Mistral AI, meilleur atout de l'Europe après sa levée de 1,7 milliard d'euros
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Mistral AI est valorisée 11,7 milliards d'euros après un investissement conséquent d'ASML. Après un milliard levé en décembre, il revient avec une levée de fonds de 1,7 milliard d’euros. Singularité de ce tour de table, il est mené par le groupe néerlandais ASML, fournisseur clé d’équipements pour la fabrication de puces électroniques. Ce dernier bénéficiera en retour des produits et services de la start-up. Parmi les participants figurent également des investisseurs historiques, dont Bpifrance et Nvidia.
A date, la start-up française revendique une centaine de clients pour une quinzaine de modèles d'IA développés. Elle précise que ses contrats totalisent un volume équivalent à 1,4 milliard d'euros et annonce un chiffre d'affaires annuel contractuel de 312 millions d'euros. Il faut lui reconnaître sa capacité à monter en puissance en très peu de temps : lancée en juin 2023, Mistral compte aujourd'hui environ 350 employés répartis entre ses six bureaux de Paris, Londres, Luxembourg, Palo Alto, New York et Singapour.
Ces fonds devraient l'aider à assurer le développement de son portefeuille produits : récemment, Mistral AI a procédé à une mise à jour majeure de son assistant Le Chat afin de rendre ce dernier plus intuitif et mieux informé. Dans les faits, les utilisateurs de l'interface peuvent désormais exploiter pleinement toute leur documentation interne de façon sécurisée en connectant l'IA aux différents outils du quotidien. Et ce sans coût supplémentaire puisque l'offre est proposée gratuitement.
Les infos qu'il ne fallait pas rater
1,7 milliard c'est bien, mais Anthropic fait mieux avec une levée de 13 milliards de dollars. Cela la valorise 183 milliards de dollars. S'il existe effectivement une bulle de l'IA, elle n'a visiblement pas encore éclaté. Cette série F doit lui assurer les fonds nécessaires au développement de futurs systèmes d'IA et à leur sécurité... mais aussi à régler ses comptes ! Elle a décidé de mettre fin à un procès en payant 1,5 milliard de dollars.
OpenAI revoit de 80 milliards de dollars à la hausse ses estimations de dépenses jusqu'en 2029. L'argent brûle entre ses doigts. Alors qu'elle avance sur ses projets Stargate, la société de Sam Altman fait face à des hausses de dépenses de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour s'assurer toute la puissance de calcul et les infrastructures nécessaires à l'entraînement de ses modèles ainsi qu'à leur disponibilité auprès des entreprises et du grand public. Rien que pour cette année, elle prévoit de dépenser plus de 8 milliards de dollars, soit 1,5 milliard de plus que ses prévisions initiales.
En parallèle, OpenAI s'aventure sur un autre terrain, celui de l'éducation et de l'emploi au travers de ses certifications – reconnues par le gouvernement américain – et de sa plateforme de recrutement pour les entreprises en quête de profils "IA". De quoi créer quelques frictions avec LinkedIn, la plateforme d'emploi et de réseautage de Microsoft. Enfin, elle a fait la une cette semaine après avoir mis la main sur la start-up Statsig et sa plateforme d'expérimentation de tests A/B dans un accord à 1,1 milliard de dollars. Le CEO de Statsig devient CTO des applications pour diriger l'ingénierie de ChatGPT et Codex.
Un projet de loi américain veut restreindre la vente de GPU en Europe. Après les droits de douane, voilà le retour des contrôles à l'export ? Un texte dévoilé par le Sénat américain exige que les fabricants de puces pour l'IA, Nvidia en tête, donnent la priorité aux acheteurs américains avant toute vente à l’étranger, y compris aux pays alliés comme la France. Le Congrès estime que la pénurie de puces freine l'innovation américaine, les ventes à l’étranger se faisant au détriment des besoins nationaux. Une rhétorique inquiétante.
