne. C'est le cas des acteurs du cloud Scaleway, OVHcloud ou encore Nextcloud et Ionos, dont les annonces convergent vers la même ambition : proposer des offres souveraines, capables de rivaliser avec les hyperscalers du marché, dans un contexte de relations tendues avec les Etats-Unis. Le lancement, en parallèle, du Cloud2Space4AI, une infrastructure pour l'IA souveraine, vient servir les mêmes objectifs de l'Hexagone et plus largement de l'Europe (il profite du financement de la Commission européenne). La question est : quelle est l'espérance de vie de cette initiative ? Va-t-elle finir par rejoindre le placard des très nombreux projets de Bruxelles qui peinent à passer à l'échelle ?
Heureusement, la France met les moyens ! 30 millions d'euros – issus du plan France 2030 – ont été débloqués pour accélérer la recherche en robotique. Objectif : "lever les verrous scientifiques et techniques" à la construction de solutions robotiques. Le gouvernement a également lancé un appel à manifestation d'intérêts de projets de R&D dans la robotique intelligente et devrait bientôt inaugurer un dispositif de financement "Pionnier de l'IA" qui s'adressera notamment aux start-up deeptech dans le domaine.
Autre projet lancé en grandes pompes : le CIAN, successeur du CNNum, chargé d’accompagner la stratégie publique sur l'IA. Codirigé par Anne Bouverot et Guillaume Poupard, le Conseil national de l'IA et du Numérique prend donc son envol. Il sera composé de 14 personnalités qualifiées et de parlementaires et dirigé par des groupes de travail en fonction des sujets abordés.
Les applications métier
Banque – Barclays va déployer Microsoft 365 Copilot auprès de ses 100 000 employés
Microsoft 365 Copilot va devenir l'interface utilisateur de l'IA par défaut au sein de Barclays. Pour le patron de Microsoft, Satya Nadella, il s'agit de mettre "l'IA à la portée de tous", à savoir entre les mains des 100 000 employés de Barclays. Objectif : simplifier leur accès à l'information, leur permettre de réaliser leurs tâches plus rapidement et faire de Copilot l'outil du quotidien chez la banque britannique.
Smart city – Milestone fait appel à Nvidia pour sa plateforme d'exploitation de données vidéo
Le Projet Hafnia, une plateforme de données vidéo d'IA "conformes et éthiques" utilisable par les développeurs dans l'entraînement de modèles de gestion des transports, obtient le soutien de Nvidia. Ces données sont améliorées et organisées grâce à différentes solutions du framework Omniverse Blueprint dédié aux villes connectées. L'initiative vient d'être déployée en Europe avec un modèle entraîné à partir de données de la ville de Gênes.
Maritime – Brittany Ferries met le cap sur l'IA générative pour aider ses métiers au quotidien
La compagnie maritime française aux quelques 3000 employés, qui navigue entre l'Espagne, la France, l'Irlande et le Royaume-Uni, a décidé de s'emparer du sujet de l'intelligence artificielle générative. Conscient que cette technologie a le vent en poupe, Brittany Ferries a donc élaboré une stratégie largement axée sur la gouvernance et la sécurité, sans oublier la formation des employés, essentielle à l'adoption de l'IA.
Secteur public – Bouygues Telecom commercialise un agent vocal dopé à l'IA pour le service client
Profitant du salon VivaTech à Paris, Bouygues Telecom Business a levé le voile sur une solution de voicebot alimenté par l'IA pour moderniser les standards téléphoniques du secteur public et des ETI en les rendant disponibles 24/7. La ville de Meudon devrait faire partie des "early-adopters" avec la volonté d'utiliser ce service comme outil complémentaire pour gérer les flux en dehors des heures de bureau et répondre aux questions de tous ses administrés.
Cosmétique – L'Oréal fait appel à la start-up Omi pour modéliser son catalogue produits grâce à l'IA et la 3D
En s'appuyant sur la solution d'Omi, le géant des cosmétiques compte rationaliser son processus de création d'images, accélérer le lancement de ses produits et réaliser des économies de temps et de coûts de production considérables. Au-delà de cet acteur, la start-up mise sur des photos générées en l'espace de deux minutes au rendu ultra-réaliste pour attirer les grands comptes au catalogue produits fourni.
Défense – Aux manettes d'un avion de combat, l'IA d'Helsing rivalise avec les pilotes humains
La direction suédoise de l’armement a récemment testé en grandeur nature les capacités d’autonomie du logiciel d’IA de combat aérien d’Helsing sur des avions Gripen en service opérationnel. La machine a fait jeu égal avec les pilotes.
Et aussi
Mistral AI se rêve en champion de la souveraineté européenne... avec Nvidia
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir