Mais au fait, qui sont les clients d'Uber ?

Alors que le conflit entre les taxis et les VTC bat son plein, une étude réalisé par le cabinet 6-t apporte un éclairage sur la composition de la clientèle d'Uber et les bouleversements que le service de VTC provoque sur le système de transports.

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Mais au fait, qui sont les clients d'Uber ?

Comment Uber s'inscrit-il dans l'offre globale de transports ? La question était évoquée mercredi 27 janvier lors des Rencontres de la mobilité intelligente, à Montrouge, près de Paris. Le cabinet 6-t, spécialiste de la "mobilité partagée", y présentait les résultats d'une étude réalisée en juin 2015, portant sur l'impact du service de VTC américain sur les autres formes de transport de personnes. L'enquête avait été présentée à l'automne 2015 mais ses conclusions sont plus que jamais d'actualité… et en particulier en plein (énième) conflit taxis / VTC.

Précisons d'emblée que ce travail a été réalisé en totale collaboration avec Uber France, qui l'a financé. Le géant n'a pas partagé ses (précieuses) données mais a diffusé le questionnaire auprès de ses clients, dans six agglomérations françaises et deux suisses où le service était proposé à l'époque. 6 476 d'entre eux l'ont rempli. On peut penser que ce sont plutôt les inconditionnels d'Uber qui ont spontanément répondu à l'appel, plutôt que les utilisateurs occasionnels. Un facteur qu'il faut garder en tête à la lecture des résultats. Le cabinet assure en tout cas qu'Uber n'a pas influencé le contenu et les résultats de l'étude.

Un public jeune

On passe donc sur le fait que les clients réguliers d'Uber adorent Uber, ce qui est assez logique. Leur profil démographique est plus intéressant. Leur moyenne d'âge est de 32 ans, les célibataires et couples sans enfant sont sur-représentés. Un quart du panel est composé d'étudiants, bien plus que sa part dans la population française (10%) Ceux-ci étaient particulièrement friands du service Uber POP (transport moins cher par des chauffeurs occasionnels), lorsqu'il était encore légal (c'était le cas au moment de l'étude).

Un accélérateur de mobilité…

Pour Nicolas Louvet, co-fondateur et directeur du cabinet 6-t, le profil des clients d'Uber est différent de celui des taxis traditionnels. Et les usages varient également. "Uber est davantage utilisé pour des trajets de loisirs (47% des courses, contre 20% pour le taxi), dans la ville où l'on réside. Le taxi sert plutôt pour des déplacements professionnels et en majorité hors de son lieu de résidence", remarque-t-il.

Les plages horaires privilégiées ne sont pas non plus les mêmes puisque 37% des courses Uber du panel ont lieu la nuit, contre 20% pour le taxi. Avec un pic d'activité le week-end, en retour de soirée. "Les services de VTC répondent à une demande de mobilité jusque là non satisfaite", conclut l'étude de 6-t. Elle développe même la mobilité de ses adeptes, qui voyagent beaucoup plus que la moyenne de la population (4,2 trajets par mois, 60% de plus).


… Au détriment des autres modes de transport

Les usagers d'Uber bougent plus… et poursuivent souvent leur parcours avec d'autres modes de transport. 70 à 93% des trajets Uber sont prolongés par d'autres modes de déplacements alternatifs à la voiture individuelle comme le bus, la marche à pied, le vélo, note le rapport.

Cependant, on ne peut pas dire qu'Uber profite aux autres modes de transport. Ses utilisateurs ont tendance à délaisser toutes les autres formes de mobilité… à commencer par le taxi classique, évidemment, le plus impacté. Les répondants utilisaient en moyenne 2,4 fois le taxi par mois avant de connaître Uber… 0,8 fois après. Tous les autres modes de déplacement (vélo, deux-roues motorisé, voiture personnelle) baissent aussi mais dans des proportions moindres.

Autolib a aussi tendance à enfermer ses abonnés dans un mode de déplacement unique. Avec un effet différent, puisque Uber est davantage utilisé occasionnellement, pour des trajets "nouveaux" (27% n'auraient pas été effectués si le service n'existait pas, et le service se distingue pour les liaisons banlieue/Paris) tandis qu'Autolib est utilisé beaucoup plus fréquemment, notamment pour les trajets domicile/travail. Ce qui inciterait 23% de ses usagers à se passer de véhicule individuel, contre 5,4% pour les clients d'Uber. Ce qui, en valeur absolue, représenterait 22 000 voitures "effacées", Uber comptant trois fois plus de véhicules et 9 fois plus d'usagers que le service de mobilité partagée électrique de l'Ile de France.

Le choix du confort, avant le prix

6-t a interrogé le panel sur les raisons qui les poussent à utiliser Uber plutôt que les taxis. Le prix ne serait pas le critère primordial. "D'ailleurs, l'écart n'est pas si important, 22 euros en moyenne pour une course en taxi, 18 euros pour un Uber, souligne Nicolas Louvet. Si l'on enlève les frais d'approche des taxis, c'est presque un match nul". Les clients citent plutôt le confort, la disponibilité grâce à l'application mobile et la facilité de paiement comme critères principaux. "Autant de sujets sur lesquels les taxis pourraient s'aligner", insiste l'analyste.

Pour le fondateur de 6-t, les pouvoirs publics ne peuvent pas ignorer l'essor des VTC et doivent inclure ce paramètre dans leur réflexion plus large sur la mobilité. "Je ne dis pas qu'il ne faut pas encadrer, légiférer", tempère-t-il, "mais bien intégrés dans une offre globale de mobilité, les VTC peuvent rendre des services aux territoires".

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