HPE livre à l'AMIAD un supercalculateur classifié pour ses projets d'IA appliqués à la défense. Il se nomme ASGARD et est présenté comme le plus puissant des supercalculateurs classifiés en Europe. Opéré par l'Agence ministérielle pour l'IA de Défense, il offrira à la France et à ses armées toute la puissance de calcul nécessaire au traitement souverain de données confidentielles. Retour sur un projet d'ampleur.
En Allemagne, une autre inauguration de supercalculateur a eu lieu : celle de Jupiter. Livré au centre de calcul de Jülich, à l'ouest de Cologne, il est conçu par la filiale d'Atos, Eviden, pour un budget de 500 millions d'euros issus de fonds européens, et servira aussi bien à l'entraînement de LLM qu'à la recherche sur le climat, au développement de médicaments ou encore aux projets de transition énergétique.
[Focus] Aux Etats-Unis, l'emploi submergé par la vague de l'IA
Depuis le 1er janvier 2025, les annonces de licenciements aux États-Unis ont atteint 696 309, en hausse de 80% par rapport à 2024. Le secteur technologique est le plus touché, avec plus de 74 000 emplois supprimés cette année, en grande partie à cause de l’IA générative et la quête d'efficacité. Rien que sur le mois de mai, 10 598 suppressions de postes ont été annoncées. Chez les Big Tech, ce changement entraîne des vagues de licenciements.
Oracle, quatrième acteur du cloud américain, a procédé à des licenciements massifs au sein de ses équipes américaines, de Seattle jusqu'au Texas en passant par la Californie. Etat des lieux d'une hémorragie qui ne dit pas son nom. De son côté, Marc Benioff, patron de Salesforce, affirme avoir supprimé 4000 postes grâce à l'IA, une véritable saignée. "J'ai besoin de moins de monde", a-t-il affirmé. Deux mois plus tôt, il s'était vanté du fait que l'intelligence artificielle "effectu[ait] 30 à 50% du travail" et qu'elle lui avait permis de revoir à la baisse ses recrutements.
L'image de la semaine
"Trump, seul vrai monopole" (Généré par GPT-5 d'OpenAI).
L'étude qu'il faut lire
57% des entreprises françaises déploient des cas d’usage d'IA générative depuis plus d'un an
Les entreprises françaises sont-elles à la pointe de l'innovation en matière d'intelligence artificielle générative ? A en croire la dernière étude de Google Cloud, oui. Les cas d’usage s’accélèrent et l’appétit pour l’IA agentique se confirme en France. Ainsi, 57% des entreprises de l'Hexagone déploient des cas d’usage d’IA générative depuis plus d’un an contre 52% en moyenne dans le monde. En prime, le temps de déploiement s'accélère et les investissements augmentent.
Les applications métier
Finance – Revolut embarque Gemini pour améliorer la détection des fraudes et son catalogue d'offres
Distancer le secteur financier traditionnel. Revolut ne mâche pas ses mots quand il s'agit de s'attaquer à la concurrence, son ambition est forte et la fintech semble prête à tout pour y parvenir. C'est donc tout naturellement qu'elle a décidé de s'engager dans un nouveau contrat pluriannuel avec Google Cloud pour intégrer l'IA et le ML dans ses activités.
Industrie – Comment Veolia favorise le développement d'agents d'intelligence artificielle
Ce n’est pas toujours facile, pour une entreprise, de rationaliser et partager les outils d’IA en interne. Surtout lorsqu’on est présent dans 57 pays, avec un peu plus de 220 000 employés, comme Veolia. L’entreprise française a donc lancé sa plateforme Veolia Secure GPT ouverte à tous ses salariés. Une façon de coordonner les développements et d’éviter les doublons et les usages cachés de l’IA pouvant entraîner des failles de sécurité.
Chimie – Laurianne Moity guide les chimistes de Syensqo dans l’utilisation de l’IA
Laurianne Moity, responsable de la conduite du changement de Syensqo, groupe né de la scission du chimiste belge Solvay fin 2023, accompagne les salariés du groupe dans l’utilisation de l’IA et de ses applications. Et tente de trouver des mots simples pour rassurer les anxieux. Elle compare ainsi l’IA à "un petit assistant à côté de soi", sur lequel s’appuyer pour mieux travailler.
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