La DGA lance un programme avec 5 start-up françaises pour s'équiper en calculateurs quantiques

À l’occasion de la Journée nationale du quantique, Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement, a annoncé le lancement du programme “Proqcima”. Basé sur des accords-cadres de 15 ans avec cinq start-up françaises, il vise à développer d’ici à 2030 et d'ici à 2035, deux prototypes d’ordinateurs quantiques tolérants aux fautes. Un partenariat d’innovation compétitif et sélectif : seules deux start-up seront en lice pour l’industrialisation.

Partager
La DGA lance un programme avec 5 start-up françaises pour s'équiper en calculateurs quantiques
Bruno Bonnell, secrétaire général pour l'investissement en charge de France 2030, lors de la journée nationale du quantique.

Mis à jour le 14 mars : Le programme “Proqcima” a pour objectif de mettre au point, d'ici à 2030, des calculateurs quantiques tolérants aux fautes avec 128 qubits logiques, et d'ici à 2035, lors de la phase d'industrialisation, un ordinateur quantique avec 2048 qubits logiques. De plus, l'enveloppe globale du programme est de 500 millions d'euros.

Article original :

Le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, a annoncé lors de la Journée nationale du quantique, le 6 mars, le lancement du programme d’innovation Proqcima, en lien avec cinq pépites françaises du quantique. Étaient également présents Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Marina Ferrari, secrétaire d'État chargée du Numérique, Bruno Bonnell, secrétaire général pour l'investissement en charge de France 2030 et Neil Abroug, coordinateur de la stratégie nationale du quantique.

D'après Emmanuel Chiva, ce partenariat est “inspiré du programme Ultra”, qui pendant la Seconde Guerre mondiale, avait engagé Alan Turing pour déchiffrer le dispositif Enigma, mais “adapté à l’ère de l’informatique quantique”. Concrètement, cinq start-up aux technologies différentes se sont engagées, via des accords-cadres d’une durée de 15 ans, à concevoir d’ici à 2032 deux prototypes d’ordinateurs quantiques universels : il s’agit d’Alice & Bob, de Pasqal, de Quandela, de C12 et de Quobly. La direction générale de l’armement (DGA) sera en charge du pilotage du programme, avec le soutien du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI).

Une enveloppe non-définitive de 400 millions d’euros sur huit ans

Ces start-up auront pour objectif de mettre au point des calculateurs tolérants aux fautes, avec 128 qubits logiques (formés par l’intrication de qubits physiques) prêts à passer à l’échelle industrielle pour équiper les premiers clients. Nous serons bien évidemment parmi les premiers clients”, a précisé Emmanuel Chiva le 6 mars. Les start-up concernées ont été notifiées la veille.

Pour concevoir les calculateurs quantiques, le Gouvernement a vu gros : “Il s’agit d’un budget global, à ce stade, de 400 millions d’euros sur huit ans”, avance Neil Abroug. Un budget qui inclut les investissements du plan France 2030 et les subventions des ministères, mais qui n’est pas définitif et pourrait être modifié à l’avenir.

Différentes phases de sélection

Cette enveloppe ne couvrira toutefois pas le développement des cinq projets des start-up, car un mécanisme de sélection a été mis en place au cours des huit prochaines années. La première phase, la phase “examen”, durera 3 à 4 ans, où chaque année, tous ceux qui tiennent les jalons, continuent dans la course. La durée de cette phase n’est pas ferme : “Il y a une accélération, une compétition internationale, précise Neil Abroug. S’il y a des résultats et qu’il faut aller plus vite, nous irons plus vite.”

S’ensuit une phase “concours”, où seules les start-up ayant atteint un certain niveau de développement pourront rester. Au jalon de la 4e année, trois entreprises seront sélectionnées, et au terme de cette année, deux parmi les trois s’engageront pour les quatre années supplémentaires. “Au bout de quatre ans, nous allons demander aux entreprises qu’elles soient en capacité d’avoir au moins deux qubits logiques, et l’ensemble des portes logiques qui permettent de faire tourner n’importe quel algorithme”, précise Neil Abroug.

Une entrée possible de nouvelles start-up en cours de route

Étant donné que les entreprises sélectionnées fonctionnent sur des technologies différentes (atomes froids, silicium, etc.), l’ordre de fabrication n’est pas imposé : cela privilégierait l’une des start-up et biaiserait la compétition. “Ensuite, ce n’est qu’une histoire de passage à l’échelle : de 2 qubits, nous allons passer à 8, puis de 8 à 32, et de 32 à 128”, ajoute Neil Abroug.

Une nouvelle consultation sera organisée à chaque jalon, pour savoir si de nouvelles start-up sont éligibles. Comme la jeune pousse Crystal Quantum Computing, qui développe des ordinateurs quantiques basés sur des ions piégés, mais qui ne réunissait pas, pour l’heure, toutes les conditions.

Dualité civile et militaire

Des critères technologiques, donc, mais aussi des critères financiers, afin de s’assurer que la start-up ait “les reins suffisamment solides pour devenir un acteur industriel qui répondra aux besoins”, précise le coordinateur de la stratégie quantique. Emmanuel Chiva justifie cette sélection par les difficultés auxquelles fait face le programme de développement d’un ordinateur quantique en France : “Il est prématuré de faire un choix technologique irréversible, alors que plusieurs technologies de qubits sont en développement dans le monde”, ajoutant qu’il est nécessaire “d’investir massivement dans la R&D pour lever des verrous qui pourraient devenir déraisonnables pour des acteurs privés.”

Les technologies développées par les start-up ne devraient pas être uniquement exploitées par l’État. La DGA et le ministère des Armées ne vont pas confisquer la technologie, insiste Emmanuel Chiva. Nous avons parfois tendance à vouloir conserver l’appareil militaire chimiquement pur, ce qui n’a plus sa place compte tenu de l’accélération des évolutions technologiques.”

SUR LE MÊME SUJET

Sujets associés

NEWSLETTER L'Usine Digitale

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

CHERCHE TALENTS NUMERIQUE

Les formations USINE DIGITALE

Toutes les formations

ARTICLES LES PLUS LUS