L'Usine Digitale : Comment fonctionne LinguaTrip ?
Marina Mogilko : Lingua Trip est une place de marché qui connecte les utilisateurs avec des écoles de langues ou des habitants de pays étrangers afin d'organiser des voyages en immersion. Nous lançons également un programme spécial Silicon Valley cet automne. En effet, quand mes co-fondateurs et moi sommes arrivés de Russie à San Francisco, le manque de réseau s’est révélé être notre problème principal.
L'idée de Lingua Trip est donc de s'associer avec des mentors sélectionnés dans la Silicon Valley, des individus qui peuvent apporter des conseils et des contacts aux entrepreneurs. Nous avons rencontré la plupart d'entre eux lors de notre séjour au sein de l'accélérateur 500 Startups. Ces mentors logent les participants, pratiquent l'anglais avec eux, leur font rencontrer des acteurs locaux, les emmènent à des événements, et les aident à mieux comprendre l'écosystème de la Silicon Valley.
Les mentors sont payés pour le logement et les cours, prix sur lequel nous prenons un pourcentage. Le programme coûte entre 1200 et 1500 dollars pour deux semaines, tout compris. Nous démarrons à l'automne avec des entrepreneurs russes avant d'ouvrir l'expérience à d'autres pays d'Europe.
En ce qui concerne les voyages d'apprentissage de langues classiques dans d'autres régions du monde, notre business modèle est similaire. Nos partenaires nous reversent entre 10 et 30% du prix total, qui peut varier selon l'école. Nous ciblons avant tout les étudiants et les jeunes professionnels entre 18 et 30 ans.
Quelles nouveautés pensez-vous apporter sur ce marché ?
Nous voulons être l'Expedia du voyage de langues. Cette industrie a fonctionné pendant vingt ans hors ligne. Le marché ressemble à celui du tourisme dans les années 90. Les entreprises du secteur perdent beaucoup de temps à apprendre comment gérer les réservations, et via notre plateforme tout est fait sur internet, bien plus rapidement. Nous amenons par ailleurs la technologie aux écoles de langues qui utilisent encore des documents excel pour gérer les réservations de manière très traditionnelle.
C'était un excellent programme qui nous a permis de nous implanter dans la Silicon Valley, car sans eux nous n'aurions pas eu le courage de quitter la Russie pour installer notre quartier général ici. Le vaste réseau auquel nous avons accès via 500 Startups n'a pas de prix. Leur image de marque nous a ouvert énormément de portes.
Nous sommes désormais officiellement une start-up américaine, mais nous gardons notre R&D en Russie, car c'est beaucoup moins cher là-bas. Recruter des ingénieurs dans la Silicon Valley est un cauchemar.
Et sur la manière de lever des fonds ?
Nous sommes actuellement en train de lever notre fonds d'amorçage, ou "seed round". Il faut être prêt à entendre beaucoup de "non". On nous a appris à 500 Startups qu'il fallait contacter au moins 250 investisseurs, pour espérer en rencontrer 75 et ensuite boucler sa levée de fonds. C'est une question de chiffres : plus on pitche, plus on se rapproche d'un investissement.
En tant que start-up, il faut toujours être en train de pitcher, où que l'on soit. On ne sait jamais quand on va rencontrer un investisseur, lors d'une fête ou au restaurant. En Europe cette culture de l'investissement est très différente.
Nous avons aussi pu rencontrer plusieurs employés de grosses entreprises de la Silicon Valley, comme
Airbnb. Notre service pourrait être complémentaire. Mais pour l'instant, nous gérons nous-mêmes la partie logement de notre plateforme.
Notre but c'est de faire grandir l'entreprise sur d'autres marchés verticaux. Par exemple, nous nous intéressons au voyage d'apprentissage à court terme (3 à 6 mois), qui délivre aux utilisateurs un certificat dans un domaine spécifique comme la programmation ou la cuisine. Nous voulons développer plus de programmes de ce genre, par exemple pour les individus désireux d'apprendre à coder pendant un été dans la Silicon Valley.
Qui est Marina Mogilko?
Marina Mogilko a lancé sa première entreprise spécialisée dans l'éducation en 2011, tout en poursuivant ses études en économie à l'Université de Saint-Pétersbourg en Russie. Elle a permis à l'entreprise d'atteindre 1,5 millions de dollars de recettes avant de créer sa seconde start-up, LinguaTrip. A tout juste 25 ans, elle vient d'installer le quartier général de LinguaTrip dans la Silicon Valley, après son passage dans l'accélérateur 500 Startups.