Le régulateur italien ouvre une enquête sur Booking pour abus potentiel de position dominante
L’autorité de la concurrence italienne a placé la plateforme néerlandaise d’hébergement Booking sous surveillance, la soupçonnant de restreindre la concurrence en proposant à certains établissements partenaires une visibilité accrue. Les bureaux italiens de la société ont été perquisitionnés.
L’autorité de la concurrence et du marché italienne, l’AGCM, a annoncé le 22 mars avoir ouvert une enquête sur la plateforme de réservation d’hébergements en ligne Booking, pour déterminer si la société abuse de sa position dominante sur le marché national.
En cause, selon l’organisme de surveillance, le programme “Partenaires préférés” lancé par Booking, dans le cadre duquel la plateforme accorde une meilleure visibilité à certains établissements, en échange de certaines conditions. Sur la page du programme, Booking promet “une plus grande visibilité aux 30% de [ses] partenaires les plus performants”, qui peuvent recevoir “jusqu’à 65% de vues supplémentaires sur leur page et en moyenne 20% de réservations en plus”. Le tout, en contrepartie d’une “légère hausse” des commissions, assure la société.
Des prix plus élevés et moins de choix pour les consommateurs
Pour l’AGCM, la gestion par la plateforme néerlandaise de ce programme “semble susceptible d’entraver une concurrence effective sur le marché, au moins à l’échelle nationale, pour les services de courtage et de réservations hôteliers en ligne”, a-t-elle déclaré dans un communiqué. En outre, elle estime que cette stratégie se fait au détriment d’autres agences de voyages en ligne, et, en conséquence, sur les consommateurs, avec “des prix plus élevés, et moins de choix”.
La police douanière et financière italienne, la Guardia di Finanza, a mené des perquisitions dans les bureaux italiens de Booking. “Nous coopérons pleinement avec la Guardia di Finanza et l’autorité italienne de la concurrence”, a déclaré un porte-parole de la plateforme de réservation.
L'Espagne prête à infliger 486 millions d'euros à Booking
Un autre porte-parole s’est fendu d’une déclaration plus critique à l’égard de l’organisme italien : “Même si nous travaillons avec les autorités, nous sommes absolument convaincus que les préoccupations concernant la concurrence devraient être traitées directement avec l’Union européenne, conformément à leurs propositions réglementaires actuelles, et non pays par pays”.
Et pour cause : en une décennie, une dizaine d’autorités de la concurrence, dans différents pays de l’UE, ont entamé des procédures vis-à-vis de Booking. En dehors de l’Italie, il s’agit du Royaume-Uni, de la République tchèque, de l’Allemagne, de l’Autriche, la Hongrie, la Suède, la Suisse, la France et l’Espagne. La Commission européenne a, quant à elle, interdit en septembre 2023 le projet d’acquisition d’eTraveli par Booking, en vertu du règlement de l’UE sur les concentrations.
À l’automne 2022, la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) espagnole avait été saisie par l’Association des entreprises hôtelières de Madrid et l’Association espagnole des directeurs d’hôtels. Ces groupements professionnels reprochaient à Booking d’imposer des tarifs trop élevés, dont les plus petits établissements ne pouvaient être exemptés. Le 22 février dernier, la CNMC a annoncé vouloir infliger à Booking une amende de 530 millions de dollars (486 millions d’euros).
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